Noël, c'était bien hier. Le père Noël était censé débarquer et répondre positivement à une lettre que nos enfants lui auraient envoyée. Le coup de grâce du père Noël s'explique bien, pourtant. En Tunisie, la fête n'a pas la cote. Tous les ingrédients semblent réunis pourtant, pour que le père Noël ne s'égare pas en cours de route : bon nombre d'entre nous affectionnent la culture occidentale, bien entendu française de par les liens historiques qui nous lient à l'Hexagone. Et du coup on n'est pas uniquement réceptifs de certains aspects de la culture française, mais on les adopte même. « Pourvu qu'on ne renie pas notre part d'arabité et notre culture musulmane. » diraient certains puristes qui croient dur comme fer que cette fête n'est pas dans nos mœurs. Une pluie de critiques se serait abattue sur ceux qui la célèbrent. Tout comme la célébration du jour de l'an considéré par certains comme une manière qui pourrait nous détourner de nos vraies valeurs et dans d'autres acceptions, il est taxé d'occasion purement commerciale qui ne sert qu'à booster les bourses des commerçants lesquels n'attendent que cette occasion pour remplir leurs cagnottes… Hier dans la capitale, le père Noël n'a pas donné signe de vie. Tout laisse à croire que la fête et à quelques exceptions près n'est pas des nôtres dans nos murs. Même les grandes surfaces semblent baisser les bras. Dans un centre commercial le panel des produits dont on pourrait s'approvisionner à cette occasion se limite à quelques boules de décorations et de quelques pots proposés à 10 DT et à 7,500 où se dresse un sapin miniature rehaussé d'une poudre blanche veloutée. Une clientèle peu nombreuse investit les lieux. Ce n'est donc pas une occasion pour booster les achats. « Si une fête pareille n'existe pas dans nos traditions il faudrait bien l'inventer. » nous dit une vendeuse du centre commercial qui ajoute : « Il faut dire que ce n'est pas la grande ruée cette année vers ce genre de produits. Les Tunisiens qui ont à un certain moment été friands de ce genre de célébrations semblent bien s'en désintéresser. Peut être que les choses vont changer dans quelques jours avec la fête de fin d'année où des mères de familles viendront acheter des ustensiles de cuisine et des produits de tout genre pour préparer le repas de fête. » Non loin de ce centre commercial, quelques grands magasins se sont mis aux couleurs de cette période de fête. Les collections de vêtements affichent un goût prononcé pour les tenues de soirées. Mais le jour de l'an administratif arrive vraiment chez nous quand les pâtisseries sont bondées. Et comme la réussite d'une fête réside dans le consensus qui l'entoure, il convient de rappeler qu'il s'agit ici d'un grand festin de fête et que le Tunisien, M. Tout le Monde ne se fait pas prier pour s'attabler autour de repas copieux et bien garnis. On ne lésine pas, dans la foulée à acheter une bûche pour fêter le jour de l'an même si ce genre de sucreries est propre à la fête de Noël. Peu importe. Cela prouve, une fois de plus, que la pertinence d'une fête sous nos cieux ne dépend pas de ses origines ou de sa justification.