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Au cœur de la Révolution, les cafés de l'Avenue !
La vie dans la cité
Publié dans Le Temps le 14 - 05 - 2011

Il est vrai que la Révolution compte de nombreux hauts-lieux à travers le pays ; mais à Tunis, c'est l'avenue Habib Bourguiba qui fut et est encore un point (sinon le point) névralgique de ce mouvement historique. Sur cette grande artère de la capitale et aussi du côté de la Porte de France, nous avons choisi de retenir trois noms de cafés pour sonder la part qu'ils ont pris dans l'activisme militant de ces trois derniers mois: il s'agit du café Le Dinar, de l'Univers et du Café de Paris. Ce n'est nullement un choix arbitraire.
Les trois espaces ont contribué et contribuent toujours à la Renaissance et à la vie intellectuelle et culturelle de Tunis. Depuis le 14 janvier 2011, leur implication s'est renforcée, mais cela a coûté un prix plus ou moins élevé à leurs propriétaires et à leurs employés respectifs. A un degré moindre aux clients également. Mais il faudrait tout d'abord signaler que, contrairement aux deux autres cafés, Le Dinar ne sert pas d'alcool. Rappelons, d'autre part, que les trois commerces ne reçoivent pas le même type de clientèle. Au Dinar, par exemple, on rencontre quotidiennement des instituteurs et des professeurs du secondaire très engagés syndicalement et politiquement. La proximité du siège de l'UGTT explique en partie cette fréquentation régulière. Autre chose à savoir sur les clients du Dinar: une majorité de ses habitués parmi les intellectuels est composée de gauchistes marxistes et de pan-arabistes. Il faut reconnaître, par ailleurs, que les prix abordables du Dinar justifient l'assiduité de cette masse d'enseignants aux moyens financiers limités. Les clients fidèles de L'Univers, eux, sans être des nantis de la société, peuvent s'offrir des boissons à des prix également, abordables. Ce sont, dans une bonne partie, des enseignants du Supérieur ou du secondaire ; sinon des artistes et des écrivains. Quelques journalistes s'y rendent aussi. Au Café de Paris, en particulier, pendant le service matinal, on rencontre un nombre considérable d'avocats connus. Un ou deux écrivains de renom, quelques intellectuels et hommes de la presse écrite figurent parmi les habitués du lieu.

Des frayeurs à répétition

Situé, certes, à l'écart de l'avenue Habib Bourguiba, Le Dinar a constitué un premier lieu de rencontre d'où partent ensuite les participants aux rassemblements syndicaux de la Place Mohamed Ali et aux manifestations organisées devant le ministère de l'Intérieur ou face au Théâtre municipal. Le jour où la police dispersait le sit-in de la Kasba 2, nous y étions juste au moment où l'accrochage commença entre les agents de l'ordre et les jeunes manifestants repoussés sur Bab B'har. Pour se défendre ou charger les policiers, ces derniers se ruèrent sur les nombreuses chaises des deux cafés les plus proches (dont le Dinar) et s'en servirent comme boucliers ou comme projectiles. Les serveurs durent alors sauver celles qui restaient et lorsque la police lança ses bombes lacrymogènes, le café ferma ses portes le plus hermétiquement possible. Nous nous réfugiâmes à l'intérieur avec deux ou trois autres clients et le personnel du café. En voulant suivre les scènes de rue à travers un vasistas, le fils du propriétaire chuta et faillit se fracturer la jambe. Les jours suivants, le Dinar connut des frayeurs semblables surtout à l'occasion des batailles rangées entre les vendeurs ambulants de la zone. Mais on parvint à sauver les meubles à chaque fois. Les clients, eux, ont rarement manqué à l'appel. Même si le Dinar a quelquefois fermé ses portes pour toute une journée en raison des violences auxquelles il était exposé continuellement, c'est encore, aux yeux de ses habitués, un passage obligé (tunisois) de la Révolution.

Des pertes et un manque à gagner

Le café l'Univers n'a pas souffert de la casse : d'après l'un de ses serveurs, chaque fois que l'on pressentait du grabuge, on rentrait toutes les tables et les chaises de la terrasse et l'on descendait les stores et les rideaux en fer. En revanche, les recettes ont chuté de moitié : « Nos meilleurs bénéfices, explique ce jeune employé, nous les réalisons sur les ventes de bière. Or, nos clients sont plus nombreux entre 15 et 16 heures, c'est-à-dire au plus fort des manifestations. Craignant de subir les violences que celles-ci sont susceptibles de provoquer, ces clients préfèrent aller ailleurs. De plus, avant nous fermions assez tard. Ce n'est plus possible aujourd'hui. Conséquence logique : on ne fait plus 3 millions de recettes, mais à peine 1500 ou 1200 dinars ! ». Il n'empêche, d'après ce que nous constatons à chacun de nos passages, que les clients du matin sont relativement nombreux. Ils s'installent sur la terrasse ou à l'intérieur et n'arrêtent pas de commenter ce qui se passe autour d'eux, d'évaluer les chances de réussite de la Révolution et de se perdre en conjectures concernant le Printemps arabe ! Cependant, c'est le Café de Paris qui a payé le prix le plus élevé, depuis le 14 janvier dernier. Les dégâts occasionnés le 25 février, dans cet espace vitré de partout, sont encore dans toutes les mémoires : « Jusqu'à 14 heures 30, aucun signe dans la manifestation, précise le caissier, ne présageait la tournure violente que celle-ci allait prendre ; mais lorsque l'affrontement commença avec les forces de l'ordre, les casseurs s'attaquèrent à tout ce qui bougeait ou ne bougeait pas dans notre café. Aucune vitre n'a été épargnée. La caisse a été vidée, le comptoir saccagé, et nos assaillants s'offrirent bien des caisses de bière et du matériel extrêmement cher. Les chaises et les parasols de la terrasse ont été emportés ou jetés contre les policiers. Je ne peux pas exactement vous dire à combien se sont élevées nos pertes ; mais mon patron a dû payer une facture très salée pour les réparations. Sans oublier les quelques jours chômés que celles-ci nous ont coûtés ! ». Aujourd'hui, les employés du Café de Paris prennent un peu plus de précaution, les clients aussi. Surtout que le café donne toujours sur l'Avenue la plus « chaude » de la Révolution. Toujours est-il que les avocats, les écrivains, les enseignants retraités continuent de s'y rencontrer et de commenter l'actualité autour d'un capucin, en ayant tout le temps un œil sur ce qui se passe dehors. Un peu plus loin, au café qui jouxte le ministère de l'Intérieur, on n'est pas mieux loti avec ces nombreux rouleaux de fils de barbelés tout autour. La caissière jure que les recettes du café ont considérablement chuté depuis la Révolution. « Ce sont les cafés d'en face qui récupèrent les clients que nous perdons ! »


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