Le président du Stade Tunisien Mohamed Dérouiche est confronté à une fronde sans précédent de la part d'une frange de ses supporters. A dire vrai, l'homme ne mérite nullement pareille ingratitude tellement il s'est investi corps et âme dans la restructuration du club du Bardo avec des résultats très probants du reste. Finalement et de guerre lasse, il a décidé de jeter l'éponge à la fin de cet exercice et ce en dépit des supplications de ses collègues au BD et de la grande majorité des bardolais conscients de sa grande valeur et de l'apport inestimable qu'il a assuré aux stadistes durant son bref passage à leur tête. Nous l'avons abordé pour en savoir plus sur la situation prévalant au sein de son club bien sûr mais également pour connaître son point de vue sur cette suspension interminable de la compétition avec la décision prise par lui et ses pairs de refuser de la reprendre. Ecoutons-le : Le Temps : Commençons tout d'abord par le sujet qui préoccupe et turlupine le plus la rue, en l'occurrence la décision de refus de la part de vous autres les présidents de cautionner le retour à la compétition ? Mohamed Derouiche : Nuance si vous permettez ! Nous sommes tous prêts à reprendre le chemin des stades dès maintenant car nous sommes les plus concernés et les plus attachés à la reprise de l'exercice. Mais encore faudrait-il que certaines assurances et garanties nous soient données par qui de droit. En d'autres termes, nous ne sommes nullement disposés à jouer les boucs émissaires, le maillon faible de la chaine qu'on fera sauter sans la moindre retenue à la première occasion. Quelles sont exactement vos doléances et préoccupations ? Je parlerai en général et pas seulement au nom de mon club le ST. Toutes les sources des habituelles entrées de l'argent nous sont désormais fermées au nez. Droits TV, Promosport, Municipalités, Sponsoring, amis aisés ! Là où on se tourne, c'est le néant. Fatalement et avec des caisses quasi vides les joueurs sont en rogne et le manifestent par des grèves. Je comprends leur attitude car eux-mêmes sont tenus par des obligations vis-à-vis de leurs créanciers. Passe pour les problèmes financiers qui, quoique très lourds à supporter et à gérer sont du domaine du déjà vu du moment qu'ils sont notre pain quotidien, mais quand il s'agit de mettre la liberté des présidents en péril, alors là nous disons à l'unanimité stop, terminus, tout le monde descend car la plaisanterie a assez duré et a largement outrepassé les lignes rouges. Si vous étiez un peu plus explicite sur ce dernier point ? On nous confie l'entière responsabilité de la sécurité des supporters à l'intérieur des stades. Imaginez un instant une rencontre de football devant des travées pleines à craquer en l'absence totale du service d'ordre. Avec seulement des civils postés çà et là portant certes des dossards distinctifs du club recevant. On a tendance à oublier ou à faire semblant d'avoir la mémoire courte en occultant les incidents douloureux vécus même en présence d'un service d'ordre des plus fournis. Que de fois des supporters déchainés ont donné du fil à retordre aux policiers pourtant rompus et entrainés à ce genre d'exercice ! Pensent-ils sérieusement que nos stadiers fraichement débarqués vont pouvoir canaliser et maitriser toutes des foules en colère pour une erreur arbitrale voire une défaite jugée non justifiée ? Le plus drôle dans l'affaire, c'est que l'entière responsabilité de ces éventuels débordements incombe au président qui reçoit, avec présentation obligée le lendemain voire le soir même selon la gravité devant le juge d'instruction avec risque d'incarcération. Chose que nous réfutons en bloc car il est inadmissible qu'on nous inculpe pour des maux que nous n'avons nullement commis. Et la solution alors selon vous ? Sincèrement je n'en vois pas, c'est l'impasse. A moins que la tutelle n'accepte de nous débourser même une partie de nos dus et ne consente à assurer la sécurité des supporters. Dans ces conditions exceptionnelles, même les lois en vigueur de la FIFA nous permettraient de revoir à la baisse les salaires de nos joueurs et de négocier avec eux. Je suis certain qu'avec leur sens patriotique très élevé, ils comprendront la situation et ne renâcleront pas pour cette bonne cause qu'est notre révolution bénie. Ce sera en quelque sorte leur contribution à la libération