De Hechmi GHACHEM - Dans le hall d'un hôtel chic du centre-ville, j'ai rencontré, vers la fin du mois de Ramadan, le poète Ouled- Ahmed qui tirait une tronche, on ne peut plus officielle. Je l'apostrophais par ces mots : « Alors, maintenant que Ben Ali est parti, pour qui, ou contre qui, ou bien… par qui vas-tu écrire ? ». Et, lui de répondre, sur un ton goguenard : « Nous avons toujours écrit ; avant et pendant Ben Ali, et nous continuerons à le faire après. » Je veux bien le croire, mais, à notre humble connaissance, les dictatures ont souvent inspiré les poètes. Du moins ceux que l'on dit engagés. Il n'en va pas de même pour les autres disciplines artistiques, ils ont toujours eu besoin d'un commanditaire, qui relèverait d'un clergé, d'un pouvoir politique ou commercial. Théâtre, peinture, architecture, répondent à ces données. Il n'y aurait, peut-être, que la littérature, qui ne demande presque pas d'investissements, qui demeure libre de tout commandement. Que vont faire tous ces comédiens, et pseudo-metteurs en scène, qui affichaient leur sourire le plus racoleur, et le plus béat, à chaque commémoration du 7 novembre, ou, à l'occasion des fameuses, et transparentes élections présidentielles ? Qu'ils ne croient surtout pas qu'on les a oubliés. Tous leurs actes de lèche-bottes, opportunistes et flatteurs sont enregistrés noir sur blanc. Ils se sont appropriés tous les contenus des enveloppes, mises à la disposition des artistes tunisiens. Ils ont su tirer leur épingle du jeu, honteusement, dans un système basé sur l'exclusion et la marginalisation de ceux qui n'appartiennent pas à l'horrible smala des Béni oui-oui. Aujourd'hui, ces lèche-bottes de la renommée tentent de regagner les lumières de l'avant-scène, tout doucement, en catimini, comme si les enfants de Tunisie, avaient perdu toute trace de mémoire. Qu'ils déchantent ! Après le règlement de comptes des apprentis-mafiosi, le temps viendra où il faudra mettre à la lumière du jour, tous les méfaits de ceux qui ont pillé les arts et la culture de ce pays, que ce soit sous terre (rapport à ces milliers de vestiges volés), ou sur scène et sur les plateaux des télés. Et ce jour ne saurait tarder. daassi [email protected] Houcine Ghali, Genève [email protected]