La définition de la société civile, le rôle qu'elle a à jouer dans la phase actuelle, sa contribution dans la réalisation des objectifs de la Révolution et surtout sa participation dans l'élaboration de la Constitution ont été au centre de débat qui s'est déroulé hier à Mahdia, lors des assises nationales regroupant des associations et des citoyens de toutes les régions. « Pensons notre Constitution », c'est sur ce thème d'actualité que les organisateurs -à savoir l'Association Manifeste, RAID ATTAC et l'Organisation Tunisienne pour la Citoyenneté – ont choisi de placer ces Assises. Certes, le moment est crucial pour notre pays. Il ne reste en fait, que trois mois pour élire les membres de l'Assemblée de la Constituante qui auront notamment, pour mission d'élaborer la Constitution de la Tunisie nouvelle. Conscientes de l'importance de cet événement inédit, les trois Associations ont choisi de rassembler des personnalités nationales, des juristes, des associations, des représentants des corps professionnels, des artistes, des journalistes et des jeunes venant de différentes régions pour élaborer une vision globale de la Constitution, laquelle sera présentée sous forme de recommandations. Pour ce faire, neuf ateliers de réflexion ont été organisés pour permettre aux participants de donner leurs avis sur les questions suivantes : les principes généraux de la Constitution, la charte des libertés et des droits dans la Constitution, les structures des pouvoirs, le pouvoir judiciaire, les instruments de contrôle, le découpage territorial et le développement régional, la liberté de la presse et des médias, la place de la culture et de l'art dans la nouvelle Constitution et la souveraineté populaire. L'organisation d'une telle rencontre reflète le rôle que doit jouer la société civile pour établir les principes de la démocratie et surtout assister le citoyen à exercer ses devoirs et à acquérir ses droits. Ce point a fait l'objet d'un débat lors de la séance plénière, étant donné que le Tunisien est encore réticent pour s'inscrire aux élections de l'Assemblée Constituante prévues pour le 23 octobre.
Le rôle à jouer
Mais quelle est tout d'abord la définition de la société civile ? « Un concept très récent », d'après Gilbert Naccache, l'un des animateurs de la séance plénière. Elle est d'après lui « tout ce qui est organisé dans la société en dehors des structures de l'Etat, dont les partis politiques ». Très développée dans le monde occidental et symbole de la société contractuelle, moderne la société civile tente de tracer son chemin en Tunisie. Longtemps réprimée sous l'ancien régime, « elle doit jouer un nouveau rôle », signalent quelques participants. Elle est appelée plus que jamais à promouvoir les droits de l'homme, à plaidoyer pour des principes universels, à agir et ne pas réagir seulement. De son côté, Ezzedine Hazgui, animateur du débat sur le rôle de la société civile dans la réalisation des objectifs de la Révolution insiste sur le fait que son rôle actuellement est d'inciter les citoyens à s'inscrire pour exercer leur droit : élire dans trois mois les membres de la Constituante. Une tâche que les partis politiques doivent accomplir mais aucun n'est en train de l'assumer amplement, toujours d'après M. Hazgui. Il rappelle dans ce cadre que la société civile a occupé une position importante même lors de la phase coloniale. La Tunisie comptait 14 300 organisations civiles lors de la période de colonisation. Toutefois, « la Tunisie a besoin aujourd'hui d'une société civile dynamique pour contribuer dans l'élaboration de la Constitution », réitère M. Hazgui.
Démission du peuple
Cela s'explique d'après quelques participants par la démission du peuple vis-à-vis de l'élaboration de la Constitution. La société civile doit dès lors chercher sa légitimité pour aider le citoyen à dire son mot par rapport à cette question et surtout l'assister à participer activement à cet événement historique. Mais comment doit-elle procéder pour mieux communiquer avec les citoyens ? Quel langage doit-elle utiliser pour faire passer ses messages ? Est-ce dans la langue maternelle, en français où en arabe dialectal ? Cette question essentielle pour quelques-uns et qui va de pair avec l'identité du Tunisien, a fait l'objet de plusieurs points de vue. Car la langue à utiliser reste pour eux « très importante pour s'adresser à un nombre très large de citoyens ». Ils pourront ainsi dire leur mot quant à la Constitution et exercer dès lors leur Citoyenneté.