Une enfance maltraitée est bien plus qu'une damnation de la société. C'est une condamnation de l'Histoire. Une perception rétrograde, réductrice et avilissante de la condition humaine tout entière. S'agit-il de réinventer Freud ? Remettre au goût du jour ce « SUR MOI », modèle parental introjecté et qui, dominant le « MOI », c'est-à-dire, la personnalité, produit des détraqués, des psychopathes et explique aussi des dérives sexuelles contre-nature ? Toute la littérature psychanalytique, ou plutôt toute la science psychanalytique a abondamment traité de la maltraitance des enfants par leurs parents ou autres tuteurs. Mais, qu'entend-on par maltraitance ? Toutes formes de sévices psychologique ou physique contraires aux principes premiers des droits de l'homme, à savoir le respect de l'intégrité physique. On ne comprend dès lors pas, qu'un faux-débat rebondisse, ces derniers jours, autour de l'interprétation donnée à la décision de réviser l'article 139 du Code pénal interdisant aux parents le recours à la violence pour « punir » leurs enfants, sous peine de poursuites. Faux débat, litanies pour le maintien des pratiques moyenâgeuses, prétextes pour balancer un pied de nez à l'endroit d'une législation qui se veut civilisationnelle comme le fut et l'est, le Code du Statut Personnel. Ce n'est pas le droit et le devoir d'éducation des enfants dévolu à la famille que la refonte de l'article 139 remet en question. Mais, c'est l'ambivalence du mot « punition », dans le sens large et extensif du terme qui n'a plus droit de cité. Et pour autant, c'est le principe du « châtiment » qui sera rayé des textes et qui le sera, nolens, volens, de l'imaginaire collectif. Car, finalement, que saurait produire une famille violente, si ce n'est une société violente et une école tout aussi violente ! Impliquer les enfants dans leur propre éducation : voilà le pari. Le bâton abrutit. Il encanaille. Il endurcit ceux qu'il roue de coups. Car, la psychologie d'un enfant est autant complexe que vulnérable. Et même les punitions passives produisent des détraqués comme le syndrome de Peter. C'est un garçon aristocrate anglais dont l'éducation est confiée à une gouvernante. Il adore glisser sur la rampe des escaliers. Et chaque fois il est chopé par la gouvernante, celle-ci le tire par l'oreille et le met au piquet. Une fois, il a fait la rampe sans que la gouvernante ne l'attrape ; il se tire alors lui-même par l'oreille et va au piquet. Peter est, donc, un détraqué, car, « le piquet » est un châtiment. Que dire, alors, des sévices physiques ! Et, est-ce en cognant sur leurs enfants que les parents affirmeront leur autorité et leur sens éducationnel ? Les négativistes, ceux-là mêmes qui fustigent le projet de réformes de l'article 139, ont l'air de vivre en définitive des réminiscences sado-masochistes.