Par Hechmi GHACHEM - Les statistiques n'ont pas été réalisées mais, il y a de cela quelques années, la Tunisie comptait le plus grand nombre de festivals, par nombre d'habitants : quelque trois cents pour dix millions d'âmes. C'est ahurissant ! Reste à savoir, qu'outre la quantité, quelle qualité ont ces bataillons de festivals ? Ne nous attardons pas sur les caractéristiques des deux festivals internationaux que sont ceux de Carthage et Hammamet, ni sur les « nationaux », qui ont généralement élu domicile dans les chefs-lieux des gouvernorats, mais penchons nous sur les dizaines et les dizaines qui restent, et dont certains ressemblent à une petite soirée de quartier, dont le budget ne dépasse pas cinq- cent dinars. C'est ridicule ! On en est arrivé au stade, où chaque cellule de l'ex-parti au pouvoir avait –ou voulu avoir- son propre festival. Quel changement eut lieu lors de cette saison estivale, post -révolutionnaire ? Pratiquement rien, à part le fait que ceux qui distribuent les cartes, ne sont plus les mêmes, mais ressemblent en tous points, à ceux qui les ont précédés. Ainsi a –t- on vu tel professeur du secondaire, désigné à la tête d'un festival national, sans que cela ne soulève la moindre problématique. C'est comme si l'on avait nommé un caméraman, comme proviseur de lycée. Où sont les Hommes de culture, du moins ceux qui ont été formés pour animer le secteur ? Nulle part, comme toujours. Les artistes et les Hommes de culture continuent à être utilisés comme serpillière. On s'en sert au gré des évènements, pour essuyer les traces laissées par les politiciens. Pour pallier cette anarchie, les solutions existent. Tout d'abord, réduire le nombre extravagant des festivals et opter pour le renforcement et la valorisation de quelques uns. Garder, ou sauvegarder ceux qui ont fait leurs preuves, et qui gagneraient beaucoup à être renforcés. Tels que Carthage, Hammamet, et le troisième venu sur l'échiquier, à savoir celui de Tabarka. La durée de ces festivals ne doit pas dépasser une semaine, dix jours. Et doit avoir ses spécificités et sa spécialité. On sait que le festival de Tabarka s'est déjà imposé comme celui du jazz et des musiques du monde. Qu'il garde le même cap pour son développement. Le théâtre, quant à lui, a trouvé refuge au Kef. Qu'on lui fournisse ce dont il a besoin pour qu'il progresse et s'émancipe. Il faudrait, par ailleurs, trouver un quartier général, pour une grande manifestation consacrée à la musique tunisienne, ancienne et moderne. Et un autre pour les courts et moyens métrages, ainsi qu'un troisième pour la danse, etc, etc… Ces manifestations doivent être couvées et chouchoutées par le ministère de tutelle. Quant aux spectacles de variété, qu'ils soient orientaux ou occidentaux, ils doivent être laissés au soin, des organisateurs privés. Cela n'empêche que les deux festivals internationaux que sont Carthage et Hammamet, pourraient programmer des spectacles de variété, de qualité. Bien sûr que l'élimination de festivals minuscules et le renforcement de quelques autres d'envergure, nécessiteront toute une préparation, du côté des infrastructures de déplacement, de la restauration etc… Sans entrer dans les détails, ni nous ériger en conseillers auto -proclamés du ministère de tutelle, nous nous attendons à ce que ce dernier se débarrasse enfin de ses épaves, pour instaurer une nouvelle façon de vivre les festivals.