Qu'en est-il de la question du financement des partis, à deux mois des élections de la Constituante? Eh bien la réponse est dans la formule qui dit ‘'on vous cache tout, on ne vous dit rien'' même si la question est ouvertement en débat et personne ne s'en cache. Le tout est dans le cadre d'un débat qui se veut transparent depuis l'avènement de la Révolution. Et même si le débat a fait couler beaucoup d'encre, la Haute instance présidée par Yadh Ben Achour n'est pas encore parvenue jusque là à coucher sur papier un projet de décret loi réglementant le financement des partis. D'aucuns considèrent que dans ce souk pré-électoral et le brouhaha suscité par des meetings par-ci et des rencontres médiatiques par-là, les disparités entre les partis se creusent. Certains sont fragilisés de par le peu de financement dont ils disposent alors que d'autres ont déjà fait des pas dans des campagnes politiques avant l'heure. Et si le décret-loi tarde à venir, les raisons de ce retard s'expliquent par un malaise à l'intérieur même de l'instance attisé par un antagonisme d'intérêts. Pour Me Mohamed Abbou le secrétaire général du parti le Congrès pour la République (CPR) "la priorité est à l'organisation des élections le 23 octobre prochain. Un autre report de la date sera préjudiciable. Le projet de décret loi vient en second lieu pour montrer la voie pour la création des partis, leur mode de gestion et les modalités de leur financement. A rappeler que le CPR a toujours fait un appel pour mettre les règles qui fixent les donations des militants, à publier périodiquement les recettes des partis et non pas se contenter de le faire auprès de la cour des comptes. " Adel Chaouch, membre du "comité politique" du parti Ettajdid reprend la même idée. Le rédacteur en chef du journal ‘'Tariq Jadid'' trouve que la question de la réglementation du financement des partis est nécessaire, vitale même. " Il faut mettre de l'ordre pendant cette période transitoire en fixant un plafond de financement et en exigeant la transparence totale sans laquelle on ne peut dire qu'on évolue dans une démocratie. " dit-il. Issam Chebbi, le secrétaire général adjoint du Parti démocrate progressiste donne un autre son de cloche. Le trésorier du PDP croit dur comme fer en la nécessité de réglementer le financement des partis mais sans pour autant fixer un plafond. " Il faut prendre en considération les exigences matérielles pour mener à bien une campagne électorale. Les spécialistes de la Haute instance qui veulent fixer un plafond de financement pour les partis ne sont pas bien placés pour le faire. On se demande pourquoi on n'applique pas cette règle à l'endroit des associations qui ont la possibilité même de récolter des fonds étrangers et sans plafond. " Par ailleurs le PDP se prononce contre la promulgation du décret-loi pour la création des partis puisqu'on évolue dans un paysage politique pluraliste. " Ce serait une perte de temps que de discuter de la création des partis alors que 100 partis ont déjà eu leur visa et qu'ils sont déjà actifs " conclut notre interlocuteur. Pour Ennahdha la question a été clarifiée depuis peu lors de la conférence de presse tenue à l'occasion du 30ème anniversaire du parti. Ennahdha boycotte une instance qui aux yeux de ses partisans ( ceux d'Ennahdha) a perdu sa légitimité " après avoir dérogé à la règle selon laquelle elle a été créée à savoir, le consensus. " Principale pomme de discorde à l'intérieur de cette instance, le décret loi portant sur l'organisation des partis, et bien entendu leur financement, sera décortiquée aujourd'hui à partir de 15h00. On l'espère bien. Autrement la question restera de savoir si l'on élira ses représentants à la Constituante d'une manière consciente et réfléchie sur la base d'un programme électoral où c'est plutôt le flux des monnaies sonnantes et trébuchantes qui y fera l'affaire.