• 17% sont incapables de nommer une quelconque personnalité politique. • Partis politiques : 47 %connaissent Ennahdha et le RCD ; 28% le PDP ; 18% Ettajdid. • Notoriété des personnalités politiques - Béji Caïd Essebsi en tête avec : 17% - Rached Ghannouchi : 13% - Ahmed Néjib Chebbi : 10,6% - Mohamed Ghannouchi : 9,5% - Foued Mébazzâa : 3,4% Un sondage d'opinions sur les Tunisiens et la politique après la révolution du 14 janvier, effectué, récemment, du 1er au 22 mars, a révélé la persistance d'un sentiment de méfiance chez eux par rapport à l'action politique, aux partis et les hommes politiques, hérité de leur lamentable expérience dans ce domaine sous l'ancien régime despotique de Ben Ali. Il s'agit d'une enquête sur le terrain réalisée à titre de contribution particulière à la réussite de la transition démocratique, à l'initiative d'un bureau d'études tunisien indépendant, « GSM » (Global Management Services), par une équipe d'enquêteurs sous la conduite de l'universitaire Salah Attia, professeur à l'Université tunisienne, expert en management et étude du marché. Le bureau d'études dirigé par Mme Alya Hachicha a financé l'opération. L'enquête a porté sur un échantillon de 1060 citoyens représentant toutes les catégories sociales, toutes les professions et toutes les régions du pays, au prorata requis, avec une marge d'erreur de l'ordre de 3%. Les opinions ont été recueillies au moyen d'un long questionnaire de six pages, rempli sur la base d'entretiens personnalisés avec les personnes interrogées dans leur lieu de travail, ou chez eux, à domicile. M. Salah Attia a tenu à réserver la primeur de ce premier sondage d'opinions à caractère politique en Tunisie, aux journalistes de la presse nationale qu'il a convoqués, lundi 28 mars, à une conférence de presse au siège du bureau d'études « GMS » à Tunis, pour leur présenter, en priorité, les résultats de son enquête qui a eu, par ailleurs, selon lui, un écho des plus favorables à l'intérieur comme à l'étranger. Le sondage d'opinions a montré, justement, l'existence d'une coupure entre les citoyens et la sphère politique, tout en confirmant un regain d'intéressement à l'engagement politique généré par les espoirs que la révolution du 14 janvier a suscités concernant l'assainissement et la réhabilitation de l'action politique à travers l'instauration de la démocratie, du pluralisme effectif et d'une vie politique fondée sur l'alternance au pouvoir et l'organisation d'élections libres, transparentes et crédibles. Ainsi, 40 % des personnes interrogées ont dit s'intéresser régulièrement à la politique, alors que 48% ont dit s'intéresser à la politique, occasionnellement, notamment durant les élections. Par contre, 12 % ont dit ne pas s'intéresser du tout à la politique. Au même moment, 62 % des personnes interrogées ont déclaré avoir l'intention de participer à l'avenir à l'action politique, sous une forme ou une autre, contre 28 % disant qu'ils n'en ont pas l'intention, et ce dans le but de faire entendre leur voix, ont affirmé les personnes ayant l'intention de s'engager dans l'action politique. Or, fruit évident de la révolution, 61 % des personnes interrogées ont dit avoir retrouvé confiance dans l'efficacité du droit de vote et de la participation aux scrutins, comme étant un des moyens les plus adéquats en vue d'opérer les changements positifs ambitionnés. La coupure avec le monde de la politique est illustrée par la méconnaissance quasi généralisée de la carte politique, et de ses composantes : partis politiques, personnalités politiques, journaux d'opinion publiés par les partis. Ainsi, seulement 4 % des personnes interrogées se sont avérées être des adhérents à un parti politique, alors que 30 % n'ont aucune idée sur les noms et les programmes des partis politiques actifs sur la scène nationale. 17% ont été incapables de nommer une quelconque personnalité politique. Notoriété des partis et personnalités politiques Parmi ceux qui se sont montrés connaître au moins un parti politique, 20% ont nommé, en premier lieu, le RCD dissous, contre 18% ayant nommé le parti islamiste d'Ennahdha, 12% le PDP (Parti démocratique progressiste) et 2% le MDS (Mouvement des démocrates socialistes). Autre illustration de cette méconnaissance, certains ont nommé l'UGTT comme parti politique. S'agissant de la notoriété des partis politiques dans l'absolu, après le parti islamiste d'Ennahdha avec 47% et le RCD dissous, viennent le PDP (28%) et le Mouvement Ettajdid (18%). Mais 80% des personnes interrogées ne connaissent rien des journaux publiés par les partis politiques, relevant de la presse d'opinion. En ce qui concerne la notoriété des personnalités politiques calculée en fonction de l'évocation de leurs noms, en premier lieu, Béji Caïd Essebsi vient en tête avec 17%, suivi par Rached Ghannouchi avec 13%, Ahmed Néjib Chebbi (10,6%), Mohamed Ghannouchi (9,5%) et Foued Mébazzâa (3,4'%). Dans l'absolu, cette notoriété s'élève à 41% pour Béji Caïd Essebsi, 37% pour Rached Ghannouchi, contre 35% pour Néjib Chebbi, 28% pour Mohamed Ghannouchi, 21% pour Hamma Hammami et 9% pour Foued Mebazzâa. La crédibilité des personnalités politiques a fait aussi l'objet d'appréciation. Béji Caïd Essebsi a été crédité de 34,5%, suivi par Mohamed Ghannouchi avec seulement 10%, Néjib Chebbi (8%), Mustapha Ben Jâafar (6%), Rached Ghannouchi (6%) et Foued Mébazzâa (1,5%). Les personnes interrogées ont été aussi appelées à se prononcer sur les personnalités politiques qu'elles jugent être les plus éloignées des réalités nationales et des véritables tendances de l'opinion tunisienne. C'est le leader du mouvement islamiste Ennahdha, Rached Ghannouchi, qui vient en tête, à ce sujet, avec 23,6%, suivi par Hamma Hammami, le leader du Parti ouvrier communiste tunisien (POCT) avec 18%, Foued Mébazzâa, président de la République par intérim avec 8%, Nejib Chebbi, le leader du PDP avec 7,75%, Ahmed Brahim, le leader du mouvement Ettajdid, héritier du Parti communiste tunisien, avec 7%. Les préférences pour les régimes politiques ont donné 41% pour le régime parlementaire, contre 16% pour le régime présidentiel, tandis qu'une frange a dit préférer un régime mixte. Dans ce même ordre d'idées, et comme nous l'avons indiqué dans un article précédent, à la lumière de déclarations faites par Taieb Baccouche, ministre de l'éducation du gouvernement provisoire, le peuple tunisien semble être favorable à la voie du centre et du juste milieu sur le plan politique, puisque 45% des personnes interrogées ont dit appartenir au Centre, du point de vue politique, avec 8% plutôt à gauche, contre 18% plutôt à droite. Toutefois, 30% ont dit ne pas pouvoir, encore, se prononcer à ce sujet. Commentant ces résultats de son sondage d'opinion sur les Tunisiens et la politique qu'il compte enrichir par d'autres enquêtes similaires, Mr Salah Attia a déclaré y voir le reflet d'un électorat et d'une opinion publique vierges, mais animés par un réel désir d'engagement et de participation politiques, en attendant que la situation se clarifie davantage et que l'ordre public soit complètement rétabli. Plus de 70% des personnes interrogées ont dit, en effet, mettre l'instauration de la sécurité aux premiers rangs de leurs attentes et de leurs préoccupations immédiates.