Par Kilani Bennasr - Le gouvernement provisoire est le premier responsable de la situation dans le pays, il est en droit de chercher en permanence des solutions adéquates pour pallier les dysfonctionnements éventuels, telle que l'insécurité; quant aux moyens à mettre œuvre, théoriquement ils existent et sont disponibles mais leur emploi dans l'état actuel des choses n'est pas judicieux ; quoique dans un cas de force majeure le pays saura se défendre avec sa réserve intarissable, le duo Peuple-Armée. Les facteurs qui sont à l'origine de l'insécurité, en Tunisie sont, le manque de maturité de certains nouveaux moyens d'information et partis politiques ensuite l'absence du gouvernement et de la société civile à l'intérieur du pays ce qui a laissé le champ libre aux malfaiteurs et aux mécontents et enfin l'inexpérience du gouvernement provisoire. Dans la réalité, plusieurs failles sautent aux yeux concernant le comportement du gouvernement et des médias en Tunisie, les images télévisées sur leurs activités à Tunis donneraient l'impression que la capitale se trouve en Europe et que le peuple est laissé pour compte, ce qui représente une erreur grave de médiatisation des activités du gouvernement. Ce dernier est en train de ternir son image et de perdre la confiance des tunisiens, avec ses apparitions et interventions très fréquentes sur les médias, au détriment du travail. Certains nouveaux ministres préfèreraient faire des déclarations que s'occuper des affaires de leur ministère. Les présidents de l'Etat, du Gouvernement et de la Constituante sont priés de lancer un appel solennel pour qu'on parle moins et qu'on travaille plus, dans ce pays. Aujourd'hui tous les Tunisiens montrent du doigt les grands instigateurs de la violence et les responsables des troubles représentés par des jeunes chômeurs et adultes ‘'casseurs'', manipulés par des politiciens, cadres de l'ancien régime et autres vivant le corps en Tunisie et la tête à l'étranger. Cependant, par leur agitation, les jeunes « casseurs » reflètent indirectement le laisser- aller des fonctionnaires actuels de l'Etat et expriment leur manque de considérations aux agents de l'ordre qui ont perdu la face en raison de leurs attitudes de corruption avant et après la révolution. Elles sont impressionnantes ces équipes de barbus, imbibées et convaincues de valeurs ; se sont montrées capables d'éradiquer la délinquance dans plus qu'un village. A nous de choisir ! Sinon comment expliquer que seuls les déplacements des véhicules de l'Etat sont interdits par les sit-in ? Soyons sûrs que si tout le monde suit l'exemple des commerçants privés, qui se déplacent tôt le matin, prennent le risque et font tout pour bien finir leur journée, on ne serait pas dans cette situation. Le comble c'est que cette mentalité de ne pas vouloir prendre le risque, de la part des fonctionnaires de l'Etat, durerait infiniment… Face aux revendications sociales, le gouvernement de Monsieur Jebali fait preuve d'impuissance, pour plusieurs raisons : il n'a pas les moyens matériels de satisfaire les nécessiteux qui par leurs attitudes agressives gratuites ne font qu'aggraver leur situation et compliquer celle du gouvernement ; n'est pas en mesure de réquisitionner les unités de maintien de l'ordre quand la situation de sécurité l'exige et ne s'adresse pas au peuple pour apaiser la situation. Toutefois, si le courage, la qualité incontestable du chef, aurait caractérisé le gouvernement Monsieur Sebsi ; elle n'a pas été encore remarquée chez le gouvernement provisoire. Ce gouvernement, malgré sa bonne volonté, aurait du mal à affronter les difficultés et certains de ses nouveaux responsables craindraient la foule, manqueraient d'initiative et sont réticents, « entravés », pour se déplacer à l'intérieur du pays. Ce qui porte à croire qu'ils seraient doublés par d'autres acteurs derrière la scène ! Il n'est pas demandé au gouvernement de prendre des risques inutiles, mais d'être rayonnant et représenté sur tout le territoire. Le peuple, voudrait par le biais des revendications et des sit-in, exprimer plutôt un besoin d'assurance, d'optimisme et de courage « …L'optimisme est une forme de courage qui donne confiance aux autres et mène au succès. Citations de Robert-Powell ; La route du succès ». On peut reprocher au gouvernement de Monsieur Djebali d'être prudemment retiré; concentré sur le Grand Tunis et le littoral nord, alors que les mécontents et certains opposants profitent de la situation pour enrôler les jeunes sur place, au sein de leur patelin. Une touche d'optimisme est nécessaire pour mettre le peuple et le gouvernement en symbiose, dans une relation de confiance afin de dissiper les suspicions créées par l'opposition et les ennemis de la révolution. Afin de combler cette impuissance du gouvernement, il faudrait que les tunisiens, société civile comprise, contribuent avec l'aide de ce dernier à contenir ce fléau. De surcroît, il n'y a pas de doute que si les partis politiques de la Troîka actuelle et leurs confrères, se mettent au travail avec la même implication et détermination, pour éradiquer pacifiquement les sit-in ; comme ils s'y sont mis lors de la campagne électorale, on tournera la page dans un court délai. *colonel retraité tunisien