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La dichotomie public/privé
Pour une démocratisation du système de l'information (2 et fin)
Publié dans Le Temps le 28 - 01 - 2012

En guise de rappel, la nécessaire réforme du secteur de l'information part du diagnostic fait sur le « système Abdelwahab Abdallah »: journaux et organes audio-visuels cadenassés, journalistes opprimés ou asservis, d'autres dévoués et corrompus, d'autres enfin stoïques dans leur résistance quotidienne à l'infamie, des directeurs de journaux alliés à la dictature, des opportunistes, et quelques îlots de lumière dans un désert médiatique.
La question de la réforme du secteur de l'information est donc complexe. Car, elle touche au devenir des hommes et des femmes qui animent ce secteur ; elle touche aussi à des questions relatives à la mission, au financement, à l'autonomie et à l'économie générale de la production et de la diffusion de l'information. C'est pourquoi, il est utile de sérier les problèmes pour espérer leur apporter des réponses spécifiques et opérationnelles.
Au lendemain de la Révolution de 2011, deux démarches étaient possibles. La première consistait à faire table rase du passé, la seconde maintenait les structures pour les réformer. Sur le plan politique, c'est la première démarche qui a été adoptée : dissolution du RCD et de la police politique, début des réformes sécuritaires, séparation du parti et de l'Etat, libéralisation de l'espace public. Pour la Justice et l'information, c'est la deuxième démarche qui a été privilégiée. On aurait pu imaginer adopter la même démarche pour tous les secteurs. Mais, il a été décidé de laisser les structures médiatiques (presse, radios et télévisions) en l'état et de les réformer de l'intérieur. Nous mesurons, aujourd'hui, que c'est la solution la plus difficile à mener, vu qu'on aura tous à faire avec les pesanteurs du passé.
Il y a lieu d'abord, dans une perspective de réforme globale du système, de séparer les mesures qui s'adressent au secteur public de celles réservées au secteur privé.

Pour une charte éthique

Le cadre général de la réforme devrait d'abord mettre en place les valeurs et les principes qui devraient guider la refondation consensuelle du système. C'est ce que L'Instance nationale indépendante pour la réforme de l'information et de la communication (INRIC) a commencé de faire en contribuant à l'adoption d'un nouveau code de la presse et d'une Haute autorité indépendante pour l'audiovisuel.
Pour ma part, il serait utile qu'on aille plus loin. Il serait judicieux de donner du poids et de la légitimité à l'opération en demandant à l'Assemble nationale constituante (ANC) d'adopter une Charte d'éthique de l'information qui engagerait tous les acteurs de la société (Etat, partis politiques, syndicats, société civile, citoyens). Cette Charte fondamentale devrait s'inspirer des objectifs de la révolution pour confirmer les principes fondamentaux qui guideraient tous les acteurs du secteur :
1.Défendre les droits de l'homme, et au premier titre le droit à l'expression et à une opinion libre pour tous les citoyens ;
2.Respecter la pluralité culturelle, intellectuelle et politique de la société ;
3.Bannir toutes les formes de discrimination, de racisme et diffuser les valeurs d'ouverture, de tolérance et de paix sociale ;
4.Produire une information objective, impartiale et équilibrée ;
5.Contribuer à la diffusion de l'esprit scientifique de progrès ;
6.S'ouvrir sur le public dans les différentes régions du pays et dans toutes les catégories sociales ;
7.Contribuer au rayonnement de la culture et de la civilisation nationales ;
8.S'ouvrir sur les autres cultures du monde et contribuer à la diffusion des valeurs universelles de paix, de progrès et de solidarité humaine.
Ce serait une Charte qui devrait transcender toute entreprise de réforme du système. Les principes et valeurs de cette charte guideraient les acteurs de la presse privée et du secteur public.

