Wikileaks remet ça : Un deuxième paquet de documents confidentiels américains doit être prochainement mis à la disposition de tous les curieux du monde. On en saura encore plus sur les héroïsmes cachés des soldats de la paix et des Droits de l'Homme réunis. La précédente fournée du même Wikileaks avait grandement ennuyé les donneurs d'ordres siégeant au Pentagone, eux qui étaient dans la confidence dès le départ, et qui avaient pris soin de cacher au monde les détails de la sale guerre où des nervis de la gâchette s'amusaient à canarder à tout va, parfois pour le plaisir. Ils appellent cela, en vrac, « confidentiel défense », ce qui revient en fait à mettre au secret les informations les plus compromettantes pour la vocation hautement civilisatrice des combattants. Les images sensées être moralisatrices passaient, elles, dans toutes les télévisions du monde. Les champs de bataille ont cet avantage de ne glorifier que les vainqueurs, ou supposés tels. Dès qu'on torture à Abou Ghraïb ou qu'on s'amuse à tuer des civils qui ont eu le tort d'être afghans, le flux d'informations cesse. La guerre n'est pas une partie de plaisir, elle est aussi un jeu de cache-cache. Le plus ennuyeux est qu'à force de secret, rien n'est plus vraiment crédible. Ainsi, on croyait les Pakistanais vigoureusement engagés dans la lutte anti Qaïda. Les communiqués de guerre font même étalage de résultats probants et bien entendus meurtriers dans la lutte contre le terrorisme. Mais voilà qu'aux dernières nouvelles, les détenteurs de secrets affirment que les services de renseignements pakistanais protègent Ben Laden on ne sait dans quel repaire que n'atteignent ni les unités spéciales ni les drones. On n'apprendra pas plus pour le moment, sauf peut-être que le « secret » défense cache des pratiques peu reluisantes pour les uns et pour les autres. Les confidences seront probablement distillées plus tard, quand il n'y aura plus grand monde à tuer sur les champs de bataille. Ou que Wikileaks disposera de taupes informatiques capables de percer d'autres secrets. Ce qui pose tout de même le problème récurrent des circuits de l'information biaisés par les amateurs de sensations fortes et de révélations croustillantes. En Irak d'abord, en Afghanistan maintenant, les images les mieux protégées par le « secret défense » n'ont pas mis beaucoup de temps pour circuler un peu partout. Fort heureusement pour le besoin de vérité doit-on dire. Cela n'a pas empêché que les pratiques les plus révoltantes se perpétuent. Avec les nouvelles révélations, comme pour les autres, le seul souci du Pentagone a été, et est, de ne pas entraver le travail des boys sur place. Les victimes, elles, n'ont plus grand-chose à ajouter. Le secret défense a souvent servi de paravent aux activités les moins avouables. L'informatique est-elle en train de transformer le confidentiel en secret de polichinelle ? B.B.R.