tant espérée de la Tunisie du joug du dictateur déchu. Vous pensez qu'en reprenant le collier à partir du 17 avril on parviendra à clôturer cette saison ? Oui quitte à terminer vers le mois d'Aout en reportant les trois tours restants de la coupe au début de l'exercice prochain. Mais pour l'heure et en tenant compte de tellement d'aléas et d'incertitude, le risque d'une saison blanche préoccupe grandement les férus de football ? la sécurité et la stabilité de notre pays passe avant toute autre considération. Et alors ? Que représente une compétition de football par rapport au retour au calme et à la quiétude dans toutes nos contrées avec nos concitoyens ayant l'esprit serein et débarrassé à jamais de la hantise et de la peur pour leurs biens, pour leur vie ? Mais un problème de taille se pose cependant, qui représentera la Tunisie pour les joutes continentales, inter-maghrébines et inter-arabes et sur quels critères se baser pour le choix de nos candidats ? Ne pas y participer tout simplement et ce ne sera pas la fin du monde. On peut supposer que tous nos clubs représentatifs ont été éliminés dès le premier tour point barre. C'est une question de priorités et nous devons peser et jauger avec lucidité et détachement ce qui importe le plus pour notre peuple pour l'heure. Surtout ne pas être gourmand et nombriliste dans notre approche ; logiquement, l'intérêt national passe avant toute autre considération selon moi. Soit, mais d'ici le début de la saison prochaine que ferions-nous ? Comme 99% des présidents actuels en exercice sont sur le départ et qu'il y aura des élections cet été, le mieux c'est d'ouvrir les portes aux futurs candidats pour qu'ils s'initient dès à présent aux rouages des clubs. Pourquoi ne pas nous mettre dès à présent à former les stadiers, à préparer les nouvelles lois devant désormais régir notre football, revoir les normes du professionnalisme en les modifiant pour qu'elles s'adaptent au mieux à nos possibilités réelles, et bien sûr travailler pour assurer la succession lors des AG à tenir sous peu pour que la continuité soit de mise et qu'il n'y ait pas de cassure. Vous pensez sincèrement qu'un président partant aura à cœur de former un éventuel successeur ? Vous ne croyez pas que vous présumiez quelque part de la magnanimité de certains de vos collègues ? Absolument pas et d'ailleurs c'est l'attitude que j'ai adoptée au ST cette semaine en annonçant officiellement mon départ et en ouvrant la porte toute grande à tous ceux qui désirent me succéder à la fin de la saison. Il faut agir en responsable et avoir le courage et l'honnêteté intellectuelle de chercher à faire passer les intérêts du club avant toute autre vision étroite et personnelle. Donc l'amicale des présidents que vous venez à peine de constituer sera un mort-né du moment que pratiquement tous les présidents en exercice seraient sur le départ selon vous ? Cette amicale continuera à fonctionner normalement car elle renfermera en plus des présidents en exercice, les figures de proue ayant présidé par le passé aux destinées de leur club et qui sont des personnalités sportives dignes de respect pour leur comportement irréprochable durant leur bail et que la mémoire populaire ne risque guère d'oublier de sitôt du reste. Une dernière question se rapportant ce coup ci au ST, quelles sont les raisons réelles ayant motivé votre départ à la fin de la saison de son giron ? Je suis un homme d'affaire et le plus clair de mon travail se déroule à l'étranger où je suis appelé à voyager constamment. Mes obligations au ST m'en ont empêchés ce qui a perturbé grandement le rendement de ma société. Ma famille en a beaucoup souffert et il est temps que je me consacre comme il se doit à mon gagne pain tout en restant très proche du club de mes premières amours le ST. Entretien conduit par Mohamed Sahbi RAMMAH
Sit-in des joueurs devant le ministère Plusieurs joueurs appartenant aux clubs des Ligues 1 et 2 ont tenu hier, un sit-in, devant le ministère des Sports et demandé une audience auprès du ministre. Quatre d'entre eux, ont été reçus par Mohamed Aloulou qui les a rassurés quant à une reprise du championnat dans les meilleurs délais. Ils ont, d'autre part, sollicité l'autorisation de créer une amicale des joueurs professionnels. Il leur a promis d'intervenir auprès de qui de droit pour l'obtention d'un visa.