Par Mehdi Foudhaili, avocat - A l'occasion de la Journée internationale de la femme, des associations féministes tunisiennes ont organisé une rencontre au club Tahar Haddad. Lors de cette rencontre, certaines revendications ont été formulées comme la nécessité de mentionner le principe de l'égalité successorale dans la future Constitution tunisienne et la nécessité de réviser le Code du statut personnel, jugé « anachronique et ne répondant plus aux aspirations des femmes… » (cf journal le Temps du 9 mars 2011, page 3). La femme tunisienne s'est vue reconnaître depuis l'indépendance beaucoup de droits allant dans le sens de l'égalité avec l'homme. Or, cette législation protectrice a institué des injustices, et ce au nom de la protection de la femme et de la famille. A titre d'exemple, en cas de divorce et quelle que soit la partie qui en fait la demande, c'est le mari qui a, seul, l'obligation légale de subvenir aux besoins des enfants. Certains pères se voient condamner à payer des pensions alimentaires et des indemnités de logement qui représentent les de leurs revenus ! Impossible après cela de refaire une vie pour la majorité ! Si on croit en l'égalité entre l'homme et la femme et si on revendique l'égalité au niveau de l'autorité parentale, il n'y a aucune raison d'obliger seulement le père à subvenir aux besoins des enfants, en cas de divorce et d'en exonérer la mère. D'ailleurs, l'article 23 du Code du statut personnel précise que la femme doit contribuer aux charges de la famille si elle dispose de revenus. Mais quand il s'agit de divorce, le législateur change de logique et adopte une conception patriarcale selon laquelle l'homme assume toute la charge financière des enfants ! Cette conception patriarcale qui fait peser l'obligation de subvenir aux besoins des enfants sur le père, bien que inégalitaire, ne semble pas choquer certaines militantes féministes, qui ont tendance à oublier que revendiquer des droits implique aussi assumer des devoirs ! Je pense que la priorité de la lutte féministe en Tunisie est sociale et éducative. Cette lutte devrait aboutir à un vrai changement des mentalités, afin que hommes et femmes intériorisent l'égalité des sexes. Malheureusement le discours qui est tenu par une partie de cette élite féministe reste très superficiel et se focalise sur la question de l'égalité successorale, question qui tourne à l'obsession pour certaines.