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Psychose de l'analyse
Publié dans Le Temps le 18 - 02 - 2011

Par Meftah Ayat – Mahdia - Depuis le 14 janvier 2011, date de la chute du dictateur B. Ali, le Tunisiens assistent à un nouveau mode d'information sur les plateaux des chaînes de télévision locales : des analystes, adeptes de la politique – spectacle, s'abattent, comme des prédateurs, sur les acquis de la révolution tunisienne et se muent en apôtres de la liberté et de la justice, en défenseurs de la dignité humaine, en diseurs d'un bel avenir pour la Tunisie. Le paradoxe c'est qu'ils ne cessent de mettre en garde contre l'appropriation de la révolution alors qu'ils en sont les premiers usurpateurs.
En effet, en passant en revue leur histoire politique, on se rend compte que ces analystes n'étaient que des chefs de partis en hibernation, timorés et frileux, sans conviction ni programme de travail consistant, désolidarisés du peuple mais attelés au sérail benalien, ou des universitaires flagorneurs qui flattaient servilement leurs seigneurs de Carthage dans l'espoir de happer au vol un privilège ou une faveur dont ils avaient longtemps rêvé.
Mais pour rendre à César ce qui est à César, disons que seule l'UGTT avait quelques velléités d'opposition en brandissant des revendications sociales et professionnelles, opposition sporadique et occasionnelle puisque, à chaque fois que le gouvernement entamait une réforme, promulgue une loi ou envisage l'installation de nouveaux mécanismes de gestion, le syndicat des travailleurs, par esprit de contradiction, s'y oppose en ameutant ses affiliés dans des grèves tantôt légales, tantôt sauvages. Les autres partis et organisations sociales n'étaient que l'ombre d'eux-mêmes. Les universitaires n'étaient que des arrivistes à la recherche d'une place au soleil. Pourquoi alors viennent-ils - par des calculs politicards – nous inonder de thèses et d'antithèses, croyant qu'ils ont trouvé la panacée universelle pour solutionner les problèmes cruciaux auxquels se heurte la Tunisie d'après la révolution. En s'affichant en public, en faisant étalage de leur savoir académique, ils croient remédier à une situation alarmante d'un pays longtemps asservi, frustré, opprimé, devenu par là même exsangue et cadavérique. Ces messieurs – avec tous mes respects – oublient qu'il s'agit, non d'un savoir, mais d'un savoir-faire, d'un art de mener les foules, propres à sauver le pays du chaos et de l'anarchie.
Pléthore de théories
Car, devant cette pléthore de théories aussi creuses qu'inutiles, devant la cabale qu'ils orchestrent mensongèrement contre tous ceux qui ne sont pas de leurs avis, le peuple, nourri de sentiments de frustration, longtemps muselé, attend qu'on lui tende un micro pour s'élancer dans des revendications, légitimes tout de même, mais qui débordent parfois les limites de la décence et de la bienséance pour se transformer en anathèmes lancés contre les personnes, contre les régions sans le moindre discernement. Aussi nos théoriciens et rhétoriciens contribuent-ils à enflammer la haine des chefs contre les employés, des gens de l'intérieur contre ceux du littoral,des campagnards contre les citadins et j'en passe. Au lieu de perdre leur temps à ergoter, à ratiociner sur ces plateaux de chaînes de télévision installés dans un dessein soupçonnable, qu'ils aient le courage de descendre sur le terrain pour amorcer un travail en profondeur propre à alléger la souffrance de ceux qui crupissent dans les taudis insalubres, de ceux qui répartissent sur trois jours une demi-livre de macaroni, ou de ceux que la maladie gangrène jusqu'aux os. Ont-ils pensé un seul jour à organiser une collecte pour ces meurt-de-faim, livrés à eux-mêmes ? Ont-ils proposé des solutions pragmatiques pour venir en aide à ces habitants du nord-ouest, du sud-ouest, d'une partie du centre longtemps marginalisés, dédaignés ? Non, ils n'en ont pas le temps, ils s'exhibent à longueur de journées, sous les feux de la rampe, à épiloguer sur la révolution, ses causes et ses conséquences, tout en étant complètement détachés de la réalité. Ils se délectent dans leur autosatisfaction et nourrissent des ambitions démesurées au détriment d'un peuple meurtri et écrasé par tant de calvaires mais qui demeure seul maître de la révolution, sa révolution.
Matamores de la politique
Nul n'est dupe de cette mise en scène maniérée et trompeuse. Le plus commun des mortels connaît tous ces matamores de la politique qui viennent, sans scrupules, cueillir un fruit qu'ils n'ont jamais cultivé. Il ne se laisse pas non plus obnubiler par ces universitaires académiciens qui, au prix de prestidigitation intellectuelle et d'acrobaties sophistiques, ont assis les fondations d'une ploutocratie de voyous dont la tête était Ben Ali et ont légitimé ses exactions et sa corruption. En plus, au nom de la démocratie, de la liberté d'expression ils se permettent d'invectiver ceux qui n'approuvent pas leurs dénégations. Ils revendiquent l'élimination des anciens militants – les probes et les intègres – de la vie politique.
Ils sont allés même jusqu'à proclamer le gel de leurs activités. Ironie du sort ! Ces fantassins de la politicaillerie, se sont-ils posé quelques questions dont les réponses sincères les mettraient face à leur vrai statut ? Qui sont-ils pour s'arroger le droit de parler au nom de la révolution ? Que faisaient-ils pendant que le satrape et ses labradors pillaient le pays et terrorisaient tout un peuple abattu, accablé ? De quel apport ont-ils gratifié les jeunes tunisiens aliénés ?
Maintenant que les choses sont ce qu'elles sont, nos politologues s'érigent en héros nationaux et puisent jusqu'au fond de leur pédantisme, dans un style grandiloquent et pompeux, des formules saugrenues d'économie politique, de sociologie, de jurisprudence, inaccessibles et hermétiques pour un peuple soucieux avant tout de recouvrer son droit à la vie, à la dignité, à la justice et à la liberté.
De grâce, messieurs les apôtres de la démocratie, apprenez que si vous demandez un droit pour vous, vous devez l'accorder aux autres. Vous revendiquez la liberté et la démocratie, vous ne devez pas en exclure les autres, quelle que soit leur obédience. Soyez tolérants et modérés car « La tolérance est aussi nécessaire en politique qu'en religion ». Si vous êtes vraiment mus par des sentiments de patriotisme, d'altruisme, mêlez-vous à la foule et essayez de faire œuvre utile en conscientisant les revendicateurs de titularisation, d'augmentation de salaires ou de révision de statut des priorités absolues du gouvernement. Faites preuves d'abnégation et de dévouement en faveur des victimes de l'injustice, du vol et de la spoliation. Combattez l'individualisme, le chauvinisme, le régionalisme. Prêchez l'amour du prochain, le dévouement, la solidarité. Ainsi vous aurez participé à la réalisation des objectifs de la révolution pour lesquels les martyrs ont déversé leur sang sous les tirs des partisans cruels d'un régime sanguinaire. Soyez, messieurs, honnêtes avec le peuple, lucides avec vous-mêmes ! Les pays a besoin – plus que jamais – de toutes ses ressources pour franchir cette crise malencontreuse qui risque de perdurer et de faire basculer le pays dans les dérives de l'anarchie, au grand dam des révolutionnaires, des vrais révolutionnaires.


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