Tout le long de la route reliant Ras Jedir à Choucha (7 km), une chaine humaine constituée de travailleurs benghales, dont le nombre est estimé aujourd'hui à douze mille, est en marche ; un spectacle ahurissant de la misère humaine. C'est à ce rythme que vit le poste frontalier de Ras Jedir soumis à des vagues incessantes de ressortissants étrangers fuyant les troubles qui secouent gravement le territoire libyen frère, notamment au niveau de la région occidentale, limitrophe de la Tunisie. Chaque jour nouveau apporte son lot de réfugiés fuyant massivement un pays soumis à la loi de la terreur dont l'issue demeure méconnue. Des milliers de réfugiés continuent d'affluer vers ce poste de passage, de tous âges et de toutes les nationalités, en majorité des travailleurs parvenant en piteux état de misère et de déchéance morale ; ils ont tout laissé en prenant la fuite, ne cherchant que leur salut et ne pensant qu'à sauver leur peau. Toutes les dispositions ont été prises pour juguler ce flot indescriptible d'arrivants, grâce à la conjugaison des efforts de toutes les parties impliquées depuis le début de la crise, sans oublier le formidable élan de solidarité dont font montre nos concitoyens. En dépit de l'implication de plus en plus efficace de la communauté internationale, beaucoup reste à faire pour venir à bout de cet incroyable flux humain auquel il faut épargner davantage la souffrance et la misère.