Chez les artisans du cuir et de la chaussure à Sfax, la concurrence déloyale des chaussures chinoises est un sujet de préoccupation, depuis plusieurs années. Ce qui est nouveau ces derniers jours, c'est la montée, légitime du reste, de la grogne chez ces professionnels. Alertés par l'imminence de l'arrivage, 20 janvier courant, du 1ercontingent de conteneurs de chaussures de la Chine, des artisans et des industriels ont réagi ces derniers jours en observant un sit-in devant le siège du gouvernorat pour réclamer la cessation de l'importation dite sauvage des ces produits, aux effets néfastes sur la filière sur les plans régional et dans notre pays. Par la suite on a constaté une escalade de la protestation, dans la mesure où un groupe d'artisans a fait le tour des commerces où se vendent des articles d'importation et les ont obligés à baisser le rideau, ce qui a nécessité l'intervention des forces de sécurité qui ont remis les choses dans l'ordre. Retombées négatives Ces professionnels déjà éprouvés par la saison basse, ont toutes les raisons de protester contre l'importation dite sauvage qui provoque une concurrence déloyale, aux multiples préjudices. Contacté, Hazem Badri, le président de la chambre des artisans du cuir et de la chaussure à Sfax, tout en expliquant qu'il s'agit d' initiative non concertées, n'en a pas mois mis l'accent sur les difficultés engendrées par « l'inondation chaque année du marché local par des produits chinois avec les nombreuses retombées négatives que cela implique sur la situation des professionnels en Tunisie : fermeture de nombreux usines et ateliers anciennement implantés aux zones industrielles Poudrière I et Poudrière II, reconversions d'anciens artisans en commerçants, désaffection des apprentis potentiels, une désaffection s'expliquant par le manque de visibilité dans la filière et qui met en péril l'existence même des centres de formation équipés à coup de crédits considérables, estimés à neuf milliards par centre, outre bien entendu l'hémorragie en devises, si précieuses par les temps qui courent. » Triche à la douane D'après nos interlocuteurs parmi les professionnels de la filière, les hémorragies sont aggravées par le trafic de monnaie, sachant que les montants sortis clandestinement sont largement supérieurs à ceux qui sont mentionnés sur les lettres de crédits et déclarés à la douane. D'autre part, beaucoup d'importateurs tricheraient sur la valeur de la marchandise déclarée à la douane, faisant perdre au trésor national des recettes substantielles. Par conséquent, les services de douane sont appelés à une vigilance accrue pour contrecarrer ces pratiques frauduleuses. Parallèlement, la filière du cuir et de la chaussure à Sfax a besoin de restructuration et de mise à niveau, dans la mesure où une grande majorité parmi les six mille artisans ne disposeraient pas de patente, ce qui représente une entrave sérieuse aux efforts d'organisation déployés par la chambre syndicale du cuir et des chaussures. Solutions en vue Une solution semble pointer à l'horizon à l'issue de la toute récente réunion au siège du gouvernorat, réunion au cours de laquelle promesse a été faite par le gouverneur de la région de procéder aux démarches nécessaires auprès du ministre des Finances pour mettre un terme à l'importation sauvage des chaussures ainsi qu'auprès du ministre de l'Industrie et du Commerce pour une audience avec les professionnels de la filière.