• A quand la levée du sit-in ? L'un des défis majeurs auxquels le nouveau gouvernement se trouve confronté est celui de traiter les dossiers épineux des sit-ins dont celui des laboratoires Galpharma, entreprise considérée à juste titre comme l'un de nos fleurons dans le domaine de la fabrication des produits pharmaceutiques, paralysée depuis six mois par le sit-in d'une minorité d'employés. Trouver une solution salutaire à la paralysie totale des laboratoires Galpharma est une urgence étant donné les répercussions sociales, économiques et sanitaires de cette paralysie aux conséquences dramatiques. Familles dans le dénuement Sur le plan social, 180 familles souffrent depuis six mois du chômage de leurs soutiens. Plusieurs d'entre elles sont à la dérive, menacées de désagrégation, croulant sous le poids de l'endettement, avec la triste perspective de sombrer dans le dénuement le plus total. Si comme telle était dépeinte la situation, déjà il y a un mois, lors de la conférence de presse donnée par les cadres, agents, médecins et pharmaciens exerçant aux laboratoires, il n'est pas difficile d'imaginer le degré actuel de sa détérioration. Les témoignages des agents présents à ce moment-là étaient d'autant plus poignants qu'ils exprimaient leur désespoir, leur impuissance et le sentiment d'être sacrifiés par les anciennes autorités au nom de calculs étriqués qui leur faisaient éviter toute confrontation avec le redoutable syndicat régional de la santé. Ce sentiment d'abandon est d'autant plus aigu que l'entreprise est- jusqu'à présent- dans l'incapacité de faire exécuter un jugement exécutoire portant levée du sit-in et évacuation des locaux. De quoi susciter l'indignation de la majorité écrasante du personnel de l'entreprise, telle qu'exprimée par l'un des témoins qui ont pris la parole : « Nous avons le sentiment de ne pas peser lourd devant l'écrasante machine du syndicat régional de la santé et que nous sommes des otages de valeur négligeable dans la sacro-sainte équation de la sécurité. Le sit-in d'une minorité d'ouvriers est en train de nous affamer sans que cela ne tire à la moindre conséquence auprès des autorités ! » Aujourd'hui, que la donne a changé, leur espoir est grand et leurs attentes à la mesure de la légitimité conférée au nouveau gouvernement par le verdict des urnes. Des pertes en cascades Sur le plan économique, le bilan est lourd de conséquences . Selon M. Mohamed Trabelsi, directeur administratif et financier de l'entreprise, les pertes de l'entreprise se chiffrent à plus de dix milliards. Deux projets d'une enveloppe totale de 26 milliards et d'une capacité d'emploi de 400 nouveaux postes dont 300 médecins et pharmaciens sont abandonnés et des marchés extérieurs, notamment ceux de Libye et de Mauritanie, sans doute irrémédiablement perdus pour l'économie nationale. Les perspectives s'annoncent encore plus sombres avec la dégradation des machines et des équipements coûteux, faute de maintenance, ainsi que la détérioration d'importantes quantités de produits finis d'une valeur de trois milliards bloqués dans les dépôts, alors que les médicaments sont en rupture de stock dans les pharmacies. En plus de 40 000 boîtes de médicaments exclusivement fabriqués par les laboratoires et dont l'absence dans les officines, contraint la pharmacie centrale à en importer l'équivalent à force de devises, par les temps qui courent ! Le malade, victime expiatoire Volet pénurie de médicaments, docteur Houda Toumi, directeur commercial, met l'accent sur les préjudices subis par les malades tunisiens du fait de l'arrêt de l'approvisionnement en médicaments génériques du secteur privé (pharmacie) et des structures de la santé publique (hôpitaux, caisses de sécurité sociale etc. ). Ces médicaments sont prescrits pour les cas de pathologies chroniques, d'hypertension artérielle, de maladies cardio-vasculaires, de maladies psychiatriques etc. Cette rupture est source d'ennuis aussi bien pour le médecin, le pharmacien que pour la CNAM, mais c'est le malade qui en subit le plus gros lot de désagréments provenant des complications pouvant être rencontrées suite aux problèmes d'adaptation à un médicament de substitution (s'il existe), aux suppléments de coûts engendrés et aux problèmes de remboursement etc. La reprise du travail est donc une urgence et la pérennité de cette entreprise comme toutes les autres entreprises du pays est une nécessité vitale. Faute de quoi, à court terme, c'est la misère qui attend des dizaines de familles. A long terme, c'est le chômage qui guette les centaines de médecins et de pharmaciens qui sortent chaque année des institutions universitaires et pour lesquels les laboratoires de fabrication de produits pharmaceutiques représentent les meilleurs fournisseurs d'emplois. Taieb LAJILI
Précisions Contrairement à ce qui a été écrit dans l'article « La Turquie cherche à s'implanter en Libye… Et le relais ne peut être que la Tunisie », paru dans notre édition du 20/12/2011, que « le gouvernement turc a commencé par reconnaître l'identité et la langue kurdes ainsi que le PKK », l'ambassade de Turquie à Tunis tient à préciser qu'Ankara n'a pas reconnu ce parti et ne peut engager des négociations avec cette organisation qu'elle qualifie de « terroriste ». Quant aux « armes israéliennes utilisées contre la Turquie à la frontière turco-isréalienne », comme mentionné par erreur, l'auteur de l'article voulait dire la frontière turco-irakienne, sachant que la Turquie n'a pas de frontière avec Israël.