Deux fois par semaine, la ville de Houmet-Souk, capitale administrative et économique de l'île de Djerba, vit au rythme de son jour de marché. Chaque lundi et jeudi, en effet, un souk hebdomadaire, y prend place, comme partout ailleurs dans le pays, accaparant tous les intérêts et toutes les attentions. La ville est alors prise d'assaut, on y afflue de toutes parts, de l'intérieur de l'île comme de la zone touristique ; l'animation bat son plein, notamment dans la zone qui l'abrite. Si nul n'est en droit de contester l'apport considérable de ce marché hebdomadaire qui constitue une aubaine tant pour les nombreux exposants et vendeurs que pour les clients en quête de produits et marchandises bon marché, il n'en reste pas moins que son emplacement au cœur même de la ville est loin de bénéficier des faveurs des jugements, et pour cause, l'espace qui lui est réservé n'est guère approprié au vu de la nature du voisinage immédiat qui le côtoie, des désagréments et de la nuisance conséquemment engendrés. Les parents accompagnant leurs progénitures doivent peiner pour se frayer un chemin et rejoindre l'entrée de la plus grande école primaire de la ville pour les déposer, les fonctionnaires de la Recette des Finances comme les citoyens ayant affaire à eux sont très mal à l'aise tant dans l'exercice de leur devoir pour les uns, que dans l'accomplissement des modalités administratives pour les autres, le Centre Culturel Méditerranéen conçu pour servir d'espace de promotion et de création artistiques se trouve agressé et banalisé et les jeunes et les enfants qui le fréquentent pour la formation et les artistes pour l'exposition ne peuvent que manifester leurs désillusions. Egalement, des dizaines de familles, prises au piège dans leurs propres maisons assiégées par les étals de fortune des vendeurs souffrent le martyr et ne savent plus en désespoir de cause à quel saint se vouer, dans l'incapacité de sortir de leur domicile ou d'y accéder aisément , dans l'obligation, de surcroît, de supporter à longueur de journée le brouhaha incessant et la cacophonie dominante. La salle couverte omnisport, fréquentée quotidiennement par les élèves de l'école préparatoire, car dépourvue de terrains de jeux, et par les joueurs d'une équipe civile de l'île, n'est pas, non plus, dans une meilleure posture, tant toutes les voies qui y mènent sont exploitées et obstruées, rendant le passage de tout véhicule ou engin motorisé devant intervenir en cas d'extrême urgence pour acheminer les premiers secours, quasi impossible. Quelle solution ? Tous les maires qui se sont succédé à la présidence du conseil de la ville ont été confrontés à l'épineuse question de l'emplacement du souk hebdomadaire, et n'ont jamais manqué de volonté pour lui trouver une issue définitive qui aurait satisfait toutes les parties, mais des voix contraires s'élevaient à chaque fois pour faire avorter toute solution alternative susceptible d'insuffler une bouffée d'oxygène à une ville qui donne l'impression d'étouffer, et de rendre justice tant à ces pauvres familles subissant impuissamment et en silence leur calvaire, qu'aux nombreux commerçants de la ville dans leurs boutiques, redevables d'impôts à l'Etat , contribuables à part entière et dont le commerce périclite. Or, à l'heure actuelle, une telle situation chaotique ne peut plus perdurer, d'autant que le marché hebdomadaire croît en envergure et en affluence, nécessitant davantage d'espace, à s'approprier inévitablement, dans l'état actuel des choses, dans le voisinage immédiat, ce qui aggraverait davantage la nuisance ; la pollution générée à chaque avènement du marché hebdomadaire est indigne de la ville de Houmet-Souk, et fait rougir de honte quiconque passe dans les parages après le démantèlement du camp. Le moment est venu pour qu'un autre espace hors du centre ville soit proposé et aménagé selon des normes hygiéniques, sécuritaires et esthétiques décentes en remplacement de l'actuel, qui couvre malheureusement l'une des plus belles artères de la ville, destinée à faire partie du parcours culturel et touristique prévu dans le grand projet de valorisation et d'embellissement du centre ancien.