Par Khaled GUEZMIR – En apparence les maîtres de Damas et de Tel-Aviv n'ont rien de commun sauf leur entêtement, leur courte vue et leur isolement de plus en plus grand sur la scène régionale et internationale. Dans l'interview magistrale conduite par le journaliste tunisien Mohamed Krichen, l'un des ténors et pilier de la chaîne TV Al Jazira, M. Rajep Tayep Erdogan, Premier ministre turc n'a pas manqué de faire la leçon à ses voisins et anciens alliés le Président Bachar Al Assad de Syrie et le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu en les mettant un peu dans le même sac parce que tous les deux rament à contre courant de l'Histoire et des intérêts de leurs propres pays. Commençons par le dernier cité Les récents événements d'Egypte et la mise à sac de l'Ambassade d'Israël au Caire donnent largement raison au Premier ministre turc. Israël par la faute de Netanyahu qui refuse toutes les initiatives de paix internationales et surtout celle combien conciliante et avantageuse de la Ligue « arabe » parrainée par l'Arabie Saoudite continue allégrement à défier l'humanité toute entière en s'appropriant mètre par mètre, pouce par pouce des territoires palestiniens que son armée occupe depuis 1967. Netanyahu n'a pas compris encore que l'hégémonie n'a rien d'éternel. L'Amérique, l'Europe et les Nations Unies bienveillantes pour ne pas dire « complices » ne peuvent pas cautionner éternellement les injustices primaires et la spoliation des droits légitimes des peuples. Netanyahu oublie qu'Israël doit son existence même à une décision de la communauté internationale qui a «réparé» une injustice de 3000 ans en donnant au peuple juif un pays et un Etat sur la moitié de la Palestine historique, ce qui revient à un partage équitable entre les deux peuples habitant la Palestine bien avant Moïse. Ce que fait Netanyahu c'est tout simplement une annexion pure et simple d'un autre Etat et d'un autre pays qui se situe sur l'autre moitié de la Palestine historique conformément à la décision onusienne de 1947. Israël mené par l'arrogant « Bibi » croit que la politique d'occupation et du fait accompli sous-tendue par une supériorité militaire incontestable ne peut jamais être remise en cause pour « l'éternité ». Mais voilà que l'Histoire des hommes prouve le contraire. Des « Netanyahu », l'Histoire en a connu de plus puissants et de plus atrocement cruels. De Jules César en passant par le mongol Tamerlan et Napoléon 1er pour arriver à Hitler, tous ces conquérants ont voulu s'approprier des terres et des espaces qui n'étaient pas les leurs. Aujourd'hui ces « territoires » conquis illégalement de la Gaule à l'Egypte, de Bagdad à la Pologne sont revenus à leurs habitants et propriétaires originaux. Avec quelles armes.. ! Certainement pas les bombes atomiques entassées à « Dimona » en Israël … mais par l'affranchissement des peuples et leur accès à la liberté et à la dignité. Erdogan a rappelé à Netanyahu que le vent de l'impunité « éternelle » d'Israël a bien tourné et que l'éveil des peuples arabes est irréversible. La sagesse et l'intérêt même d'Israël auraient été de faire la paix des braves avec les Palestiniens comme le suggérait Arafat, et de s'allier avec les nouvelles démocraties arabes et musulmanes dont l'Egypte. La sagesse aurait été de préserver l'alliance précieuse avec la Turquie cette puissance musulmane régionale ascendante qui marque partout des points et réalise une percée majeure même en Afrique du Nord avec la Libye. Mais Netanyahu n'est ni sage ni clairvoyant et il fonce tête baissée vers l'affrontement, avec cette fois la volonté inébranlable de tous les peuples affranchis de la région de le contrer. Erdogan fait le même constat amer avec la Syrie en disant sa déception immense de voir M. Bachar Al Assad foncer aveuglément vers un mur en béton. Le Premier ministre turc n'a pas mâché ses mots pour rappeler au Président syrien que « nous sommes tous des mortels » et que le seul gouvernement durable c'est celui qui tient compte de la volonté populaire. Il rejoint M. Alain Juppé le ministre français des Affaires étrangères pour dire que M. Assad a dépassé toutes les limites du seuil critique et que son gouvernement n'est plus légitime. Là encore Bachar Al Assad ne semble plus capable d'écouter qui que ce soit, même le Président iranien M. Mahmoud Ahmadinejad, son dernier allié potentiel, qui lui demande pour la 2ème fois en 10 jours d'arrêter d'assassiner son peuple. Quant à la Russie elle assume devant l'Histoire la responsabilité morale de tant d'atrocités commises par le régime syrien qui lui doit son immunité actuelle ! C'est quand même un soulagement de pouvoir entendre encore Erdogan, le juste, dire simplement ce que l'Histoire millénaire a gravé sur ses tablettes depuis que l'Homme a appris à écraser et dominer son prochain pour des broutilles ! Bravo La Turquie grandit !