Par Wahid Ibrahim, retraité de l'ONTT - Au moment où le peuple et la jeunesse tunisienne nous ouvrent des perspectives inespérées de liberté et de dignité et où les plus démunis demandent une répartition plus juste et plus équitable des richesses nationales, on voit les mêmes corporations hôtelières et touristiques demander des mesures spécifiques relatives à leur endettement et à la révision des régimes fiscaux et appeler au triplement des budgets de promotion et publicité. Ainsi faisant, ils ne font que répéter l'éternelle rengaine d'un scénario qui n'a cessé de figurer à leur ordre du jour, même durant les années de vache grasse. Messieurs les hôteliers et agents de voyage Ne soyez pas en retard d'une révolution .Ecoutez pour une fois les clameurs d'une jeunesse qui ne demande qu'à travailler et à vivre dignement et le désespoir d'une Tunisie profonde scandalisée par les inégalités sociales. N'oubliez pas que votre secteur a bénéficié d'un maximum d'avantages et d'aides allant d'un prix du foncier symbolique jusqu'aux appuis à la commercialisation en passant par les incitations à l'investissement, la prise en charge des infrastructures, l'octroi d'avantages financiers et fiscaux, la formation, la promotion et la publicité…Avantages consentis par la collectivité nationale, dois je vous le rappeler ? Les promoteurs en difficulté que la corporation s'entête à soutenir sont souvent ceux qui ont parasité le secteur et commis de lourdes fautes de gestion pour ne pas dire autre chose. Si ces derniers sont dans l'incapacité de se redresser par leurs moyens propres, qu'ils quittent l'hôtellerie et retournent à leur business d'origine. Ils rendraient un sacré service aux nombreux hôteliers honnêtes qui, à conjoncture égale, ont su se développer et créer de nouvelles richesses et à la destination qui a assez souffert des dégâts incommensurables que la mauvaise qualité de leur produit a fait subir à son image. Messieurs les hôteliers et agents de voyages Vous savez très bien que ce gouvernement de transition doit faire face à des appels pressants en faveur d'un niveau minimum de développement régional. Si cet appel ne trouve pas d'écho et si la Tunisie ne retrouve pas un climat nécessaire de sécurité et de stabilité, vous mettrez en péril tout votre patrimoine qui est en même temps un acquis national qui doit être préservé. Ne faites pas semblant d'ignorer que les caisses du pays ont été vidées par les Trabelsi et les Ben Ali .Ne détournez pas l'attention de ce gouvernement de transition qui doit consacrer l'essentiel de ses moyens et de son attention à la garantie d'un minimum de développement équitable pour les plus démunis et les plus exclues des régions de l'intérieur. Vos revendications relatives au traitement de votre endettement et à un surplus de budget publicitaire c'est comme exiger du caviar par rapport à vos concitoyens qui manquent de l'essentiel et qui aspirent à un minimum de dignité. Alors, un peu de pudeur et un peu moins d'égoïsme .Le vrai équilibre ne réside-t-il pas dans une répartition équitable et solidaire des fruits du Capital et du Travail ?Il en va de même de la pérennité de vos entreprises aussi. Faites en sorte que la relation employeur /employé ne soit plus une relation exploiteur /exploité. L'avenir du tourisme tunisien serait brillant si tous les acteurs opéraient leur propre révolution à tous les niveaux : nouvelle philosophie d'aménagement en dehors des zones côtières , incitations spécifiques au développement régional, enrichissement réel de la palette de produits , commercialisation évitant le bradage ,la saisonnalité et adoptant les nouvelles technologies , politique de communication qui capitalise sur l'extraordinaire courant de sympathie et de notoriété générée par la Révolution du 14 janvier.