L'e-G8, ce sommet de l'internet réunissant à Paris le gratin de la Toile en prélude au G8 de jeudi et vendredi, s'est ouvert hier sur un appel du président Nicolas Sarkozy à moraliser le web, tandis que les professionnels se félicitaient de leur poids économique croissant. Le président français a lancé lors de son discours d'ouverture un appel "à la responsabilité collective" des acteurs du net, lieu traditionnel de liberté débridée. "Ne laissez pas la révolution que vous avez lancée véhiculer le mal, sans entrave, ni retenue. Ne la laissez pas devenir un instrument aux mains de ceux qui veulent porter atteinte à notre sécurité, et donc à notre intégrité", a-t-il dit. Les gouvernements se sont déjà plusieurs fois heurtés aux velléités libertaires qui s'expriment sur internet, comme pendant les révélations de télégrammes diplomatiques américains secrets diffusés par le site wikileaks. Les thèmes des droits d'auteurs ou de la protection des données personnelles, qui seront abordés, peuvent aussi être générateurs de frictions. Nicolas Sarkozy, dont le pays exerce la présidence du G20, a déclaré que "les Etats souhaitent engager avec vous un dialogue pour qu'une voie équilibrée puisse un jour être trouvée entre vos intérêts, ceux des internautes qui vous plébiscitent chaque jour et ceux enfin des citoyens et des contribuables de chaque nation". "Vous ne pouvez pas vous exonérer de valeurs minimum", a-t-il insisté devant les patrons des grands groupes du secteur, tels Facebook, Google ou encore eBay. Ces derniers se retrouvent se réunissent jusqu'à mercredi pour débattre et alimenter la réflexion des participants au G8 de Deauville. Le cabinet de conseil McKinsey a dévoilé une étude informant que le secteur de l'internet pèse 3,4% du PIB dans 13 pays (ceux du G8 plus le Brésil, la Chine, l'Inde, la Corée du Sud et la Suède), et qu'il a contribué à 10% de leur croissance au cours des cinq dernières années.
5000 manifestants contre le G8 au Havre «G8 dégage » et « Le nucléaire tue l'avenir» Avant Deauville, le G8 a débuté avant-hier au Havre avec les opposants qui contestent ce gouvernement du monde. Bassin du commerce, au cœur du Havre, à deux pas du Volcan, le théâtre dessiné par l'architecte brésilien, Oscar Niemeyer. Le cortège des anti-G8 passe devant le casino. Deux banderoles sont déployées au-dessus de l'eau. Leurs slogans résument le ton de la journée : « G8 dégage » et « Le nucléaire tue l'avenir ». Cinq jours avant la réunion de huit chefs d'Etat des grandes puissances à Deauville, de l'autre côté de l'estuaire de la Seine, le Havre accueille la contestation. Dans une ambiance très éloignée des affrontements habituels des grands rassemblements internationaux. Rien à voir avec les scènes de violence du sommet de l'Otan, à Strasbourg. Par sécurité, la Fest'Yves, grande fête des Bretons du Havre avait été annulée. Elle aurait pu se tenir sans problème. Quelques vitrines ont malgré tout été brisées en fin de manifestation. Un peu plus de 5 000 personnes ont défilé dans un centre-ville aux vitrines fermées et aux rues quadrillées par les CRS. Une mobilisation modeste mais conforme aux prévisions des organisateurs. Thierry Le Paon, patron de la CGT Basse-Normandie est venu en voisin : « Les gens ne perçoivent pas le rapport entre leurs préoccupations quotidiennes et les décisions du G8. Il fallait être présent pour réaffirmer nos valeurs. Et notamment la nécessité d'une Europe sociale ». Dans le cortège, les syndicats havrais forment le gros des troupes. Quelques petites délégations étrangères les rejoignent. Des Tunisiens continuent leur révolution. Un Japonais vient parler de Fukushima. Josette Poilpré, Jacky Mercier sont venus avec une petite délégation de la Sarthe. Syndicalistes CGT ou militants du NPA, ils ont leur propre slogan : « On ne va pas laisser les grands de ce monde décider pour nous. Surtout que leurs décisions ne sont vraiment pas les bonnes ». Les « grands de ce monde » sont attendus à Deauville à partir de demain midi. Pas sûr que l'écho de la manifestation du Havre soit assez fort pour faire bouger leur politique