Libérée de la monotonie et de l'immobilisme qui l'accablaient depuis plus d'un demi-siècle, la scène politique post-Révolution en Tunisie vit des moments euphoriques, une effervescence et un dynamisme que le Tunisien ordinaire peine à assimiler les contours, à comprendre la nature et à suivre le rythme. Le Tunisien a fait sa Révolution pour qu'il vive et travaille dans la sécurité et la quiétude et pour qu'il jouisse de tous ses droits dans le cadre de la primauté de la loi, de l'égalité des chances pour tous et du partage équitable des richesses du pays et des dividendes du développement et de la prospérité. Il s'impatiente, aujourd'hui, pour que soit instaurée une vraie démocratie garantissant toutes les libertés et bannissant à jamais les tentations d'hégémonie et les dangers du retour à la dictature et la tyrannie. Certes, il n'y a pas de démocratie sans multipartisme, sans un débat sincère et franc entre toutes les composantes de la société et sans une confrontation d'idées sur tous les sujets nationaux et les problèmes du pays. Seulement, la nouvelle donne post-Révolutionnaire a favorisé un foisonnement de partis politiques, d'associations, de nouveaux journaux, de nouvelles radios et avec elles un climat de cacophonie, de désorganisation et d'une rivalité haineuse entre parties adverses axée plus sur l'échange d'invectives que sur la recherche de consensus et de solutions. Tout ceci est la caractéristique d'une transition de la dictature à une démocratie naissante. Mais tout ceci laisse le Tunisien pantois, indécis sans savoir quelle voie emprunter, ni quelle partie suivre. Et les sondages le démontrent. Le dernier en date nous enseigne que deux Tunisiens sur trois ne savent pas pour qui ils voteront, et qu'Ennahdha est le parti qu'ils connaissent le plus. Seulement, il est légitime de s'interroger sur le degré de fiabilité des instituts de sondage, sur leurs motivations et savoir s'ils sont manipulés ou non par une quelconque partie. Lorsqu'on sait qu'ils ont provoqué des controverses et des polémiques dans des pays ancrés dans la démocratie que dire alors dans un pays encore en état d'initiation ? Une chose est sûre, le Tunisien n'a pas encore fait son dernier choix et il réserve peut-être de grosses surprises à plus d'un observateur ou d'un professionnel de la politique. Lotfi OUENNICHE andalib [email protected]