Les vacances sont bientôt finies ! Quelques jours nous séparent d'une nouvelle rentrée scolaire, la première après la Révolution, si bien qu'elle revêt une signification particulière autant du côté du ministère de tutelle que chez les enseignants, les élèves et leurs parents. Une rentrée qui devrait dans la mesure du possible rompre avec certaines mauvaises pratiques entretenues durant les trois dernières décennies lors de chaque rentrée scolaire, surtout concernant l'inscription des élèves et leur répartition suivant des listes dûment élaborées, suivant des critères pédagogiques rigoureux par la direction de chaque établissement, lesquelles listes subissaient des changements et des chambardements, quitte à créer une certaine hétérogénéité et un déséquilibre du niveau général des classes, et ce, pour satisfaire certains parents « notables ou éminents », suite aux multiples interventions de la part des responsables de l'ancien régime, allant du gouverneur et du délégué jusqu'au président de la fédération destourienne ou un responsable au sein d'une cellule de l'ancien RCD. Et dire que ces mouvements parfois trop exagérés et non fondés peuvent durer jusqu'à mi-octobre provoquant ainsi des perturbations sur la bonne marche des cours et la stabilité des classes. Rompre avec les anciennes pratiques En effet, chaque rentrée scolaire a été marquée par des interventions tous azimuts auprès des chefs d'établissements scolaires pour trouver un moyen, quoique détourné ou illicite, pour inscrire tel ou tel élève, dans une classe bien précise que certains parents ont choisie pour leur enfant sous prétexte que dans la dite classe, il y a d'anciens camarades dont il ne peut se séparer, ou pour la simple raison que les parents aiment (ou n'aiment pas) voir leur progéniture dans les cours de tel ou tel professeur, ou encore parce que l'emploi du temps de cette classe est plus avantageux que celui des autres classes. C'est que certains parents peuvent avancer tous les arguments imaginables pour pouvoir inscrire leur enfant dans la classe de leur choix, quand bien même l'administration aurait dressé les listes des élèves suivant des critères bien étudiés en tenant compte de la moyenne annuelle de l'année précédente des élèves et de certains cas sociaux (rapprochement de deux frères ou deux sœurs, des enfants handicapés qui ont été autorisés à intégrer les écoles publiques depuis quelques années, l'adresse des parents…). Il ne faut pas nier que certains directeurs refusaient de tels changements dans les listes une fois établies suivant un ordre alphabétique et suivant une parité entre garçons et filles, pour éviter un certain remue-ménage qui s'installe devant l'administration à chaque rentrée scolaire. Mais, la plupart des directeurs s'inclinaient devant la volonté de tel ou tel responsable (politique, syndical, sportif, culturel…) occupant un certain poste éminent dans la région et n'avaient pas d'autre choix que d'obtempérer. Ces interventions venaient aussi du corps enseignant lui-même : on voit chaque année des changements de listes, des déplacements d'une classe à une autre suite à des faveurs faites aux enfants d'enseignants et d'autres agents scolaires (surveillants, secrétaires, ouvriers…), à ceux de leurs amis ou proches parents. Et généralement, la plupart de ces cas sont satisfaits, bien que ce soit souvent aux dépens d'autres élèves qui, eux, n'ont pas de piston pour pouvoir changer de classe ! Chaque année, ces directeurs d'établissements scolaires doivent aussi faire face à des centaines de demandes provenant de parents désireux de transférer leur enfant non d'une classe à une autre au sein du même établissement, mais de changer de collège ou de lycée. Là encore, les cas de force majeur (déménagement de la famille, changement de lieu du travail des parents…) sont généralement satisfaits. Mais que dire de ces parents qui veulent transférer leur enfant inscrit en 7è année de base par exemple dans un autre collège alors que le collège où il a été affecté par le Ministère de tutelle est à quelques pas de leur domicile ! Et dire que ces mêmes parents peuvent aisément justifier leur demande par un certificat de résidence en bonne et due forme, ce papier étant exigé pour bénéficier d'un tel transfert. Professeurs gâtés Parmi les autres mauvaises pratiques exercées dans la plupart des établissements durant les dernières décennies, on peut citer les faveurs accordées par certains directeurs à des professeurs lors de l'élaboration des emplois du temps : si par principe, tous les profs sont égaux, ils ne le sont pourtant pas quant à la répartition des heures de travail officielles ou des heures supplémentaires. Chaque année, il y a eu des mécontents et d'autres désenchantés pour avoir subi un emploi de temps saturé et débordant, alors que d'autres, privilégiés par le directeur, jouissent toujours et durant plusieurs années d'emplois de temps reposants et faits sur mesure. C'est que des sensibilités et des convivialités et peut-être même des intérêts entrent toujours en jeu lors de l'élaboration des emplois du temps et qu'il y a toujours eu un traitement de faveurs pour certains, jugés plus proches de l'administration, et non pour d'autres taxés de récalcitrants ou de non-conformistes. Ces pratiques n'ont plus de raison d'être, surtout que la Tunisie vient d'enter dans une nouvelle ère de démocratie et de transparence où tout citoyen doit connaître ses droits et ses devoirs, quelle que soit sa place dans la société. Pour cette nouvelle rentrée scolaire, la première de l'après-révolution, il faut bien que les choses changent et que les nouveaux directeurs qui viennent d'être nommés, après avoir chassé tous les anciens directeurs, jugés corrompus, doivent appliquer la loi et ne céder jamais aux surenchères, ni au népotisme ni aux partialités. Il y va de l'avenir de notre éducation et de l'avenir de nos élèves !