La tension est montée d'un cran ces deux derniers jours à Sfax entre artisans du cuir et de la chaussure, d'un côté, et commerçants de détail de l'autre. Ces derniers sont accusés de commercialiser des produits importés au détriment de la production locale, alors que les artisans dans la région de Sfax sont très actifs sur le marché qu'ils alimentent en grandes quantités de chaussures. Ils ont toujours souffert d'une concurrence déloyale qui risque de mettre en péril toute une industrie et de mettre au chômage plus de huit mille artisans de la région. Pour protester contre ces pratiques, des représentants de ces artisans ont observé deux sit-in de quelques heures, respectivement devant le siège d'Ennahdha à Sfax et devant le siège du gouvernorat. Ils ont également organisé une marche dans les rues principales de la ville de Sfax et ont eu des discussions très tendues avec les propriétaires de certaines boutiques qui vendent des articles importés, essentiellement de Chine. Il a fallu l'intervention des unités de sécurité pour empêcher la fermeture, par la force, de ces boutiques. «Nous avons toujours été victimes de l'importation illégale des produits asiatiques qui ont largement affecté notre gagne-pain quotidien. La révolution qui nous a permis de nous débarrasser du clan Trabelsi n'a pas encore su trouver les solutions adéquates et urgentes à notre problème, puisque ces produits continuent à être commercialisés sur nos marchés», déclare un artisan qui ne cache pas sa crainte et son désespoir quant à l'avenir de tout un métier. Un autre artisan n'arrive pas à comprendre comment le ministère du Commerce se plaît à tolérer ce genre d'importations qui affecte gravement toute l'économie nationale. Car, outre la perte en devises, ce phénomène est de nature à augmenter le nombre des chômeurs du secteur. Il est à rappeler qu'en nombre d'entreprises actives, le secteur du cuir et de la chaussure dans la région de Sfax occupe la troisième place, après le Grand-Tunis et Nabeul. En nombre d'emplois, la région de Sfax se place en quatrième position. Le secteur compte quarante-sept entreprises industrielles qui emploient en moyenne 42 personnes.