Le virtuel supplantera-t-il le livre classique ? En tout cas les synergies escomptées tardent à se matérialiser… Et pourtant les internautes tunisiens sont relativement nombreux. - Le Tunisien ne lit plus ou ne lit pas. Le sujet a été abordé de fond en comble et les choses n'ont pas changé depuis. Car le Tunisien ne s'est pas réconcilié avec la lecture. Et si le Tunisien affiche un désintérêt pour la page imprimée, les statistiques montrent que la page virtuelle a encore de beaux jours devant elle. L'Internet serait un moyen pour renouer avec la lecture. Selon une étude, la dernière en date réalisée par le ministère de la Culture et de la Sauvegarde du Patrimoine sur un échantillon de 1029 personnes, 75% ne fréquentent jamais les bibliothèques. Il en ressort également que 22,74% n'avaient jamais lu un livre. Pis encore le Tunisien dépense moins de 30DT par an pour l'achat d'ouvrages. Quelles en sont les raisons ? D'aucuns y répondront en montrant que si le Tunisien ne lit pas aujourd'hui, ou qu'il n'accorde aucun intérêt pour ce hobby qui délasse, enrichit et forme l'esprit, c'est qu'il n'a pas été habitué à le faire. Il faut donc miser sur les enfants pour amener les adultes de demain à affectionner le livre. « En attendant le coup de baguette magique qui amènera les établissements concernés à s'y pencher sérieusement, je compte sur moi-même pour amener mes enfants vers le livre. La lecture du soir est un moment indispensable que mes enfants attendent avec impatience. Ce sont ces haltes dépaysantes qu'on partage ensemble qui feront de mes enfants des adultes inconditionnels de la lecture. » nous dit Mériem la maman de deux enfants âgés de 6 et 4 ans. Mais tout le monde ne pense pas de la sorte et bon nombre d'entre nous trouve dans le manque de temps libre un motif pour ne pas plonger dans la lecture d'un livre le soir. Soit. Mais il se trouve que ces mêmes personnes trouvent le temps pour s'amuser à des bagatelles sur le net. Lecture virtuelle Dans ce lieu d'effervescence permanente, ils sont quelque 3,7 millions d'internautes tunisiens. Toujours selon les dernières statistiques de l'Agence tunisienne de l'Internet (ATI), le nombre d'adresses e-mail recensées est de 480 503 adresses et on compte 472 571 abonnés à l'Internet dont 422 004 abonnés à l'ADSL. Et selon les dernières statistiques du site checkfacebook, la Tunisie dispose du taux de connectés à Facebook le plus élevé en Afrique du Nord. La Tunisie est connectée à 64% sur ce réseau social le plus prisé de nos concitoyens. Autant l'utiliser à bon escient pour promouvoir la lecture virtuelle. Ce serait l'apanage des personnes engagées dans la promotion du livre qui pourraient utiliser le net pour préparer un programme dense en découvertes et en coups de cœurs. Internet donnera, en effet, quelques moments de lecture qu'on peut même rehausser de quelques notes musicales au rythme de textes murmurés, déclamés, et scandés à souhait…en usant de l'avantage multimédia que confère la lecture virtuelle. Et pour rester dans le monde réel, il y a lieu de remarquer qu'il nous faut encore du temps pour y arriver. Car si le Tunisien est un inconditionnel du net et de ses réseaux il en est moins pour les sites littéraires ou les blogs spécialisés dans la poésie. D'autant plus que la lecture sur le net ne peut être aussi profonde que celle sur un texte imprimé. « Dès que je dois approfondir mes connaissances concernant un sujet, j'imprime. Et s'il s'agit de lire d'une manière superficielle ou en diagonale un document, je le fais directement sur mon ordinateur. Par contre, je ne me vois pas en train de lire un roman sur un écran. Lire un livre pour moi suppose que je sois allongée, du moins bien à l'aise pour pouvoir profiter d'un moment privilégié de lecture. » confie notre interlocutrice interrogée plus haut. ---------------------------- Lecture sur écran, objet d'un débat La lecture sur écran est l'objet d'un débat sur la toile d'araignée où l'on tente de répondre à ces questions qui reviennent à chaque fois comme un leitmotiv « Lecture sur écran, lecture sur papier, quelles différences ?, Quel impact sur l'intelligence et la culture ?... » Le site français « éducnet »( enseigner avec le numérique) tente de confronter divers points de vue en se référant à des travaux de recherche en France et à l'étranger pour explorer ces nouveaux modes de lectures, leur aspects pédagogiques, etc. Citons à titre indicatif ces quelques passages : « Il est sûr que lire la même œuvre dans une édition imprimée ou sur l'écran n'est pas lire le même livre » (Roger Chartier). « La lecture sur écran sollicite davantage notre cerveau »(Thierry Baccino). « Face à un contenu multimédia, la vitesse de lecture chuterait de 25%. »