Le fou du désert devrait se faire une raison. Mais demander à un fou d'être raisonnable, c'est lui renier sa vérité la plus intime. Ou son intime conviction. A savoir qu'avant lui c'était forcément le déluge, et qu'après lui ça sera encore le déluge. Quarante-ans et des poussières, qu'il renvoie d'une chiquenaude du revers d'une main, ce n'est pas assez à son sens. Il ne partira pas. Se fera -t-il « hara-kiri » ? Il faudrait pour cela qu'il ait épuisé ses cartouches ; sauf que dans son délire, et dans sa furieuse mégalomanie sanguinaire, fondamentalement, il pense qu'il sera éternellement, autant invincible qu'invaincu, et que son peuple exsangue, à nouveau lui fera allégeance, ou brûlera dans les flammes de l'enfer qu'il aura déchaîné lui-même. Quand on se prend pour Dieu sur terre, on s'arroge, sans l'ombre d'un remords, le droit d'ôter la vie ou de la préserver, quitte à franchir un palier supplémentaire dans l'arrogance, la folie et le meurtre. A bout portant. Il n'en n'a cure, il « plie mais ne rompt pas ». Faudra -t-il le casser en mille morceaux ? Le meilleur des scénarios serait que l'un des siens épouse enfin, miraculeusement, la cause du peuple, et se charge de neutraliser le « tyran ». Euréka ! Sa force est sûrement dans ses cheveux. Alors il faudra faire comme avec Samson : les lui couper. Il paraît qu'il avait fait venir des chercheurs coréens « illustrissimes » pour lui faire ses implants. L'enjeu doit donc sûrement en valoir la chandelle et c'est là la fleur de son secret. Enfin la fleur vénéneuse. Si son poison pouvait avoir des effets rétroactifs, ça arrangerait du monde ! « Hara-Kiri » ? Lui qui adore les mises en scène pourrait mettre un beau costume, cousu main… et le tour sera joué. Sûr qu'on lui fera un enterrement de première classe.