L'intermédiaire en bourse, Amen Invest vient de publier une étude sur le secteur bancaire tunisien sur la période allant de 2009 à 2011. Ce document comprend une analyse des différents aspects du secteur tout en tenant compte de la période de l'après Révolution qui a bouleversé à quelque endroit le système financier. Aussi, la synthèse comprend-t-elle une comparaison avec le secteur bancaire marocain. Le paysage bancaire en Tunisie est formé par 44 établissements de crédit avec 21 banques dont 11 sont cotées sur la BVMT (Bourse des Valeurs Mobilières de Tunis). Ces banques disposent de 1301 agences, trois d'entre elles sont spécialisées dans la micro-finance, le financement de petites et moyennes entreprises ainsi que la finance islamique. Par ailleurs, on peut lire dans l'étude, que le FMI a appelé le secteur bancaire tunisien à favoriser les fusions afin d'assurer une taille qui soit plus compétitive et avoir ainsi la possibilité de disposer de meilleures conditions de financement. Il y a de même, la question de la Banque Zitouna crée par Mohamed Sakher El Materi au début de l'année 2009 et ayant obtenu un agrément pour la création d'une banque islamique. Les parts du gendre de l'ex-président, dans la banque, sont aujourd'hui nationalisées afin de garantir le bon fonctionnement de l'établissement. Avec seulement 8 agences, la banque Zitouna a absorbé une niche de marché grâce à son activité spécifique. Et puis, il y a les emprunts bancaires accordés sans garanties au clan de Ben Ali, mais qui ne figurent pas dans les indicateurs présentés dans l'étude d'Amen Invest. Par ailleurs, il est prévu pour l'année 2014, l'élargissement du réseau bancaire avec pas moins de 400 agences supplémentaires. L'objectif étant d'atteindre une densification d'une agence bancaire pour 7000 habitants contre 8400 actuellement. En outre, durant les quatre dernières années, l'automatisation des opérations bancaires est passée à grande vitesse à travers la prolifération des DAB (Distributeur Automatique de Billet), ainsi que l'arrivée des GAB (Guichet Automatique Bancaire). Le réseau est désormais équipé de 1427 DAB/GAB sur la totalité du territoire tunisien. Quant au taux de disponibilité des DAB, il est passé à 96% avec un taux de non fonctionnement de 4%. Ceci est pour le chiffre officiel, en revanche, plusieurs plaintes ont été formulées à propos des DAB qui ne fonctionnent pas, soit en hors service, soit en capturant les cartes bancaires surtout durant le weekend où les guichets sont fermés. Aussi, les TPE (Terminaux de Paiement Electronique) font-ils défaut lors de paiement par carte bancaire dans les divers points de commerce. Une défaillance existe quelque part sans pour autant que les autorités compétentes n'y remédient. Sachant, en plus, que le nombre des cartes bancaires a doublé, passant ainsi de 1 million en 2005 à 2 millions en 2009. Toujours selon la même étude d'Amen Invest, plus de la moitié des actifs tunisiens, soit 55%, détiennent une carte bancaire avec un volume traité à hauteur de 31 MD annuellement. La synthèse d'Amen Invest fait ressortir aussi la structure des dépôts auprès des banques sur la période de 2005 à 2009 qui est restée quasiment inchangée. De plus, sur le plan des crédits accordés par le secteur, l'évolution s'est faite avec un taux de croissance annuel moyen de l'ordre de 8,94%, passant de 22 462 MTND en 2007 à 34 460 MTND en 2011. Par ailleurs, la structure du PNB des banques est demeurée pratiquement identique avec une croissance annuelle à deux chiffres entre 2005 et 2008 et ce, malgré le recul de l'investissement local et étranger. Quant à l'engagement des banques vis-à-vis des membres de l'ancien régime, des communiqués ont été publiés dans ce sens expliquant de même les effets de ces engagements sur l'activité de l'exercice échu ainsi que celui en cours. En termes de montant de crédits accordés à la famille du président déchu, et en termes de classement et de provisionnement des créances classées, les banques étatiques ont été les plus touchées. Une partie de ces banques a décidé de répercuter les provisions sur ces créances sur l'exercice de l'année 2010, une autre sur celui de l'année 2011. En revanche, certains de ces établissements financiers estiment que les montants des crédits ayant servi pour financer des projets ne seront pas considérés comme une perte au vu de la rentabilité de ceux-là ainsi que de leur productivité. D'ailleurs, une importante partie de ces engagements est couverte par des garanties hypothécaires et financières. En termes de résolution finale, les perspectives concernant le secteur financier tunisien, surtout bancaire pour l'exercice de l'année 2011 sont plutôt pessimistes. A la lumière de la conjoncture actuelle à la suite de la chute de l'ancien régime, un constat d'une évolution des créances classées et des pertes est effectué en parallèle avec le ralentissement de l'activité économique, ce qui a pour tendance d'affecter les indicateurs au titre de l'année 2010 même si elles avaient pris un bon départ. Nadya B'CHIR