Tout a commencé le 2 janvier dernier quand des individus ont investi le siège du gouvernorat à Jendouba pour détruire des équipements et produire un vrai sac. Puis le mouvement a gagné la ville, pour dégénérer en affrontement entre ces individus et les forces de l'ordre, qui ont procédé à quelques arrestations. Conduits au tribunal de Jendouba, ces perturbateurs ont été présentés au procureur de la République près ledit tribunal. Opportunité des poursuites Le procureur de la République, a un pouvoir discrétionnaire d'appréciation, en matière de poursuite, car il agit pour l'ordre publique, c'est-à-dire dans l'intérêt du citoyen. Au vu des éléments du dossier, il peut juger de l'opportunité d'arrêter celui qui a été présenté par la police, et abstraction faite du procès verbal dressé par l'officier de police judiciaire. Celui-ci ne fait que constater les faits, sans porter de jugement concernant l'individu qu'il a interpellé et interrogé. Qu'il s'agisse d'un grand criminel ou d'un innocent, le procureur se maintient aux seules données de l'affaire qu'il a devant lui. Parmi ceux qui ont été arrêtés, certains ont été relaxés, d'autres ont été entendus par le juge d'instruction puis mis en liberté. Bien plus, certains agents ayant été l'objet de plainte pour violence, ont été entendus à leurs tours par le juge d'instruction. Ce qui a suscité la colère de certains agents de l'ordre. Le 9 janvier dernier, l'union des syndicats des forces de l'ordre (USFST) a organisé un rassemblement devant le tribunal de Jendouba à titre de protestation. Celle-ci avait pour but de contester les décisions du juge d'instruction tendant à relâcher les individus qu'ils ont arrêtés en flagrant délit, d'une part et à arrêter certains agents objet de plainte pour violence. A leur tour les juges du même tribunal ont décidé de suspendre le travail pendant une heure pour manifester leur mécontentement à l'encontre des agents de l'ordre. La colère des juges Dans sa missive à Abou Moussa Al Achâari, premier juge de l'Islam, Omar Ibn Al khattab, deuxième khalife de l'Islam, lui recommandait entre autres, de ne pas se mettre en colère, afin de rendre ses décisions de justice dans la sérénité. L'attitude des agents de l'ordre a suscité la colère des magistrats des juges près ledit tribunal. La présidente du bureau exécutif de l'Association des Magistrats Tunisiens (AMT) Kalthoum Kannou a confirmé la tenue , aujourd'hui 12 janvier courant, de plusieurs rassemblements de protestation, à travers tous les tribunaux de Tunisie, contre l'attitude des agents de sécurité, considérée comme une atteinte au pouvoir judiciaire. « Elle ajouta qu'il incombe au gouvernement ainsi qu'au ministère de l'Intérieur, d'assurer la sécurité dans les tribunaux, pour le bon déroulement des audiences et des activités qui s'y rattachent, et ce dans l'intérêt du justiciable. » Ordre et Justice En fait l'ordre est-il nécessaire à la Justice ? Le désordre dont parle Hobbes dans son ouvrage « Le Léviathan » n'est en réalité que l'ordre naturel, car , comme dit Bergson il n'y pas d'ordre en soi. L'ordre peut être injuste tel que l'a été la police sous Ben Ali par exemple. J'ajouterai qu'il n'y a pas une Justice en soi également. Il importe qu'il y ait une concertation entre ordre et Justice. Celle-ci est au service de celle-là, et réciproquement, dans l'intérêt du justiciable.