Après avoir axé durant une semaine toute sa communication sur les solutions qu'il préconise pour réduire le chômage, le Parti Démocrate Progressiste (PDP) a concentré ses efforts durant les derniers jours sur la présentation de son programme de santé qui est le fruit du travail d'une cinquantaine de médecins et de pharmaciens sympathisants de ce parti. Le droit à la santé étant un droit fondamental, le PDP estime qu'il doit être garanti à tous, en particulier aux populations en situation précaire. Or aujourd'hui, les ménages assument 55 % des dépenses de santé contre 25 % pour les caisses de sécurité sociale et 20 % pour l'Etat (l'ensemble s'élève à 260 DT/ hab/an). Aussi paradoxal que cela puisse paraître la Tunisie, vue globalement serait suréquipée avec ses 13 000 médecins en 2010 (1 pour 835 hab) et 18 850 lits d'hôpitaux (2256 établissements dont 23 CHU, 20 hôpitaux spécialisés et 33 hôpitaux régionaux). C'est plutôt un problème de gestion et de répartition inégale de ces effectifs et équipements entre les régions. Il s'agit alors de mieux faire bénéficier les citoyens et les régions des services de santé. Il est évident que les Tunisiens ne sont plus égaux devant la santé. L'objectif est de mettre en œuvre une couverture plus juste, plus efficace et de meilleure qualité, en utilisant mieux la part du budget de l'Etat consacré à la santé. Le quart le plus pauvre de la population bénéficiera d'une gratuité réelle des soins. L'offre publique de soins sera réorientée, pour se rapprocher du citoyen, dans les régions de l'intérieur. L'effort financier de l'Etat portera en priorité sur les Centres de Service de Base (CSB) qui représentent les structures de première ligne des soins. Il portera ensuite sur l'hôpital régional, qui représente l'échelon intermédiaire, afin de réduire les inégalités territoriales. L'ambition du PDP est de garantir à terme l'universalité de l'accès aux soins et d'améliorer durablement la santé de l'ensemble de la population à travers les actions suivantes : L'Etat instaurera la gratuité effective des soins dans la filière publique au profit des indigents et des catégories les plus fragiles de la population qui ne sont affiliées à aucun régime. Il prendra en charge leurs dépenses de santé. Cette mesure sera financée en partie par l'instauration d'une « TVA solidaire », qui se traduira par le relèvement d'un point de la TVA sur les produits taxés actuellement à 18%. Pour des soins plus efficients, toutes les structures de soins seront réaménagées. Dans ce contexte, la création d'un nouveau pôle universitaire sera conçue dans un cadre de redistribution de l'existant. De ce fait, au plan territorial, le secteur sanitaire sera mieux réparti selon quatre pôles hospitalo-universitaires, afin de désengorger les hôpitaux des régions littorales et d'améliorer l'offre de soins en régions : • Le Nord, avec Tunis comme centre. • Le Sahel (englobant Sousse et la faculté dentaire de Monastir en un seul pôle), avec Sousse-Sahloul comme centre. • L'Ouest, par déplacement de la Faculté de médecine de Monastir vers Kasserine ou Gafsa. Le personnel médical et paramédical y sera intéressé par des avantages administratifs et financiers supplémentaires. • Le Sud, avec Sfax comme centre Chaque pôle englobera un ou plusieurs Centres hospitalo-universitaires (CHU), à raison de 1 lit pour 1000 habitants. Les hôpitaux régionaux seront réaménagés, réorganisés et mieux structurés ; ils seront dotés de meilleurs équipements techniques et logistiques. Les services des hôpitaux, notamment les urgences, feront l'objet d'une certification périodique (tous les 2 à 3 ans) par des organismes professionnels indépendants, et leur organisation sera repensée, afin de diminuer les délais d'attente, et d'améliorer la qualité globale des soins. Une nouvelle carte sanitaire de la Tunisie sera élaborée, afin de doter toutes ces structures d'une efficacité optimale. Afin d'assurer une meilleure performance de l'hôpital, la permanence des soins et la disponibilité des médicaments essentiels sera garantie, en particulier dans les structures de première ligne. Cela permettra d'éviter les déplacements pénibles et les dépenses superflues. Sur le plan qualitatif, le PDP essayera d'appuyer la bonne gouvernance, afin que les établissements de soins aient comme principal objectif l'amélioration de l'offre de soins. Pour mieux maîtriser les dépenses de santé, l'usage des médicaments sera rationalisé. Pour cela, une haute autorité de la santé sera créée. Elle aura le statut d'autorité publique indépendante à caractère scientifique, dotée de la personnalité morale et disposant de l'autonomie financière. Elle sera chargée, entre autres, d'évaluer l'intérêt des médicaments, des dispositifs médicaux, des actes professionnels et de prescrire ou non leur remboursement par l'assurance maladie, de promouvoir les bonnes pratiques des soins auprès des professionnels et des usagers de santé, d'améliorer la qualité des soins dans les établissements de santé et en médecine de ville.