L'impact de la crise financière et économique actuelle sur la croissance de la Tunisie est jugée importante. L'économie tunisienne a été fortement touchée depuis le 14 janvier. Il s'agit maintenant d'étudier les causes et les origines relatives à la vulnérabilité économique du pays et de diagnostiquer un modèle de développement pour le futur. C'est dans ce cadre que s'inscrit le colloque intitulé « Quel modèle de développement pour la Tunisie démocratique » et organisé du 6 au 8 juin à Hammamet par l'Association des économistes tunisiens avec le concours de Perspective Stratégies et Développement durable et Hanns Seidel Stifung et la délégation de l'Union Européenne en Tunisie. Pourquoi un nouveau modèle de développement ? Quatre raisons peuvent être avancées par Mohamed Haddar Président de l'ASECTU « une économie gangrenée par la corruption, une mauvaise intégration à l'économie mondiale, un déséquilibre régional flagrant et un chômage inquiétant » Il est vrai que le type de développement très fragile suivi par la Tunisie n'a pu répondre aux aspirations du peuple tunisien. « Avec la révolution, la Tunisie veut rompre avec les schémas de développement passés. Il est donc urgent de prendre des décisions pertinentes et structurelles pour sortir de cette impasse a précisé M Adrianus Koetsenrujter ambassadeur et chef de délégation de l'Union Européenne en Tunisie qui ajoute que l'Union Européenne veut devenir un partenaire entier de la Tunisie malgré une conjoncture économique difficile. Le programme présenté au sommet du G8 constitue une démarche importante pour booster l'économie tunisienne et consolider les flux financiers et touristiques et créer ainsi des milliers d'emplois. Prenant la parole, Jalloul Ayed ministre des finances a précisé que la Tunisie passe par une étape importante dans son histoire celle de la transition démocratique. « C'est une étape nécessaire pour la démocratie et la prospérité. La révolution présente une nouvelle situation. Elle exige de nouvelles réflexions. Comment restaurer cette économie fragilisée ? Comment offrir des emplois à ces 3,5 millions de jeunes ? Nous sommes confrontés à plusieurs défis. Nous sommes devant de nombreux chantiers. Cela exige du travail de longue haleine face à ces problèmes de chômage et d'inégalité régionale. Il faudrait des mesures urgentes pour embaucher les 750 mille chômeurs » Réformer le système financier Comment rétablir la confiance et quel modèle économique doit –on suivre ? M Jalloul Ayed a estimé que les solutions ne manquent pas pour assurer le décollage économique du pays « Une solution urgente c'est l'investissement pour résorber le chômage. Mais en Tunisie avoue le ministre nous n'avons pas de structures d'investissement. Le programme d'investissement a été toujours fait à travers le budget. La Tunisie n'a jamais connu une politique d'investissement réel. D'où la nécessité de créer des moteurs d'investissement. Il faudrait deux réacteurs : une caisse pour financer l'infrastructure et un fonds de soutien pour accompagner les projets privés. La Tunisie connaît un déficit d'investissement privé qu'il faut rapidement combler. L'investissement privé est faible et ne dépasse pas les 12% du PIB. Ce manque de dynamisme du secteur privé explique la faiblesse dans la création d'emplois. Avec une nouvelle politique d'investissement, on peut créer durant les cinq prochaines années un million d'emplois. Il faut miser sur le secteur privé créateur d'emplois et de richesses. Les réformes du système financier imposent notamment l'encouragement des micro-crédits pour les petites entreprises et la mise en place d'un cadre réglementaire pour les projets industriels. La prospérité future du pays repose sur cette jeunesse même si on devrait prendre des risques et là il faudrait dynamiser les PME malgré que notre système financier n'est pas prêt actuellement. Il faudrait réformer notre système banquier qui doit suivre le développement. Ceci exige une limitation des banques publiques avec plus de gouvernance et de transparence dans la gestion des entreprises financières. Il faudrait se mettre au travail rapidement et mettre à niveau notre système bancaire. Ce n'est pas difficile. La réforme du système financier doit suivre avec le développement du marché des capitaux. Ceci sans oublier de réformer aussi l'appareil de l'Etat. La Tunisie a des atouts pour réussir sa transition économique. On a le droit de rêver et d'être confiant surtout que plusieurs pays nous ont soutenu dans cette révolution. Les chefs d'Etats du G8, ont décidé de mobiliser 40 milliards de dollars pour l'Egypte et la Tunisie sur les trois prochaines années. Nous avons obtenu 4 milliards de dollars sur deux ans. Reste la réunion du 12 juillet à Bruxelles pour articuler cette aide du G8. Certes nous avons besoin de 25 millions de dollars pour identifier nos projets et accompagner ce vrai décollage du pays » a estimé le ministre.