Ne nous leurrons pas : cette liberté qu'on daigne ostensiblement nous « offrir » est une arme à double tranchant. Cela avait déjà commencé par l'amalgame médias publics/médias privés. Mais qu'entendent ces messieurs de bien pensance gouvernementale par médias publics ? Un appareil domestiqué au service des rouages d'un Etat composite avec un Président de la République aux activités minutieusement couvertes qui dit une chose et à qui le Premier ministre – lui aussi – solennellement « couvert » donne le change ? Nolens, volens, les médias publics sont dans leur rôle originel : porte-parole d'une action gouvernementale, soutendue par une insidieuse idéologie matérialisée par les débats où les intervenants d'Ennahdha ont systématiquement le dernier mot. De temps à autre, Cheikh Rached indique la voie à suivre ; interventions systématiquement relayées par celles de Cheikh Mourou, habile à dessiner des arcs en ciel. Les médias privés, eux, eh bien le code pénal s'en occupera, dès lors que le décret-loi réglementant la profession est destiné à demeurer lettre morte. Il y a finalement de quoi être fataliste : la censure existe bien plus maintenant qu'avant et, à l'évidence, toutes les institutions du pays se sont passé le mot : tout est la faute de la presse. Lisez plutôt le reportage sur ce que raconte le syndicat de base des cadres et des agents des prisons. Or ceux qui n'y sont pas allés ne saisiront jamais le degré de férocité des tortionnaires-geôliers de l'ancien régime… Là aussi, c'est la presse qui leur aurait dit de torturer les gens… Des hommes comme Hamadi Jebali, Ali Larayedh, Samir Dilou, Hamma Hammami… savent bien qui les a torturés. Alors, de grâce, pas de boucs émissaires !