Invité hier, pour donner une conférence sur « La sécurité nationale américaine et la Révolution tunisienne », le Professeur Noureddine Jabnoun, enseignant à l'Université de Georges Town aux Etats-Unis, s'est vu conspuer par l'assistance venue très nombreuse pour suivre son approche du lien entre le changement historique que vit notre pays depuis le 14 janvier dernier et les intérêts stratégiques américains. Il était prévu, rapporte notre source, que son intervention n'excédât pas 40 minutes afin de permettre aux présents de lui poser des questions et de débattre ses thèses. Mais la conférence de M. Jabnoun dura près de 70 minutes et lorsqu'il l'acheva, prétextant une urgence, il demanda aux présents de ne lui poser qu'un nombre réduit de questions à raison d'une minute pour chaque intervenant. C'est alors que le public commença à huer le conférencier et à critiquer cette attitude à leurs yeux très hautaine. On n'est pas allé jusqu'à l'agresser physiquement, nous précise-t-on, mais certains utilisèrent à son encontre un langage assez violent. On nous apprend même qu'une Tunisienne vivant au Canada aurait déclaré être venue spécialement pour empêcher M. Jabnoun de développer ses opinions sur le sujet du débat. Il paraît d'autre part que certains RCDistes ont tenu à perturber le déroulement des débats. L'un des professeurs de l'Institut Ibn Charaf, en l'occurrence M. Mohsen Khouni (philosophe), estime que le niveau de la conférence laissait à désirer, que les vues formulées par M. Jabnoun datent d'un autre temps et que le conférencier prenait d'un peu trop haut son public. Il donnait l'air, ajoute M. Khouni, d'assurer un cours devant ses étudiants. « De plus, la Révolution tunisienne était totalement absente de l'exposé. Il n'était question que d'intérêts stratégiques américains. On aurait dit un rapport du FBI ou de la CIA. Aucune approche critique et surtout ce manque d'égard pour l'assistance composée pourtant de nombreux professeurs confirmés de l'Université tunisienne qui plus est spécialistes des questions abordées par le conférencier. Il s'est même permis de railler la devise de l'Etat tunisien et de considérer les Tunisiens indignes de leur révolution du moment qu'ils continuent à griller les feux de signalisation. Le seul propos positif que je retiens de son intervention c'est lorsqu'il nous a demandé de ne pas applaudir comme quoi il ne supportait plus cette réaction. Mais j'aurais préféré qu'il nous laisse applaudir et qu'il ne nous snobe pas, nous et notre révolution, comme il l'a fait ostensiblement ». M. Jabnoun a déjà enseigné en Tunisie (à l'Ecole militaire, plus précisément). Il est par ailleurs fils de militaire.