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Les nouvelles possibilités de relance du secteur
Le Salon de l'Artisanat 2012 :
Publié dans Le Temps le 03 - 04 - 2012

Le salon de l'Artisanat dans sa 29ème session présente non seulement comme le salon de la continuité, de la résistance des métiers de notre patrimoine mais aussi par l'insertion et la présence de plus en plus effective des nouveaux métiers qui proposent de nouveaux produits dont la caractéristique essentielle est de s'adapter aux nouvelles réalités de la vie quotidienne de notre peuple, de son nouveau mode d'habiter et des exigences de la vie moderne dans ses dimensions et choix irréversibles…
Evidemment, la rupture entre les secteurs traditionnels et modernes de la production artisanale n'est pas franche elle n'est pas non plus tranchée définitivement mais elle est historiquement un fait incontournable dont il faudrait tenir compte de plus en plus. Certes, les ruptures ne sont pas brutales et peuvent se déployer dans el temps très progressivement d'où les compromis qui apparaissent çà et là comme des continuités du passé dans le présent. Certains métiers connaissent plus que d'autres des continuités, d'autres développements vertigineux vers le moderne, vers la dimension de design quelques fois très poussé. La recherche de plus en plus poussée favorisée par nos nouveaux instituts des beaux arts et des métiers d'art au niveau de nouveaux produits s'accorde avec la politique de promotion de l'ONA pour promouvoir des nouveaux matériaux nationaux capables d'être adoptés et adaptés à des fonctions nouvelles et à des critères esthétiques de plus en plus revendiqués.
Les jeunes promoteurs
Historiquement, l'étape actuelle, malgré quelques mouvements d'hésitation ne peut asseoir, qu'une démarche créatrice et novatrice fondatrice d'une ligne de production moderne parallèle ou en continuation de la production traditionnelle.
Les jeunes promoteurs se mettent, très nombreux, à proposer de nouveaux produits susceptibles de satisfaire aussi bien les nouveaux besoins en objets que les objets qui se présentent comme ceux de la réconciliation avec le passé et notre présent voire avec notre futur. En somme, cette réconciliation stratégique de nature sociale et culturelle est une exigence de la jeunesse. La jeunesse qui a suscité et provoqué la « Révolution » en Tunisie est au centre des débats. Le Salon 2012, lui consacre la partie centrale de ses espaces afin qu'elle propose la production en artisanat, métier d'art et design qu'elle privilégie. C'est ainsi que 63 jeunes promoteurs occupent gratuitement des espaces assez grands et aménagés pour montrer leur production..., en général, d'avant-garde. Parmi ces jeunes, 42 sont issus des Instituts supérieurs, 50% des participants à l'espace jeunes promoteurs, sont des femmes… et cela n'est que justice !
Evidemment, le secteur des jeunes promoteurs semble être le plus porteur d'avenir de l'artisanat. Ses projets sont modernes et portent à bout de bras tout le secteur.
Les projets les plus remarqués (technique et qualité) sont ceux de Ridha Hfayedh, par exemple. Ce dernier apporte un plus important à la micro-mosaïque dans la mesure où il privilégie dans la mosaïque d'imitation antique la qualité et la miniaturisation. Ce qui rend le produit transportable facilement et donc vendable. Le même mosaïste s'ouvre à l'imitation d'œuvres picturales modernes telles que celles de Delacroix.
Ce qui est une nouveauté et une performance, El Abeed Meubles promet des meubles modernes dont les lignes sont solides, simples et très confortables. Ces meubles sont très appréciés par le public du salon.
Bouraoui Laaraa, de Gafsa, travaille de la pierre de la région, sculpte dans la masse toute sorte d'objets comme les cheminées, les appliques, des lababos des cuvettes, ainsi que des mosaïques. Cette exploitation des matériaux locaux est une indication que la région de Gafsa, peut promouvoir d'autres produits de la région dans le même esprit novateur.
La céramique design ou métier d'art est également présente Nadhem Tlili propose des collections très remarquées non seulement par rapport aux techniques (utilisation du raku) mais aussi par rapport aux formes et couleurs qui collent d'une manière parfaite aux fonctions pour lesquelles elles sont créées (projet Toutenterre).
La production de cuivre du jeune Njah semble également attendre un niveau qualitatif assez poussé puisqu'il propose des formes repoussées aussi bien belles que fonctionnelles.
Les entreprises qui se soucient de produire de nouveaux produits sont assez nombreuses pour s'impliquer comme nouvelle tendance significative dans l'artisanat. La première de ces entreprises est celle de la Maison des senteurs de la Marsa qui nous a parue promouvoir de belles senteurs aussi bien traditionnelles que nouvelles ainsi que des savons et autres eaux de toilette. D'autres entreprises de senteurs proposent dans le Hall 2, des produits similaires. Des petits projets allant dans le même sens que la maison des senteurs illustrent l'importance que les senteurs ont prise en Tunisie.
La Driba, cette entreprise qui se confirme dans ses choix modernes présente une gamme assez vaste de produits représentant une ligne spécifique à Driba et la définissant comme telle.
D'autres artisans très professionnels comme Ali Deboussy se soucier peu de l'aménagement de leur espace d'exposition mais les produits proposés sont d'une qualité très remarquable qui se retrouvent d'ailleurs dans la gamme des entreprises de renom. Le travail de Ali Deboussy est reconnaissable au premier coup d'œil.
C'est solide et fonctionnel surtout lorsqu'il associe à son travail de la halfa d'autres matériaux comme le bois d'olivier ou le fer forgé.
