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Mohsen Marzouk, Secrétaire Général de la Fondation Arabe de la Démocratie et membre de la Haute Instance
Personnage/Perspectives
Publié dans Le Temps le 02 - 10 - 2011

“J'accuse les autorités de transition de non assistance à une Tunisie en danger”
Récit rapporté par Nadya B'CHIR - La liberté pour lui, ça se respire. Vous savez comment ? C'est au pied des deux montagnes qui bornent sa ferme à Zaghouan, lorsque la pluie mouille la terre et commence à dégager une effluence, celle de la liberté. Mohsen Marzouk, homme politique, spécialiste de la transition démocratique à l'échelle internationale, avec un militantisme aux allures pantagruéliques.
Un épervier qui ne cesse de se mutiner pour la liberté, la justice et la démocratie en Tunisie et ce, depuis sa tendre enfance. Bien qu'il ait eu à traverser un chemin scabreux, il ne garde pas, en apparence, de stigmates de son passé de battant. En fait, ses vestiges, c'est dans sa mémoire vive et dans son cœur, qu'il les abrite.
Il aime être indépendant et veille à le rester. Il a connu les plaisirs de la couture rien que pour créer, seul, ses propres banderoles.
Son appel au referendum est comme un feulement : il revendique le choix du peuple. Cela lui a valu de virulentes invectives l'accusant de s'en servir comme d'un attrape-nigaud. Mais le lynchage, il s'en moque. Il s'étonne même lorsqu'il n'y en a plus.
Nous l'avons rencontré autour d'un café au bord du lac, il nous raconte son récit.
Marzouk et la transition démocratique
Il est Secrétaire Général à la Fondation Arabe de la Démocratie dont le siège est à Doha et président de la commission exécutive du Centre de Formation « Al Kawakibi » là où il est en pleine action politique et dans le cadre de laquelle, il forme avec ses confrères, des acteurs tunisiens dans les technicités de la transition démocratique, à l'instar de Chokri Tbib, Nedir Ben Yedder, Hafedh Jandoubi. Mais ils forment aussi des Libyens, des Egyptiens, des Jordaniens, des Syriens, des Yéménites, etc. Il s'agit, en fait, d'un grand atelier de formation qui aide des acteurs à réussir le passage à la transition démocratique. La transition démocratique ! Un terme devenu phare depuis le soulèvement du peuple. Car jadis, la démocratie n'était qu'un leurre, une sincère utopie à laquelle aspirait le peuple tunisien et y voyait une authentique issue vers les libertés. Marzouk y a cru. Il a misé sur la transition démocratique malgré les écorces du modèle politique de l'ère Ben Ali. Et le voilà retroussant ses manches et se hâtant au secours d'une Tunisie en éboulis. Le signal est donné : il est salutaire pour l'heure de mettre en œuvre tout cet apprentissage sur la transition démocratique ainsi que sur la justice de transition.
Premiers jours, premiers contacts et premier constat dans une Tunisie en pleine effervescence : Marzouk se heurte à une amère déception : l'élite tunisienne qu'elle soit au pouvoir, ou aspirant au pouvoir, manque encore et regrettable d'expérience dans le domaine politique afin d'assurer et réussir la phase de la transition démocratique. Que se passe-t-il ? Où ont-elles atterri ces interminables heures de formation et d'échange d'expériences en la matière? Dépité, il argue : « Je vois qu'une certaine élite appartenant à certains partis politiques en Tunisie est une grosse déception. Et je crois que c'est la faute de Ben Ali qui a essayé de rendre une frange de notre élite quasi ignorant ou inculte, quoi que je n'aime pas vraiment utiliser ces termes.»
