Décidemment, il n'y a que le sensationnel qui compte. Et s'il n'est pas assez corsé, qu'à cela ne tienne, on fera en sorte de l'exciter pour lui donner le goût, doux ou amer, selon le côté d'où on veut l'appréhender. Que le leader perde des mains du dernier et on s'empresse de faire un procès au premier venu, n'accordant au passage qu'une tape paternelle sur le dos du petit-poucet qui a osé le lèse-majesté. Que le dauphin effleure le même sort et on le louange, oubliant dans l'euphorie, celui qui l'a obligé à ne sauver sa tête qu'in-extremis. Que des entraîneurs encore sans nom réussissent à Gabès comme à Kairouan, c'est à peine qu'on les mentionne, occupés qu'on est par ceux dont le renom continue d'inspirer les plateaux et les manchettes même s'ils n'ont fait que voyager entre Sfax et Port Saïd ou tout simplement aménagé, à Bizerte, un stratagème pour pouvoir quitter le bateau sans donner l'air de fuir le naufrage qu'ils croient les guetter. Des peccadilles qui normalement ne méritent même pas l'entrefilet d'usage, mais qui permettent d'égayer l'actualité. Une actualité qui, pourtant nous donne à méditer sur d'autres sujets plus graves et plus compliqués. Si on avait daigné, par exemple, nous pencher sur des problèmes réels avant qu'ils n'exigent des recommandations présidentielles, on aurait trouvé nous-mêmes de quoi mieux nous occuper avant qu'on nous le rappelle. Mais cela aurait exigé l'effort et la persévérance, l'intelligence de la méthode et le silence en plus. Maintenant qu'on nous a ouvert les yeux sur nos carences, saurons-nous prendre le train, même en marche, pour rattraper le temps perdu ? Saurons-nous nous arrêter de nous lamenter sur ce qui s'est passé à Sfax et à Lumumbachi et par deux fois contre le Botswana, pour nous atteler à ce qu'on doit faire pour rendre meilleur l'avenir ? Encore faut-il qu'on sache comment banaliser les victoires toujours vaines et les défaites éphémères dans notre propre terroir ou chez le voisin dans notre pays et surtout n'accorder qu'un sourire quand on nous parle de penalty ou de quelques minutes supplémentaires supposés injustement accordés. M.Z