La scène politique, médiatique et sociale vit au rythme des polémiques ces derniers jours. La tendance au lieu de s'orienter vers l'apaisement, vire au pourrissement, aux accusations réciproques faisant planer le spectre d'une détérioration de la situation alors que le pays est encore confronté aux lamentables conditions des régions sinistrées par les inondations et des victimes de la vague de froid dans le Nord-Ouest. Le grand élan de solidarité manifesté par la classe politique, les organisations nationales et la société civile n'a fait qu'ajourner l'embrasement du feu de la discorde qui couvait depuis longtemps et que des parties de diverses tendances entretenaient et attisaient avec zèle et cupidité. Déjà, des signes avant-coureurs de tension préfiguraient un enveniment du climat général dans le pays et pour les observateurs avertis la trêve n'est que de courte durée, les prémices de la confrontation pointant de plus en fort. On l'a déjà vu lors du procès de Nessma TV où un journaliste et un professeur universitaire ont été agressés par un jeune salafiste (toujours en liberté !), ou lors des prêches haineux (au nom de la liberté d'expression !) du prédicateur égyptien Majdi Ghonaïm ou encore avec l'emprisonnement du directeur du journal Ettounssia pour la parution en première page d'une photo jugée contraire aux bonnes mœurs. Mais cette fois le danger est plus grave car le risque de confrontation met face à face deux forces colossales, le mouvement Ennahdha et l'Union Générale des Travailleurs Tunisiens (UGTT). L'affaire qui commence par le déclenchement d'une grève de quatre jours des éboueurs et des agents municipaux se transforme en un bras de fer inquiétant entre le parti islamiste et la prestigieuse centrale syndicale. Elle l'accuse d'agressions contre ses locaux, il se disculpe, invoquant des forces occultes qui sont-elles au fait? d'être responsables de ces agissements. Pour l'heure, l'option de l'épreuve de force n'est pas à l'ordre du jour. Il n'est question pour le moment que de démonstration de force et de manifestations d'appui mais personne n'est en mesure de prévoir les risques de dérapage. Car la tendance est à un regroupement des forces démocratiques et de la société civile derrière l'UGTT, face au parti islamiste, fort de ses partisans et du soutien d'autres groupes sympathisants aux prétentions obscures.