Le Temps-Agences - Le tout nouveau service diplomatique de l'Union européenne est entré en fonction hier avec l'objectif de faire mieux entendre la voix de l'Europe dans le monde, alors que le bilan en un an de la chef de la diplomatie des 27, Catherine Ashton, reste en demi-teinte. Prévu par le traité de Lisbonne, le Service européen d'action extérieure (SEAE), devrait compter à terme 3.700 diplomates et fonctionnaires. Hybride, il présente l'originalité de puiser à la fois dans le sérail des ministères nationaux des Etats de l'UE et dans les institutions européennes (Commission et Conseil), pour le quartier général à Bruxelles ainsi que pour les nouvelles ambassades de l'UE à l'étranger. Objectif: faire émerger une nouvelle culture européenne. Et développer une politique étrangère qui n'ait pas de commune que le nom, permettant à l'Europe de parler d'une seule voix alors que sur les sujets importants comme le Proche-Orient ou les relations avec la Russie et la Chine, les 27 sont loin d'être au diapason. Le défi reste énorme à relever, tant les capitales sont jalouses de leurs prérogatives dans ce domaine pour l'essentiel réservé. Les premières nominations d'ambassadeurs européens ont fait plus de mécontents que d'heureux, notamment chez les "petits" Etats, qui redoutent que les "Grands" maintiennent leur mainmise sur la diplomatie européenne et ne jouent pas le jeu du SEAE. Ces derniers se sont en effet octroyés des positions stratégiques dans le futur service. Le Royaume-Uni est bien servi puisqu'il est le pays d'origine de la haute représentante aux Affaires étrangères, Catherine Ashton. La France a obtenu la nomination de l'un des siens au poste clé de secrétaire général du corps diplomatique. Il s'agit de Pierre Vimont, ancien représentant permanent à Bruxelles et ambassadeur de France à Washington. Une Allemande, Helga Schmid, et un Polonais, Maciej Popowski, le seconderont. Après des débuts difficiles qui l'avaient vu essuyer des critiques très vives pour ne pas s'être rendue rapidement à Haïti après le séisme en début d'année, Mme Ashton peut aussi se féliciter du retour des Iraniens à la table des négociations sur le nucléaire. Mais sur le Proche-Orient rien n'a changé, "ce sont les Américains qui sont clairement à la commande", dit un diplomate européen. La France l'a critiquée ouvertement sur cette question.