Les agents des bureaux de recettes et de contrôle fiscal effectuent une grève de deux jours depuis hier mercredi 4 mai. A Tunis, un important rassemblement s'est tenu dans la matinée sur la Place Mohamed Ali. Il s'agit de protester contre le peu de sérieux que le ministère du Plan et des Finances accorde à leurs revendications. D'après les responsables syndicaux de ce secteur, 26 réunions -dont celle de février dernier couronnée par un protocole d'accord- ont été déjà tenues avec le ministère de tutelle sans aboutir à la satisfaction effective des principales requêtes des fonctionnaires en grève. « Pas plus tard que mardi dernier (3 mai), rapporte M. Abdallah Gammoudi, secrétaire général adjoint de la Fédération du Plan et des Finances, nous avons de nouveau exposé ces revendications au ministre des Finances au cours d'une rencontre à laquelle participait aussi un membre du Bureau exécutif de l'UGTT ; et alors qu'on croyait être parvenu à un accord définitif et très satisfaisant sur les points soulevés, la secrétaire générale à qui le ministre confia la signature du document modifia totalement les termes de cet accord et nous proposa un autre compromis très décevant qui ne pouvait pas nous contenter ! Cette grève, nous ne l'avons pas du tout cherchée. C'est le Ministère, avec ses atermoiements répétés, qui nous y a acculés. Et aujourd'hui, il est trop tard pour la suspendre. C'aurait été possible sans cette volte-face de mardi dernier !»
Nous ne sommes pas les «sangsues» du pays
Les revendications des agents grévistes sont nombreuses, mais nous en retenons celles qu'ils considèrent comme prioritaires : titulariser les agents temporaires, vacataires ou contractuels ; opérer les changements nécessaires à la tête des directions générales ; traiter avec plus d'égards le contrôleur des finances ; favoriser la réconciliation entre l'Administration et ses agents d'une part et entre ces derniers et le citoyen d'autre part ; réintégrer les fonctionnaires licenciés abusivement et faire participer le syndicat aux commissions de recrutement, de promotion et de mutation. La Fédération Générale du Plan et des Finances déplore par ailleurs que les simples agents des finances paient auprès du contribuable les fautes des vrais responsables de la corruption et des malversations dans leurs administrations respectives. « Depuis le déclenchement de la Révolution, précise Abdallah Gammoudi, entre 25 et 30 bureaux de recettes et de contrôle des impôts ont été pillés ou incendiés à travers le pays. Certains agents ont été molestés par les citoyens ; d'autres ont reçu des menaces de mort ou bien ont vu leurs biens subir un saccage systématique. Or, dans notre fonction nous ne sommes que les exécutants d'une politique fiscale inique qui ne profite ni aux modestes contribuables, ni à nous autres fonctionnaires du Plan et des Finances. Nous comprenons la rancœur des Tunisiens, mais les vraies sangsues du pays sont aujourd'hui à l'abri des sanctions. A l'échelle de la Fonction Publique, nous sommes les plus lésés et les moins bien rémunérés. Ce sort ingrat nous l'avons trop longtemps souffert alors que nous contribuons à 70 % du Budget de l'Etat. Sachez aussi que parmi nous, se trouvent des agents incontournables dans la marche de l'Administration et dans le fonctionnement de ses divers services, mais qui ne sont jamais promus au grade supérieur. Des fonctionnaires comme les porteurs de contraintes qui effectuent quasiment les mêmes tâches qu'un huissier notaire sont dérisoirement rétribués et restent toujours tributaires du bon vouloir de leurs supérieurs lesquels décident du nombre de missions à leur confier. Parfois, les déplacements effectués leur rapportent moins de 50 dinars par mois ; en sachant que leurs chefs ne les autorisent pas à accomplir d'autres fonctions pour améliorer leur revenu mensuel. »
Un accord en vue ?
Le Syndicat du Plan et des Finances nous a appris hier matin que dans les régions, le premier jour de grève a été suivi à plus de 90 %. A Tunis, le mouvement semble avoir également réussi. Nous avons savons d'autre part, que les grévistes se sont rendu hier avant-midi devant le Premier Ministère. Là-bas, une délégation représentant les agents du Plan et des Finances fut reçue par M. Rafâa Ben Achour, ministre délégué auprès du Premier Ministre. L'entrevue promet apparemment ! Badreddine BEN HENDA