Le tourisme tunisien est à l'arrêt. Il vit des moments difficiles. Mais qu'en sera-t-il après le 23 octobre et la victoire d'Ennahdha aux élections? Faut-il croire toujours à cette activité porteuse pour notre économie ? Faut-il s'en inquiéter? Qu'en pensent nos professionnels ? Hammadi Djebali, secrétaire général et porte-parole du mouvement Ennahdha affirmait dans un entretien à la revue Réalités le 17 février 2011 qu'Ennahdha croit toujours au tourisme « Nous voulons reconstruire notre pays sur ses acquis et les améliorer. Certains craignent que nous remettions en cause le tourisme par exemple en interdisant l'alcool et le port du bikini. Nous leur disons que nous voulons renforcer le tourisme et que nous nous n'intéresserons pas à ces détails là. C'est l'affaire de la société » Il est vrai que le programme du mouvement Ennahdha s'inscrit dans le processus de la renaissance politique, économique, sociale et culturelle de la Tunisie. Ce programme comme il a été présenté par le parti vise à surmonter la crise et diversifier les produits « Elaborer une stratégie nationale de développement du tourisme sur la base d'une étude complète à laquelle contribuent tous les acteurs du secteur, diversifier l'offre touristique en développant le tourisme culturel (sites archéologiques), médical, écologique, saharien et sportif, tout en encourageant l'investissement dans le tourisme haut de gamme, traiter la question de l'endettement du secteur (au cas par cas), assister les institutions touristiques et les aider à surmonter les répercussions des événements de l'après-révolution, renforcer la compétitivité du secteur touristique en améliorant la qualité des services, modernisant le système de formation, soutenant le projet d'espace ouvert, instaurant la gouvernance touristique et appuyant la création d'une cellule de veille, promouvoir le tourisme intérieur, le tourisme familial, le tourisme solidaire, le tourisme de passage, les croisières, le tourisme maghrébin et arabo-musulman ainsi que l'incitation à la consommation en dehors des hôtels et la mise en place des nouvelles techniques d'animation touristique et diversifier l'offre touristique en développant le tourisme culturel, médical, écologique, saharien et sportif et encourager l'investissement dans le tourisme haut de gamme (tourisme d'affaires et de congrès) » Telles sont les idées maîtresses du parti Ennahdha. Mais qu'en pensent nos professionnels ? Habib Bouslama hôtelier à Hammamet estime que tous les partis et la société civile devront accorder un grand intérêt à ce secteur vital du pays « Ennahdha tout comme autre parti doit s'occuper du tourisme, un secteur clé de notre économie. Et là j'appelle toutes les composantes de la constituante à booster cette activité qui a longtemps souffert de la marginalisation. Le tourisme affronte la pire crise depuis plus de 50 ans. Les pertes dépassent les 50%. En raison des baisses de prix, nous sommes à moins 70% de baisse. Une baisse jamais enregistrée dans l'histoire du tourisme tunisien. Il faudrait réassurer les investisseurs et les tour-opérateurs étrangers. Nous n'avons pas de choix si on ne met pas les bouchées doubles pour consolider ce secteur, résorber le chômage et augmenter nos recettes. Le tourisme est un passage obligé pour notre pays qui a longtemps souffert des improvisations et de l'absence de stratégies claires et crédibles. L'essentiel est de chercher une thérapie et là il faut communiquer plus avec les décideurs, les voyagistes et saisir cette occasion pour améliorer notre image sur les différentes destinations » Ahmed Bettaieb agent de voyage invite tous les professionnels à agir pour redorer le blason de notre tourisme « Nous devons faire front ensemble et ce n'est pas avec la fracture actuelle que nous allons y arriver. Le tourisme est dans l'attente d'un 14 janvier touristique. Mais comment faut-il agir ? Comment réassurer les voyagistes ? Comment sensibiliser les investisseurs ? Je pense que personne n'est contre le tourisme. Tous les partis savent que le tourisme est générateur de travail et de devises en Tunisie ». Mohamed Belajouza Président de la Fédération tunisienne d'hôtellerie a souligné au site français Tourmag que Les membres d'Ennahdha savent que la Tunisie ne peut vivre sans le tourisme qui est un pivot essentiel de son économie. Ils se sont clairement prononcés sur le sujet. Cet avis est partagé par le parti Ennahdha qui a lancé lundi un message pour rassurer les acteurs économiques « Nous voulons rassurer nos partenaires économiques et commerciaux, ainsi que tous les investisseurs: nous espérons très rapidement revenir à la stabilité et à des conditions favorables à l'investissement » a déclaré Abdelhamid Jelassi, directeur du bureau exécutif du parti islamiste. La Tunisie a clairement fait du tourisme un axe de développement économique. Elle ne peut reculer. Peut-être qu'un tourisme à la mode turque de l'AKP, a de fortes chances de s'installer dans cette Tunisie démocratique. Ce modèle turc a fait que la Turquie draine actuellement 30 millions de touristes. Maintenant, le sort du tourisme tunisien est entre les mains des professionnels et comme l'a dit Afif Kchouk « le tourisme a les moyens de ses ambitions. Faut-il que ses professionnels agissent dans ce sens ! »