• Nous n'avons subi de pressions de nulle part • Le gouvernement et l'administration nous ont aidés à tous les niveaux • Pérennisation de l'Instance : pourquoi pas ! Après avoir présenté, le 27 octobre dernier, les résultats préliminaires des élections de la Constituante, le traitement des recours par le tribunal administratif, l'Instance Supérieur Indépendante des Elections (ISIE), a annoncé hier les résultats définitifs, qui ont été, juste après la conférence de presse, balancés dans le site de l'instance et pour paraître très prochainement sur les colonnes du Journal officiel. L'équipe qui avait dirigé les premières élections démocratiques et transparentes en Tunisie ne pouvait cacher sa satisfaction, pour les résultats accomplis, tout en ayant l'humilité de reconnaître quelques faiblesses et de formuler certaines recommandations pour l'avenir. Kamel Jendoubi, président de l'ISIE a commencé par présenter quelques indicateurs chiffrés. Le nombre des électeurs potentiels est de 8289924. Le nombre total des votants est de 4308888, soit un taux de participation de 52%. A l'étranger le nombre de votants potentiels est de 720100 dont 505900 inscrits volontaires et 214200 inscrits automatiquement. Les bulletins nuls ont représenté 3,6% du total, avec 2 ?3% à l'étranger et 3,7% en Tunisie. « Pour une première expérience, vu les difficultés d'utilisation des bulletins de vote, et le grand nombre d'illettrés, presque 1800000, on peut considérer que ce fut une réussite », dira Kamel Jendoubi. La proportion de bulletins blancs a été de 2,3%. Le nombre de suffrages exprimés a été de 4053100 dans toutes les circonscriptions dont 207700 à l'étranger et 3854400 en Tunisie. Les résultats définitifs des élections ont accordé 89 sièges à Ennahdha, 29 au Congrès Pour la République (CPR), 26 à la Pétition Populaire, 20 à Ettakatol, 16 au Parti Démocratique Progressiste (PDP), 5 à la « Moubadara », 5 au Pôle Démocrate Moderniste «Qotb », 4 à Afek Tounis, 3 à l'Alternative révolutionnaire, 2 au MDS, 2 au Mouvement Echâab, et 16 listes ont obtenu chacune un siège. On peut noter que les listes qui ont réussi ont totalisé 2762855 voix, soit 68,2%. Les autres listes qui n'ont eu aucun siège avaient récolté 1290293 voix, soit 31,8%. Quel gâchis! Les membres de l'ISIE, avancent des recommandations pour réussir les prochaines échéances électorales. Ils recommandent à la Constituante de pérenniser l'existence de pareille institution dans l'espace constitutionnel et politique du pays. « C'est un acquis à sauvegarder et à consolider pour que l'expérience acquise ne se perde pas », affirme Kamel Jendoubi. C'est un des signaux démocratiques. Cette institution, organisera toutes les autres prochaines élections et sera garante de l'alternance au pouvoir. Des insuffisances ont été constatées. Il faut renforcer les acquis et améliorer le travail. L'administration électorale doit évoluer. Le pays dispose d'un noyau, à consolider. La liste des électeurs doit être reprise pour que tous les électeurs tunisiens y soient inscrits. Dans le domaine de la formation des acquis sont à sauvegarder et à développer. En quatre mois, 40000 cadres tunisiens ont été formés. Des compétences en matière de droit furent révélées. Une production juridique importante a été accumulée. Des campagnes de sensibilisation ont été engagées et ont donné leurs fruits. En dépit d'une absence totale de spécialité, une bonne gestion des affaires financières et administratives a été acquise. « L'ISIE a participé jusqu'à un niveau raisonnable au retour de confiance en l'opération électorale », dira, non sans fierté Kamel Jendoubi. Le jour du vote la participation massive du peuple a donné l'image d'une deuxième révolution. C'était la naissance de la citoyenneté et de la démocratie. Des centaines, voire des milliers de cadres, jeunes et moins jeunes ont intégré l'Instance à l'intérieur du pays et à l'étranger et ont travaillé jours et nuits pour réussir cette échéance. La réussite de ce rendez-vous électoral ne pouvait se concrétiser sans le grand apport du Gouvernement et de l'administration. « Le Gouvernement et l'administration, nous ont aidé dans tout ce que nous avons demandé, le Premier ministre Béji Caïd Essebsi, le ministre Ridha Belhadj chargé des relations entre le Gouvernement et l'ISIE et l'administration à tous ses niveaux, l'administration de la sécurité et l'armée nationale qui a joué un grand rôle, sans oublier l'Imprimerie officielle qui a travaillé sans relâche, le Centre National Informatique (CNI), la Poste, le ministère de l'Education nationale, le ministère de la Santé publique, l'administration régionale, les Gouverneurs, les déléguées… », a ajouté le président de l'ISIE. Le processus électoral a mobilisé beaucoup de monde. La participation palestinienne a été mise en relief, puisque trois experts sont venus de la Palestine pour aider les Tunisiens, à côté des experts du PNUD, de l'Union Européenne et d'autres instances. Le travail des observateurs a été salué. Leurs remarques et critiques constructives seront étudiées. Ils ont joué un rôle important dans la crédibilité et la transparence des élections. Kamel Jendoubi, devait rappeler que des relations nouvelles ont pu être établies avec tous ceux qui sont concernés par les élections et qu'être indépendant ne veut pas dire être supérieur aux autres. « On avait une obligation de résultat et le respect des dates avancées à l'opinion publique. Nous n'avons subi de pression de nulle part dans notre travail. Nous avons la conscience tranquille », précise-t-il. La prochaine loi électorale devra contenir un chapitre qui institutionnalise l'existence d'une Instance Indépendante pour les Elections. Concernant les listes d'Al Aridha, réhabilitées par le tribunal administratif, Kamel Jendoubi, dira que le travail du tribunal administratif fait partie du processus électoral et l'ISIE n'a aucune remarque à faire. Les commentaires politiques ne concernent pas l'ISIE. A chacun son travail.