• Grève générale à Sfax très suivie : plus de 80 mille manifestants, selon le syndicat - Au quatrième jour de leur sit-in à la Kasbah devant le Palais du gouvernement, où désormais plus de 5 mille personnes font le siège du Premier ministère, en plus l'arrivée ces dernières 48 heures de plusieurs convois , notamment du nord ouest, la situation était très tendue hier avec plusieurs accrochages entres manifestants et forces de l'ordre. La tension est montée d'un cran lorsque les forces de sécurité ont bloqué à l'aide de rouleaux de barbelés les accès principaux de la Kasbah, afin, selon les forces de l'ordre, de faciliter l'accès aux bureaux du premier ministre où il devrait y avoir un conseil ministériel. Pour ce faire, des policiers anti-émeutes ont pris position derrière un bus barrant la rue proche de la Kasbah où se situent le ministère de la justice et le palais de justice de Tunis. En réaction à ce dispositif, les manifestants ont attaqué les forces de l'ordre par des jets de pierres et en usant des barrières installées sur les lieux pour organiser la circulation, défiant, ainsi les directives des forces de l'armée nationale sur place. Les forces de l'ordre sont alors intervenues en lançant des bombes lacrymogènes pour disperser la foule et l'amener à manifester dans le calme. Mais le calme ne semblait pas acquis d'avance surtout que les forces de l'ordre ont, du fait, fermer les principaux accès à la Kasbah empêchant ainsi le ravitaillement en couvertures et nourriture les manifestants. "Vous voulez nous affamer, vous voulez nous assiéger", lançaient hier les manifestants qui nous affirmé leur détermination à poursuivre les protestations. Après ces incidents, le Conseil national des avocats est monté au créneau accusant des milices de l'ancien régime d'être à l'origine de ces débordements. Le conseil accuse, par ailleurs, les forces de l'ordre d'avoir tiré des bombes lacrymogènes dans le tas sans distinction et discernement entre les vrais casseurs et les manifestants pacifistes. Plus de 80 mille manifestants à Sfax Comme attendu, et malgré les informations qui circulaient la veille sur une éventuelle annulation de la grève générale à Sfax, elle a bien eu lieu. Selon des membres du bureau régional de la centrale syndicale UGTT, la grève a commencé vers 9h du matin par un rassemblement devant le siège du syndicat pour réclamer la dissolution du gouvernement de transition dominé par des caciques de l'ancien régime du président déchu. La manifestation, qui a rassemblé selon des sources syndicales plus de 80 mille manifestants, a ensuite fait le tour de la ville scandant la dissolution du RCD et dénonçant les attaques contre l'UGTT. Les manifestants se sont arrêtés devant plusieurs établissements, comme le siège du gouvernorat, pour exprimer, sous le regard de l'armée nationale, leur refus de voir les symboles de l'ancien régime continuer d'occuper des postes de responsabilité au sein de l'Etat et de ses différentes institutions. Devant la radio régionale de Sfax les manifestants ont scandé des slogans accusant les médias de complicité dans les tentatives visant à confisquer la révolution et à nuire à ses nobles objectifs. L'Union régionale du travail de Sfax a décidé d'organiser, à ses propres frais, un voyage par train à destination de Tunis, pour rejoindre les manifestants devant le siège du Premier ministère à La Kasbah. Notons que l'union de Sfax a toutefois demandé d'assurer un «service minimum» dans les secteurs essentiels (eau, électricité, hôpitaux...). Par ailleurs, et selon l'agence TAP, les mouvements de revendication professionnelle et politique se sont poursuivis, hier, dans plusieurs régions du pays. A Jendouba, qui a connu une grève générale à l'appel de l'Union régionale du travail, une marche de protestation contre les « symboles de l'ancien régime » a sillonné les principales artères de la ville avec la participation d'élèves, de citoyens et de fonctionnaires. Dans les villes de Jendouba et de Boussalem, des professeurs et des agents municipaux ont manifesté pour le règlement de leur situation professionnelle. La ville de Nabeul a connu une marche à laquelle plus de 4 mille manifestants ont participé avec des slogans appelant à la chute du gouvernement. A Zaghouan , u certain nombre d'agriculteurs dans la région de ont fait un sit-in devant le siège de l'Union régionale de l'agriculture et de la pêche, pour protester contre l'actuel bureau régional accusé de corruption et de fraudes électorales. Par ailleurs, les tentatives d'incendie dans plusieurs grandes fermes agricoles se poursuivent dans les localités de Bouachir et Ain Saboun, en signe de protestation contre la méthode d'attribution des terrains relevant des domaines de l'Etat. Med Ali BEN REJEB ----------------------------- M. Mohamed Chaâbane, Secrétaire Général de l'Union syndicale de Sfax : «Nous n'avons fait que répondre à l'appel du peuple» Le Temps : d'abord pourquoi avoir décidé une grève générale ? M. Mohamed Chaâbane : le peuple tunisien, unanime est en train de dire non au gouvernement d'Union nationale. Nous n'avons fait que répondre à l'appel du peuple. Notre pays a été spolié durant 23 ans par un gouvernement passé maître en la matière. Or on trouve aujourd'hui des membres de l'ancien gouvernement qui continue à gouverner. Pourquoi cet acharnement alors que nous avons en Tunisie des cadres et des ressources vives qui peuvent mener à bien le pays dans cette période de transition. Nous avons décidé cette grève générale suite aux appels venus de la Kasbah où des jeunes continuent à faire entendre la voix de la majorité des Tunisiens. - A quel point peut-on dire que cette grève a été une réussite ? Je dirais que c'était une réussite totale. Pour citer des sources neutres, une chaîne de télévision française, la manifestation qui suivit la grève a rassemblée quelque 100 mille personnes. Des centaines de milliers de personnes qui ont répondu à notre appel parce qu'ils étaient convaincus qu'il fallait réagir et ne pas laisser cette révolution étouffer dans son berceau. - Selon des sources syndicales, avant-hier, il était question d'annuler cette grève générale. Qu'en est-il au juste ? Il n'a jamais été question d'annuler cette grève qui a été décidée en concertation avec les différentes instances régionales ainsi que la centrale syndicale. Sfax a été toujours, de part l'histoire, un bastion du syndicalisme. Elle a déjà versé de son sang lors de la guerre de l'indépendance et elle continuera aujourd'hui à soutenir cette révolution populaire. M.A. BEN REJEB ----------------------------- Enseignement secondaire Grève de protestation, aujourd'hui Le Syndicat Général de l'enseignement secondaire a décrété une grève d'un jour pour aujourd'hui, jeudi 27 janvier. D'après M. Sami Tahri, secrétaire général du syndicat, « ce débrayage a été décidé en signe de ralliement aux revendications populaires hostiles à l'actuel gouvernement de transition et aussi pour protester contre la campagne de dénigrement menée par la radio et la télévision contre les enseignants depuis dimanche. Hier, ajoute le responsable syndical, et malgré la reprise des cours, certains parents continuaient d'agresser verbalement les professeurs. Pour ce qui est des élèves, une minorité d'entre eux a réintégré les classes mercredi et nombreux sont ceux qui reprochaient à leurs enseignants d'avoir repris les cours. »