La rue à Hammam-Sousse, depuis l'arrestation au lendemain de la révolution de son vice président et neveu du dictateur déchu, est dans l'expectative et tiraillée entre l'attente de la fin de l'exercice ou la tenue d'une AG élective de suite. Sami Guendouz le président du club que nous avons abordé est plutôt pour des élections démocratiques immédiates. Ecoutons-le : • Le Temps : Une première question en dehors du sport et relative à la ville de Hammam-Sousse ville natale du dictateur déchu. Comment la cité vit-elle ce départ ? -Sami Guendouz : Comme toutes les villes du territoire, avec soulagement et gratitude pour nos libérateurs du joug du despote. A préciser que le fait qu'il soit originaire de Hammam-Sousse n'a jamais procuré le moindre avantage aux Hammammis. D'ailleurs ses visites éclair en coup de vent chez nous sont rarissimes pouvant se compter par les doigts d'une seule main et je suis large ! Non, il n'a à aucun moment privilégié notre cité dans tous les domaines quels qu'ils soient par ailleurs. • Pourtant on a toujours chuchoté que vous étiez personnellement chouchouté par l'ancienne équipe dirigeante et que vous aviez en quelque sorte vos entrées auprès du dictateur en appartenant à son cercle de protégés ? -Archi faux ! Je n'ai jamais eu affaire à lui et encore moins à son parti dont je n'ai jamais été membre. Je déteste les chaises et je n'arrive jamais à tenir assis en place plus de 30'. Je compte seulement sur Dieu et sur mon travail. • On parle de plus en plus de la tenue d'une AG élective pour l'ESHS, qu'en est-il au juste ? -Les membres du conseil local de la sauvegarde de la révolution sont pour cette approche et j'ai cautionné immédiatement leur démarche. C'est moi en personne en quelque sorte qui suis pour la tenue de ces élections dans les plus brefs délais. Et c'est aux urnes de décider en toute démocratie de l'identité du futur président de notre club. • Vous seriez tenté par un nouveau mandat en assurant votre propre succession ? -Cela dépendra de beaucoup de facteurs au fait. Mais avec les conditions dramatiques prévalant à l'heure actuelle au sein de notre sport roi avec tarissement définitif des ressources, rien n'encourage à pareille initiative. • Oui mais c'est une situation quasi générale et nullement propre à votre club ? -La solution est venue de l'Espérance Sportive de Tunis cette semaine qui migre vers le vrai professionnalisme avec ce projet de se transformer en une société avec un conseil d'administration. On devrait tous suivre cet exemple pour en sortir avec des ressources financières fixes à la clé. • Comment voyez-vous alors les perspectives pour vos couleurs ? -Franchement catastrophiques et pour cause. Nous accusons actuellement un manque à gagner de l'ordre de 950 mille dinars répartis comme suit : 120 municipalité, 300 présidence, 200 des 400 promis promosport, 175 des 240 prévisibles des droits TV, 150 sponsoring ! Comment voulez avec un déficit aussi monstre qu'on parvienne à gérer le quotidien et à sortir de cette galère ? Moi-même j'y suis pour l'heure de 200 millions de ma poche. Tous mes collègues présidents sont dans la même mélasse. Devrions-nous organiser un sit-in devant le ministère pour qu'on nous vienne en aide et solutionne nos problèmes ? • La solution selon vous ? -L'Etat doit débourser une enveloppe de 10 millions de dinars à répartir équitablement parmi les clubs pour résoudre cette crise et sauver la saison. Mais attention en agissant de la sorte, on sauve également l'image de marque du pays car interrompre la compétition porterait un sale coup au tourisme avec un aveu implicite que l'insécurité règne encore chez nous. Bien entendu, l'argent qu'on nous versera sera contrôlé étroitement par qui de droit. - Vous semblez occulter le problème de la sécurité au sein des travées qui a été votre principale pierre d'achoppement vis-à-vis de la reprise de la compétition. Où en êtes-vous au juste surtout avec ces stadiers qu'on vous a prié d'enrôler ? -Le ministère de l'intérieur propose de les former, pourquoi ne pas lui faire confiance ? Mais il faudrait que tout soit mis noir sur blanc au préalable avec délimitation des responsabilités des uns et des autres avec un cadre juridique bien établi. Car il est hors de questions que les présidents trinquent dans cette aventure. Le dernier match pourtant amical ESS-ESZ est un exemple des plus édifiants sur les risques à encourir. Des batailles rangées, des voitures saccagées, des désordres publics ont émaillé cette rencontre sans enjeu. Que dire alors quand les challenges seront cruciaux ? • Le mot de la fin? -Je suis très préoccupé par cette situation délétère mais j'ai grandement confiance que nos responsables trouveront très rapidement la solution idoine pour la débloquer et permettre à notre jeunesse de s'exprimer pleinement sur les aires de jeu plutôt que de se morfondre dans les cafés avec tous les risques hautement nocifs que cela comporte… Entretien conduit par Mohamed Sahbi RAMMAH