Son double expresso est là. Il en prend une gorgée et continu à nous parler de cette fameuse transition démocratique. Il tente de nous expliquer l'état des lieux de la Tunisie postrévolutionnaire en la matière. Le tableau n'est pas très beau à voir, d'ailleurs Marzouk ne se hasarde pas à l'enjoliver. Il n'y a vraiment pas de quoi. C'est donc sous la casquette du militant et celle de l'expert en transition, qu'il entame son action politique. «En fait, j'ai vu les difficultés venir en matière de transition, en ce sens que ni l'élite qui était au pouvoir ni celle issue de la révolution n'avaient la capacité de gérer ce qui s'est passé. Ils n'étaient tout simplement pas armés pour confronter pareille situation.»
Marzouk se lance alors, toute notion de tergiversation balayée, dans l'appel à la formulation et l'adoption du fameux pacte républicain et ce, depuis le 21 janvier 2011. L'idée de ce dernier émane de l'expérience effectuée en Europe de l'Est et en Amérique Latine, notamment, et suppose l'encadrement politique de la phase de transition. Ce n'est là que l'application d'une logique toute simple : le passage d'un régime à un autre implique le changement du cadre politique. Il fallait donc, selon Marzouk, griffonner sur un bout de papier, les différents objectifs visés par la révolution, que toutes les parties prenantes signeraient en guise d'accord et qui servirait par la suite de référent. Or et jusqu'à maintenant, il n'existe aucun document de la sorte qui soit approuvé unanimement. « Et c'est la faute encore une fois à certaines élites, entre autre celle de certains partis politiques. Ceux-là ne font pas la différence entre partis de résistance et partis de construction se mettant en situation de pré-pouvoir qui opèrent dans l'intérêt du pays au cours de la phase de transition démocratique. Il existe un réel déficit de débat, et cela même au niveau du fameux réseau social Facebook où se rencontrent les « grands esprits » ». Marzouk, arrosé par toutes formes de lynchage, notamment celui perpétré par les usagers des réseaux sociaux, accuse le débat des intentions où l'on s'incrimine les uns les autres, où l'on s'insulte et se renvoie la responsabilité des erreurs commises par le passé d'un côté et celles commises post-révolution, d'un autre. Voilà pourquoi, selon lui, à environ 22 jours des élections de la Constituante, les électeurs ne savent toujours pas où ils vont mettre les pieds, les partis politiques ne s'engagent pas dans un débat réel où ils auront à mettre au point leurs programmes et quelle feuille de route comptent-ils mettre en place, en tant que membre élu de la Constituante, afin d'éclairer la lanterne du peuple et le guider dans l'établissement de ses choix.
Aujourd'hui, en terme de résolution finale, et au-delà de toute compagne de lynchage et de dénigrement engagée par une minorité sans résonnance aucune, les revendications de Marzouk ont trouvé acheteur. En ce sens, que la Haute Instance est parvenue à formuler le fameux pacte républicain, néanmoins, Marzouk n'en a pas eu du mérite une parcelle, ou du moins de manière tangible. Personne n'a suffisamment de noblesse d'esprit pour reconnaître que les idées de Marzouk ont fini par voir le jour.
« Ce qu'il faut savoir c'est que la souveraineté de la Constituante émane de la souveraineté du peuple, elle n'est pas métaphysique. »
Et Freedom House ?
Alors qu'elle devrait être perçue comme une fierté, l'expérience de Marzouk à Freedom House a été sujette à controverse et de virulentes critiques de la part d'une portion de l'opinion public, par surcroît. Il est désigné de « pion des Américains ». De part le fait qu'il s'agisse d'une organisation américaine et en grande partie financée par des allocations du Congres, beaucoup pensaient et continuent à penser qu'elle est forcément imprégnée par la politique extérieure américaine et que ceux qui y travaillent sont considérés comme des pro-américains. Et j'ai eu droit à cela. Seulement, c'est bien connu, les Tunisiens excellent dans l'art des préjugés et n'hésitent pas à travers cela à salir la réputation de leurs concitoyens qui en réalité ne font qu'apprendre de leur pairs occidentaux et ce afin d'œuvrer pour le bien de leurs pays en retour. Et il faut savoir que toutes ONG vont dans le Spectrum globale de la politique du pays. En tous cas, lorsque j'étais à Freedom House, j'écrivais des articles où Je critiquais sévèrement la politique américaine en la qualifiant de politique condamnable dans le monde arabe.
