• 138 affaires en justice instruites contre le président déchu et sa famille Le gouvernement tunisien multiplie les démarches pour récupérer l'argent public détourné illégalement à l'étranger par l'ancien président Ben Ali, les membres de sa famille, ses gendres et ses proches collaborateurs et il s'est avéré d'après les conclusions des enquêtes judiciaires menées à ce propos que le président déchu et son clan utilisaient des agents spéciaux pour transférer cet argent en devises à l'étranger et les déposer dans les banques étrangères des grandes places financières internationales au nom de sociétés – écran. Lors du point de presse bihebdomadaire intergouvernemental, tenu, ce jeudi 28 juillet 2011, au palais du gouvernement à la Kasbah, le représentant du ministère de la justice, Mr Kadhem Zine el Abidine, du cabinet du ministre, a indiqué que deux délégations tunisiennes comprenant des hauts magistrats et des hauts cadres du ministère de l'intérieur se sont rendues cette semaine dans la ville de Lyon en France, où les envoyés tunisiens ont eu des entretiens intensifs avec les hauts responsables de la police internationale ‘'Interpol'' dont le siège se trouve dans cette ville française, et ce pour examiner les voies et moyens susceptibles d'accélérer l'exécution des commissions rogatoires lancées par la justice tunisienne, à ce sujet. Cette visite au siège de l'Interpol est d'autant plus importante qu'elle a été initiée par l'Organisation non gouvernementale à vocation internationale ‘'STAR'' qui aide les pays dans la situation de la Tunisie à recouvrer leur argent détourné à l'étranger. Les démarches tunisiennes sont appuyées également par le Réseau européen ‘'Eurojustice'', oeuvrant dans le même sens. Les deux délégations tunisiennes ont rencontré également les représentants de nombreux pays d'Europe, d'Amérique et de la région arabe, membres de l'Interpol concernés par l'argent tunisien volé, telles que la Suisse, la Belgique, l'Italie, Malte,le Canada, les Etats Unis, les Emirats arabes unis , la Jordanie. Le directeur général des affaires pénales au ministère de la justice qui avait fait partie de l'une des deux délégations, a été choisi pour servir de contact avec l'Interpol. Sur un autre plan, le nombre des affaires judiciaires instruites à l'encontre du président déchu, de son épouse, des membres de sa famille, de ses gendres et des ses anciens collaborateurs a atteint 138 affaires dont quelques unes ont été jugées par les tribunaux. Mr Kadhem Zine el Abidine a signalé deux nouvelles affaires en cours d'instruction, dont l'une est une affaire de trafic d'influence et de malversation financière, instruite depuis le 20 juillet. L'ancien président déchu y est accusé d'avoir abusé de sa fonction pour amener la compagnie nationale TUNISAIR à utiliser des crédits qui lui étaient initialement alloués pour équiper son propre avion de commodités et d'accessoires de confort supplémentaires. Les sommes détournées sont importantes. La deuxième affaire est également une affaire de malversation au détriment de l'Office de l'aviation civile. Des instructions ont été données par l'ancien président en vue de mettre à la disposition de Jalila Trabelsi, une de ses gendres, une voiture appartenant à cet Office et un chauffeur, ce qui a porté préjudice à la trésorerie de l'Office. Le représentant du ministère de la justice a évoqué, en outre, la grande affaire instruite à l'encontre de l'ancien président déchu et de son clan et dans laquelle Ben Ali et les membres de son clan sont accusés de constitution d'associations de malfaiteurs dans le but de s'attaquer aux gens et aux biens publics et privés, de blanchiment d'argent, et de malversation financière et immobilière. Le nombre des accusés s'élève à 60 personnes. Il y a eu également, dernièrement, l'ouverture d'une enquête judiciaire à l'encontre d'un homme d'affaires tunisien et de son épouse dont les avoirs en banques ont été gelés et estimés à 16 millions dinars en devises. Cet homme était utilisé comme un agent spécial par Ben Ali et son clan pour détourner l'argent public tunisien à l'étranger. Il déposait des sommes d'argent considérables dans les banques