La halfa acquiert entre les mains de Ali Deboussy une dimension autre et des utilisations inédites.
Ali Deboussy est sollicité un peu partout pour asseoir le règne de la halfa et des fibres végétales sur les métiers d'art et l'artisanat. Espérons qu'il réussisse.
La halfa
Effectivement, le secteur des fibres végétales semble occuper de plus en plus une importance capitale par rapport à l'artisanat et aux métiers d'art.
L'Office national de l'artisanat joue franchement et intensivement la carte de l'alfa et des fibres végétales tant il est vrai qu'elles sont porteuses de possibilité écologiques, sociales (emplois) économiques, culturelles importantes.
Sans exagérer l'importance de ces produits de niveaux, nous pensons qu'il représente un espoir et un atout non négligeable dans la promotion d'un produit porteur au niveau national et mondial.
D'autres pays moins pourvus que nous, en halfa, comme l'Espagne, sont arrivés à imposer leurs produits en halfa à toute l'Europe, grâce à leur succès de la technique de l'escargot et à l'adoption d'un équipement adéquat d'affinage et de traitement de la halfa.
La Tunisie peut utiliser à bon escient et dans les régions steppiques les quantités énormes de halfa ainsi que les dizaines d'autres fibres végétales identifiées comme matière première pour lancer une production à destination du marché mondial où elle sera sans concurrence ou presque. Il est clair que la résolution en partie, la première productrice de problèmes de l'emploi dans les régions steppiques peut passer par la transformation de la halfa en produits industriels (pâte de halfa et filasse de corde),en produits artisanaux plus raffinés mais aussi en produits artistiques tels que nous les avons vus exposés au Salon de l'Artisanat.
L'Office National de l'Artisanat et la halfa
Le programme de modernisation, de renouvellement et de développement des produits à base de halfa proposé par l'Office National de l'Artisanat est assez complet pour constituer la base d'une nouvelle approche pour lancer la première phase de réalisation dans les gouvernorats de Kasserine et de Zaghouan, d'un projet grandiose. Le gouvernorat de Gafsa (El Fej) pourra être intégré plus tard ainsi que ceux de Siliana et de Kairouan.
Le but du programme est de faire évoluer la production de halfa de Kasserine et de Zaghouan dans le sens de son amélioration qualitative et quantitative (formelle et esthétique) de telle manière qu'elle produira des effets positifs sur le secteur au niveau de l'investissement et surtout de l'exportation afin d'engendrer une dynamique nouvelle dans l'emploi dans ces régions assez déshéritées.
Evidemment, tout cela reste conditionné par la promotion d'une nouvelle génération de promoteurs compétents, par la formation de 500 jeunes techniquement, artistiquement. La formation est première.
Le Salon 2012 a choisi d'être le cadre du lancement de ce programme du nouveau mode de production des fibres végétales.
Le stand spécifique octroyé à la halfa, souligne l'importance accordée du projet d'une réactivation totale de l'artisanat des fibres végétales. Il illustre l'urgence de réaliser ce qui a été projeté.
L'exposition montre, en effet, différents atouts de l'exploitation des fibres végétales dans notre pays. En dehors de son exploitation industrielle (pâte de half a et filasse), artisanale (natte, hsira, tapisserie traditionnelle), la halfa peut être exploitée artistiquement avec des produits à haute valeur ajoutée.
Les recherches entreprises par les cadres de l'ONA ont touché tous les secteurs de la tapisserie, du petit meuble de la décoration, des fournitures de bureau. Les prototypes proposés par Faouzia Nouri, Safa Sassi, Wahida Ben Kahla, ou encore Henda Ghamame par Aouatef Mana et exécuté par Ali Deboussy, sont un modèle de perfection et ont suscité l'intérêt de centaines de professionnels et de commerçants nationaux comme des négociants étrangers.
Ce succès est une indication concrète que le projet de la reconversion de la halfa dans le sens que nous venons de développer est une nécessité quasi absolue pour relancer notre artisanat et lui faire connaître de nouveau le succès tant attendu.
La question qui se pose en guise de conclusion provisoire c'est pourquoi avons-nous attendu si longtemps pour découvrir que ce sont les produits du terroir (matériaux également) qui constituent la richesse de notre patrimoine matériel et immatériel.
L'invention ne pouvait pas être réalisé sous une forme seulement macroéconomique mais régionale et locale. L'anthropologie culturelle régionale révèle les découvertes sur les rapports entre l'homme, ses réponses, par rapport aussi bien au monde matériel que par rapport à ses réponses spirituelles, techniques et leur savoir faire privilégiés.
La connaissance des matériaux régionaux peuvent nous inciter à redécouvrir certaines pratiques pertinentes qui bien modernisés peuvent de nouveau répondre à des besoins nouveaux mais aussi à repanser nos blessures du matrimoine et à travers cela nous réconcilier avec notre histoire.
La halfa nous aide à redécouvrir Kasserine, Zaghouan, Gafsa, Kairouan… La pierre de Gabès, Gafsa, Kasserine… le bois Tozeur, Tabarka, le Sahel. L'argile Nabeul, Moknine…. Djerba, Gafsa… la laine Kairouan, Gafsa.
La matière première régionale lorsqu'elle est redécouverte et appréciée à sa juste valeur peut contribuer à une révalorisation réelle de nos richesses régionales et par extension de notre artisanat et de nos métiers d'art. La base du développement devrait de nouveau être régionale. C'est un choix incontournable.


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