Pourtant, son intégration à Freedom House, une ONG prestigieuse et fondée notamment par Eleanor Roosevelt, a été d'un apport édifiant pour plusieurs acteurs tunisiens en matière de technicités de la transition démocratique. « Nous avons aussi pu échanger des expériences à l'échelle internationale puisque c'est une ONG internationale. »
Marzouk, le « Papillon »
Assez parler de politique, venons- en à la chose personnelle et les souvenirs d'antan, l'histoire de son combat, et de son militantisme pour les libertés, la justice et la démocratie.
Il est issu d'une famille modeste, originaire de Mahres du gouvernorat de Sfax. Très jeune à l'âge de cinq ans, il a perdu son père, sa mère n'en avait que 27 à l'époque. « Vous savez, quand le père de la famille disparaisse, c'est son fondement même qui est ébranlé et fragilisé. » Remis de son chagrin, il prend conscience qu'il devra prendre ses responsabilités en tant que nouvel homme de la maison. Il poursuivait ses études en même temps qu'il aidait sa mère à subvenir aux besoins de la famille, il n'avait que huit ans. Il travaillait avec elle en faisant des petits boulots. « J'ai fait le marchand de jasmin et de la couture aussi. D'ailleurs mes banderoles de militant je les coudais moi-même. De là, J'ai appris ce que signifiait le mot injustice. » A l'âge de 13 ans, quand les premiers effluves de pensées politiques l'ont effleuré, il s'est engagé dans le mouvement des élèves au lycée et en 1981, ses premiers ennuis ont commencé : il fut renvoyé de tous les établissements scolaires du pays.
« Je n'étais pas en phase avec le régime Ben Ali, mais non plus avec celui de Bourguiba. Ce qui me dérangeait ? Le déficit de liberté qui dominait dans ces deux régimes. »
Le militantisme de Marzouk, lui a beaucoup valu et lui a beaucoup coûté. En 1987, Ben Ali l'avait fait arrêter, il était alors ministre de l'Intérieur. Déporté au Rgime Mâatoug, un camp de l'armée en plein désert dans le sud de la Tunisie où il a passé un an.
Mais pourquoi avoir choisi la politique ? Un fief si périlleux et harassant qui ne fait pas que des cadeaux et requiert le plus souvent du zèle et de la bravoure. Nous ne tardons pas à connaître la réponse : « ce qui m'a inspiré à la politique, c'est surtout le quartier populaire dans lequel je vivais, et les approches politiques de ma mère malgré qu'elle soit illettrée d'ailleurs.»
Sa mère, c'est un peu son compagnon de route. Elle est la source de ses inspirations politiques et de son combat contre l'injustice et pour les libertés. Et il en est fier comme Artaban. « Vous savez de toute sa vie, elle n'a jamais raté une manifestation notamment celle qui dénonce la politique extérieure américaine en Irak, elle est toujours en première ligne défendant ses convictions politiques les plus intimes. Ma mère est aussi ma conseillère politique. A chaque fois que je dois prendre une décision pour ma carrière comme pour Freedom House et la FAD, j'ai du lui demander son avis avant d'accepter. Son avis compte pour moi beaucoup plus ce que d'autres, il est tout simplement crucial et déterminant. » Cependant, n'allez pas croire que vous êtes face à une toile qui dépeint ce cliché de relation typiquement méditerranéenne entre mère et fils.
