Le Nord-Ouest tunisien intéresse de plus en plus de chercheurs (historiens, géographes, sociologues etc.). Il faut dire que pendant longtemps, cette région du pays, au sol généreux et au passé glorieux, fut comme occultée par les universitaires. Le nouveau livre de Slaheddine Barhoumi s'inscrit dans cet effort de réhabilitation du Nord-ouest et jette ainsi plus d'une lumière sur l'histoire et la géographie de cette partie de la Tunisie. L'intérêt de cet historien est centré sur les régions montagneuses du Nord-ouest et sur leurs populations notamment dans leur rapport à l'espace agricole. S'appuyant sur de précieux documents des Archives Nationales, et sur une très riche bibliographie arabe et française, Slaheddine Barhoumi commence sa première partie consacrée aux populations montagnardes et à leur espace agricole entre 1856 et 1881, par cerner et définir la zone géographique objet de son étude, à savoir ce qu'il appelle le nord-ouest montagnard et que d'autres appelleraient la Kroumirie. Il présente ensuite les différentes tribus montagnardes qui ont peuplé la région pendant la période étudiée, en remontant à propos de quelques unes jusqu'à leurs origines premières. Suit une section sur l'espace agricole exploité par ces populations en le décrivant comme réduit et propice à des cultures nouvelles. Dans la deuxième partie de l'ouvrage portant sur la période allant de 1881 à 1945, l'auteur recense et étudie les principales mutations démographiques connues par la région et l'impact de l'arrivée des colons sur les populations montagnardes. Il y est question également de la résistance opposée par les autochtones aux nouveaux habitants, usurpateurs par la force de leurs terres, et de la difficulté pour les uns et pour les autres d'exploiter le sol sur le plan agricole. Au terme de sa recherche, Slaheddine Barhoumi souligne divers aspects relatifs aux populations montagnardes du Nord-ouest et à la relation qu'elles avaient avec leur espace agricole : entre autres les fortes relations commerciales que les tribus montagnardes de la zone avaient entre elles et avec les tribus algériennes. De plus, l'auteur montre que la résistance que menèrent quelques petites tribus contre les colons français fut très limitée dans la zone. Toujours est-il, selon Slaheddine Barhoumi, que l'expropriation par la force de leurs terres amena les populations montagnardes du Nord-ouest à soutenir le mouvement national pour l'indépendance du pays et pour la récupération de leurs biens fonciers. Badreddine BEN HENDA **Le Nord-ouest montagnard ; les populations montagnardes et l'espace agricole de 1856 à 1945, de Slaheddine Barhoumi, texte en arabe,Préface du Professeur Abdeljelil Timoumi, Editions Sahar, avril 2010, 286 pages, prix public 15 D.T. (15 euros)-