Réformer la presse privée

Les principes de cette charte devraient être traduits dans un cahier des charges qui fixerait la mission future de la presse écrite privée dans le souci de confirmer sa liberté d'informer et de lui donner le cadre juridique qui lui permettrait de se réformer de l'intérieur, de se mettre à jour en fonction des valeurs et principes de la Charte. L'objectif n'est pas tant de « moraliser » la profession que d'organiser le fonctionnement démocratique de ses structures.
Il faudrait, à mon sens, prendre des mesures audacieuses pour renforcer la presse indépendante. La floraison de titres nouveaux qui s'est ajoutée à ceux préexistants nécessite des mesures d'accompagnement en vue de consolider moralement et financièrement l'expression libre. Il est primordial d'abolir les impôts discriminatoires qui frappent la presse et l'édition. Dans un pays en développement, aucune charge ne devrait s'appliquer à l'encontre des entrepreneurs de la presse et de l'édition. Au contraire, des subventions étatiques devraient être envisagées pour soutenir l'activité.
Sur le plan des libertés, des mesures devraient assurer les gens de la plume qu'ils ne seraient pas poursuivis par les agents publics au cas où ils diffuseraient des informations relatives à l'exercice des fonctions officielles.
Le Syndicat national des journalistes a un rôle majeur à jouer pour établir les paramètres professionnels à respecter : nombre minimum de journalistes par organe, cartes de presse, formation continue, justification du tirage, etc. Plus le secteur est organisé dans la transparence, plus la défense des droits est aisée.
Il me semble important de mettre en place un Conseil national de la déontologie journalistique, élu démocratiquement par les journalistes, à l'instar des conseils de l'ordre d'autres professions (avocats, médecins, pharmaciens, etc.) qui contrôlerait le respect des codes de déontologie de la profession. Il devrait veiller à réguler la profession, à recevoir les doléances et les plaintes venant du public, à rectifier le tir chaque fois que des manquements sont signalés. Le Conseil peut émettre des sanctions disciplinaires administratives à l'encontre des contrevenants à la Charte ou au respect de la vie privée. Tout différend relatif à la violation d'un droit fondamental par la presse peut être porté devant la justice indépendante.

Pour un Service public performant

Dans tous les systèmes démocratiques avancés, l'Etat se désengage de la presse écrite. Naturellement, les organes de presse écrite gouvernementale ont vocation à revenir au personnel qui y travaille. Quitte à ce que l'Etat aide, dans un premier temps et par le biais d'une donation unique et irrévocable, l'insertion de ces journaux dans le secteur de la presse privée.
En ce qui concerne les radios et les télévisions, le consensus de départ a privilégié l'idée de transformer les organes gouvernementaux en « service audiovisuel public ». Cette mutation devrait être du ressort des professionnels. Elle ne peut être menée par le gouvernement.
La première mesure urgente à prendre et de faire voter par l'ANC les textes de loi relatifs à l'instauration de la Haute autorité indépendante de l'information et de la mettre définitivement en place. Il reviendra à cette instance de proposer à la nation une conception nouvelle du service public (radios et télévisions), et de préparer un plan de réforme de l'audiovisuel public.
Il s'agira, dans un deuxième temps, de mettre en œuvre la restructuration : nomination des dirigeants, allocation des budgets, constitution de conseils d'administration et de surveillance. Le secteur audiovisuel public actuel a tellement souffert des décisions irrationnelles, des manipulations, des infiltrations sécuritaires et politiques que d'aucuns pensent qu'il est irréformable. Il est vrai que les tares de l'ancien régime y subsistent : prolifération bureaucratique, recrutement de personnel non-professionnel, marginalisation des journalistes, fonctionnement clanique, présence policière et partisane camouflée, hypertrophie de la masse salariale, management bureaucratique des budgets, malversations, etc. C'est pourquoi un audit indépendant, préalable à toute réforme, est indispensable.
Il est primordial de redonner confiance aux journalistes et aux créateurs de ces médias qui aspirent à recouvrer leur liberté de parole et les instruments nécessaires à l'exercice de leur métier. Mais il faut aussi procéder aux restructurations nécessaires qui garantissent cette même liberté. La solution la plus sage serait de lancer un service public avec un cadre juridique nouveau, adapté à la flexibilité du secteur, aux évolutions technologiques, éditoriales et culturelles qui déterminent la production audio-visuelle à l'échelle internationale. Dans un deuxième temps, il faudrait assainir les structures actuelles pour pouvoir partir du bon pied. Ces conditions offrent les plus grandes chances de réussite d'un secteur audiovisuel public moderne, performant et attractif.
Après l'audit et l'assinissement, des étapes successives de restructuration sont nécessaires pour mettre en œuvre de façon graduelle les réformes nécessaires pour que ces médias s'ouvrent sur la société, sur les producteurs tunisiens et sur les autres médias nationaux.
Dans tout le processus de réforme, le souci majeur devrait être la mise en œuvre et la sanctuarisation de l'indépendance du service audiovisuel public par rapports aux gouvernants, aux partis politiques et aux lobbies de toutes sortes. La réforme ne peut réussir que si elle est faite en adoptant des critères professionnels d'efficacité non-bureaucratique, l'alternance aux responsabilités en fonction des compétences et de l'efficience, la dissolution des clans, des restes de l'autorité du RCD à l'intérieur du service public et la constitution d'équipes de travail performantes et dirigées démocratiquement.


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