Revenons à l'année 1981 où il a été donc viré de tous les établissements scolaires. Une année plus tard, après une foultitude de pressions de la part des syndicats, il a enfin été admis à nouveau au lycée et il a eu son bac avec brio. En cette année, il y avait aussi le concours national de philosophie auquel il tenait absolument à participer. Seulement voilà, l'établissement où devait se tenir le concours était celui duquel il a été éjecté et le directeur ne voulait pas l'y admettre. Il fallait qu'il y ait un certain « Ahmed Zghal», pour prendre sa défense et lui permettre de passer ce concours pour lequel il a eu le premier prix et ce malgré une heure de retard.
C'est un fait qui l'a marqué toute sa vie, une histoire de rencontre avec un homme qu'il considère exceptionnel, il nous raconte : « Quand j'étais renvoyé de tous les établissements scolaires, mon avenir était en jeu et je risquais de le perdre, il y avait une commission composée des directeurs de lycées pour réintégrer tous ceux qui ont été dans la même situation que moi. Celui du lycée de garçons a totalement refusé que je sois réintégré. Ahmed Zghal un des directeurs qui était aussi membre du parti socialiste destourien avec Bourguiba, était le seul à croire en moi et leur a dit qu'il était prêt à me prendre dans son établissement. M. Zghal avait ses propres positions et son franc parler, il disait tout haut ce qu'il pensait sans rien craindre. Je me souviens que le premier jour où j'ai rejoins le lycée, il m'a dit : « je ne me souci pas de tes idées, cela ne regarde que toi, mais ce qui m'importe c'est uniquement ton éducation scolaire, ta réussite est le seul moyen qui te permettra d'exprimer tes idées et principes politiques. » Et tout cela m'a appris qu'il ne faut pas qu'on considère le changement que nous vivons aujourd'hui après la révolution comme une rupture avec le passé. C'est plutôt une continuité dans les personnes, les structures, la mentalité etc. »
Et Marzouk n'était pas au bout de ses peines. Le calvaire ne faisait lors que pointer le bout de son nez. A la fac, il a intégré le mouvement estudiantin dans lequel il était leader, et deux ans plus tard, il a été arrêté, amené au ministère de l'Intérieur, et puis au fameux Rgime Mâatoug où l'on amenait les damnés du régime de l'époque. Ils étaient une cinquantaine à être déportés à ce régime de l'armée pour effectuer des travaux forcés. Un mois et demi plus tôt, il a été amené à Ksar Ghilaine avec ses compagnons où ils étaient fouettés et maltraités. « C'est dans ce lieu morose que j'ai lu « Papillon » d'Henri Charrière. Son histoire ressemblait presque comme deux goûtes d'eau à la mienne surtout lorsqu'il évoquait le bagne dans lequel il était emprisonnait, sauf que moi je n'ai pas essayé de m'évader. »
En 1987, retour à la vie normale. Ben Ali avait réalisé son coup d'Etat et pris le plein pouvoir. A ces débuts, il y avait un peu d'ouverture et Marzouk et ses compagnons avaient sauté sur l'occasion pour redonner vie et relancer l'UGET qui avait cessé toute activité depuis 1971. Il a été dès lors élu membre du bureau exécutif de l'UGET et la première ONG internationale à laquelle il a adhéré était Eltaller, fondée par Nelson Mandela promu président d'honneur lorsqu'il était incarcéré et puis président effectif après sa libération.
Marzouk, le combat continu
« Un jour il s'exilerait parmi les hommes de raison mais pour l'instant il est là, et le combat continue »
Ils ne le lâchent pas d'une semelle. Ils en ont après ses idées politiques et ses convictions qu'il ne craint pas d'afficher. Ils utilisent les réseaux sociaux, Facebook notamment, pour s'adonner au plaisir infâme de lui jeter des pierres et l'accuser comme il le dit si bien de tous les maux. En l'occurrence, ce sont des parties qui se cachent derrière les non adeptes du referendum qui dirigent l'opération bafouage de Mohsen Marzouk. Mais rien ne l'arrête, il continue son bonhomme de chemin contre vents et marrées et à bon entendeur, il aurait envie de dire « attrape moi si tu peux ! »
Il est interdit d'entrée en Egypte. Il y a un an et demi environ, le journal des Services Secrets Egyptiens a publié un article intitulé « Mohsen Marzouk a été viré du Qatar pour 25 millions de dollars ». Cet article est relayé actuellement par des Tunisiens cherchant à faire dans la continuité des Egyptiens à salir la réputation de ceux qui militent pour la liberté et la démocratie. Ils sont une minorité appartenant, pour la plupart à des partis politiques qui ne partagent pas ses idées et ses convictions. Mais peu importe, ces dernières trouvent échos chez une majorité écrasante de l'élite du pays mais encore celle de l'étranger. Il est respecté pour ces même idées et convictions et preuve à l'appui, ce sont elles que les décideurs appliquent aujourd'hui même. Bien joué Marzouk !