tunisiennes puis il procède à leur exportation à l'étranger au nom de sociétés-écrans. D'importantes sommes ont été transférées à l'étranger grâce à ce moyen par l'ancien président, les membres de sa famille, ses gendres et ses proches collaborateurs. Le représentant du ministère du commerce et du tourisme, Mr Fethi Fadhli, directeur des enquêtes économiques, a annoncé, de son côté, que des mesures ont été prises de concert avec les services de la douane, du ministère de l'intérieur et de l'armée nationale, pour juguler le trafic des produits alimentaires tunisiens vers la Libye et qui a occasionné de graves perturbations au niveau de l'approvisionnement du marché intérieur tunisien, et favorisé des spéculations ayant entrainé des augmentations de prix irraisonnables. La lutte cible plus particulièrement les produits subventionnés, comme le sucre, le thé, le lait, l'huile végétale. Il s'agit d'interdire l'exportation illégale de toute sorte de marchandise en dehors des circuits réglementaires. Mr Fethi Fadhli a passé en revue les dispositions prises en vue d'assurer l'approvisionnement du marché tunisien en tous produits, durant le mois de Ramadan, dans de bonnes conditions. D'autant que la saison agricole est bonne, cette année, et que le mois du jeûne, étalé sur le mois d'août, coincide avec la récolte des divers fruits et légumes de l'été. Aussi, Mr Fadhli a émis l'espoir que les tunisiens passeront un bon mois de Ramadan, cette année, à condition qu'ils sachent faire preuve de modération et évitent les achats intempestifs et démesurés, car la spéculation est engendrée par la rareté et la pénurie. ‘'Nous avons des programmes de production et des stocks régulateurs qui couvrent les besoins pendant deux mois, en tous produits, notamment les produits alimentaires de grande consommation et il n'y a aucune raison pour s'affoler et stocker à tort et à travers, a-t-il dit. Ainsi, s'agissant des viandes rouges, il a été procédé à l'importation de 500 tonnes de viande bovine et 100 tonnes de viande ovine. La production de viande de poulet a été renforcée pour atteindre 8300 tonnes au mois d'août, soit le niveau de consommation habituel, outre un stock de 2300 tonnes. Pour la viande de dinde, on prévoit une production de 3500 tonnes, outre un stock de 2500 tonnes. La production d'œufs atteindra 140 millions unités , outre un stock de 58 millions d'unités. La production de légumes verts, notamment le persil très consommé au mois de Ramadan, répond à la demande. Au même moment, les services de contrôle économique vont intensifier leurs opérations durant cette période, pour lutter contre les hausses illicites des prix. De son côté, Mr Tarek Sâadi, directeur adjoint à la direction générale des affaires consulaires au ministère des affaires étrangères, a fait un exposé sur les actions entreprises par les représentations diplomatiques et consulaires tunisiennes à l'étranger, notamment en Europe, en vue d'inscrire les tunisiens à l'étranger sur les listes électorales en prévision des élections de l'Assemblée constituante le 23 octobre, sous la supervision et en étroite coordination avec la haute commission indépendante pour les élections. Toutefois, les tunisiens à l'étranger voteront les 20,21 et 22 octobre. Mr Tarek Sâadi a indiqué que la contribution du ministère des affaires étrangères est logistique, et que les listes établies sont envoyées quotidiennement à la haute commission des élections. Cependant, les tunisiens à l'étranger montrent un intérêt croissant à cette échéance électorale et viennent s'inscrire en grand nombre malgré les difficultés liées au fait que l'opération se déroule en terre étrangère et dans des pays qui ont leurs propres lois. Mais, les services consulaires ne ménagent aucun effort en vue de répondre à cette attente. D'ailleurs, des mesures spécifiques sont prises pour assurer une plus grande participation de nos concitoyens à l'étranger à la réussite du processus électoral. Le nombre des électeurs tunisiens à l'étranger, c'est-à-dire ceux qui ont le droit d'élire, est estimé à 840 mille personnes, sur une communauté tunisienne à l'étranger comptant, au total, près d'un million 40 mille personnes