Sept ans après « La villa », son deuxième long métrage, Mohamed Dammak tourne un troisième film, une sorte de suite à « La villa » intitulé « Jeudi après-midi », co-écrit avec Tarak Ben Chaabane. Le tournage, qui va durer environ deux mois, se déroule dans les hauteurs de la cité Ennasser II, quartier cossu servant de cadre à cette comédie sociale sur l'opportunisme des uns et des autres et leur avidité pour l'argent. Mohamed Dammak a dû adapter son scénario à l'actualité en l'inscrivant à l'époque de la dictature. L'histoire est celle de Mustapha (Fethi Heddaoui), un homme d'affaires sexagénaire, veuf et père de famille, qui, suite à une critique de la femme du président, subit la vengeance du clan au pouvoir. Et comme un malheur n'arrive jamais seul, il est victime d'un accident de la route qui le jette dans un coma profond. Autour de lui, ses enfants s'agitent. Chacun vit la situation à sa manière, mais aucun ne peut réellement s'occuper de lui hors de sa longue convalescence. Mounia (Sawssen Maalej), sa fille est prof de maths. Elle est mariée à un collègue (Mehedheb Remili) malgré le refus de son père. Entre études particulières et la construction de sa villa, elle est à bout de nerfs. Elle a un besoin pressant de liquidités. Elle s'épuise donc à donner des cours particuliers et contracte des prêts un peu partout. Taieb, (Khaled Houissa), son fils est un grand bluffeur. Homme d'affaires raté, marié à une fille riche, il cherche à tout prix à succéder à son père. Hinda sa femme (Rym El Bana), sentimentale et fragile, s'inquiète des lubies de son mari qui verse dans le mysticisme. Elle le soutient économiquement mais poussée par son mauvais comportement, elle finit par le lâcher. Mokhtar (Mohamed Amine Hamzaoui) rappeur, fiancé à Aziza (Oumeima Bahri) une jeune poétesse, ils préparent ensemble un spectacle que les autorités guettent. Les rapports entre Mokhtar et son père sont très mauvais. Hinda (Nadia Boucetta), l'autre fille de Mustapha, lui crée des soucis. Suite à une déception amoureuse, elle part à Paris pour des études et se marie à Marc (Kiros Longstone) un européen qui vit mal sa conversion à l'islam. C'est Zohra (Aicha Ben Ahmed), jeune infirmière qui va accompagner Mustapha tout au long de sa convalescence mais depuis son installation à la maison, où surgit de temps en temps la vieille Saida (Fatma Ben Saidane) sœur par adoption de la femme de Mustapha et gardienne de sa mémoire, les malheurs de ce dernier se multiplient. Mustapha est séduit et amoureux même de Zohra qui reste lointaine. Ses absences répétées les jeudis après-midi nourrissent le mystère autour de sa grande tristesse. L'attachement de Mustapha et l'attention particulière dont il commence à entourer Zohra, provoquent l'inquiétude de Mounia et de Taieb. Ils veulent se débarrasser d'elle. Zohra leur résiste pourtant et continue à ne prêter aucune importance à l'argent de Mustapha. Elle semble motivée par autre chose. C'est la vie de Taieb et Mounia qui devient difficile. Les deux se retrouvent en instance de divorce et Taieb se voit intenter un procès par une banque. Les enfants reviennent à la maison. Mustapha a du mal à gérer la situation. Inès Ben Youssef
Mohamed Damak Digest Mohamed Damak est né en 1952 à Sfax. Depuis son jeune âge, il est membre actif du mouvement des ciné-clubs et des cinéastes amateurs. Il étudie le cinéma en France au conservatoire du cinéma français et parallèlement, il obtient un diplôme d'études et de recherches cinématographiques à l'université de Censier. De retour en Tunisie, il s'engage dans la profession et débute par un projet autour des Journées Cinématographiques de Carthage qui aboutit à un documentaire intitulé « L'espoir ». Il enchaine avec d'autres documentaires dont « Hammamet, culture et nature » et « Jamoussi ». En 1986 et après deux courts métrages de fiction « Horoscope » et « La mort en face », il tourne son premier long-métrage « la coupe », une comédie sur l'engouement d'un supporter pour son une équipe de football. Ensuite, il s'oriente vers la publicité et tente une expérience télévisuelle avec « Photo-minute », une série en 15 épisodes. En 1996, il revient au cinéma et au court-métrage de fiction avec « Quartier Tam-Tam » et en 1998, il réalise « Le festin » qui lui vaut le Tanit d'Or des JCC. En 2004, il signe son second long métrage « La villa » avec son compagnon de route le défunt Mohamed Mahfoudh.