« 90% de l'acharnement que je subi en ce moment de la part des Tunisiens mais aussi des étrangers est exactement le même que celui qu'a mené Ben Ali contre moi. Je dirai même plus. Les visages ont changé certes, mais ils ont choisi de mettre l'habit de Ben Ali pour marcher sur ses traces imprégnées par les mauvaises intentions. »
Il n'a pas non plus échappé au scandale d'Asange dans les écrits de Wikileaks. Dépité, Marzouk dénonce une aberration de plus. Les Tunisiens ne savant pas lire en anglais, ou du moins le comprendre à son juste sens, et aspirés par leur fourvoiement, ils se sont livrés à moult interprétations toutes regorgées d'allusion à la conspiration à un prétendu penchant pour le régime de Ben Ali. Ils leur suffisent de lire le nom de Mohsen Marzouk dans un des textes signés par Wikileaks pour crier au tollé et le réprouver. Objection, votre honneur le peuple ! Ce que rapportent ces textes dans leurs entrailles est à l'opposé même de ces allégations. Marzouk n'a fait que réfuter le partenariat stratégique entre les USA, l'Europe et la Tunisie à l'époque. Motif : il n'est guère admissible que ce partenariat réussisse sans qu'il y ait la condition incontestable de la liberté et la démocratie. La Tunisie était dans le démuni quasiment absolu de ces deux conditions majeures et sur lesquelles nous ne devrons souffrir aucun compris.
Et puis, il n'a eu de cesse de promouvoir et de militer pour le développement des libertés en Tunisie, de scander la nécessité du changement, le vrai, en se faisant le chef d'une diplomatie populaire afin d'esquisser les lignes d'une nouvelle Tunisie libre et démocrate. Il n'était pas seul dans ce chemin laborieux et épineux, il a en guise de camarades Kamel Jendoubi, Sihem Ben Sedrine et Mokhtar Trifi notamment.
Nous venons au terme de notre rencontre avec Mohsen Marzouk, nous lui demandons de partager avec nous un des moments de sa vie qui l'a marqué tout particulièrement. Il prend quelques secondes à peine pour réfléchir, et nous raconte : « lorsque j'étais à Rgime Mâtoug, avec mes compagnons, nous étions isolés du monde, le camp étant dans le désert, nous ne pouvions aspirer à des visites de famille ou autre. Un jour, pourtant, j'étais là à faire mes travaux forcés, quand je percevais ma mère venir à pieds de loin. Cette image n'a jamais quitté mon esprit ni ma mémoire. C'est à travers cette image que j'ai pu toucher de près le courage de ma mère. Elle aussi était militante. Elle a bravé les risques et les achoppements pour venir me voir et me soutenir dans cette rude épreuve. »
Aujourd'hui, Marzouk mène encore, comme il le dit, un âpre combat, son combat pour une Tunisie meilleure respirant la liberté, son engagement est le même, ses principes aussi. Des batailles, il en a gagné jusqu'ici, mais la guerre n'est pas encore finie. Cette guerre noble engagée pour libérer la Tunisie de toutes formes de despotisme et de dictature, Marzouk en est un soldat de cœur.
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