En concertation avec Mustapha Ben Jaâfar, (président de la Constituante) et Hamadi Jebali, (chef du Gouvernement), le Président de la République décide, donc, de prolonger, dans un communiqué laconique, l'état d'urgence jusqu'à fin avril. L'approche est mi-figue, mi-raisin, ou, carrément, mitigée, à savoir qu'on enregistre, certes, des améliorations sur le plan sécuritaire, mais que dans certaines régions la sécurité donne encore des inquiétudes. C'est une politique sécuritaire au compte-gouttes. Et une direction bicéphale avec une dominante militaire même si le Général Ammar se fait voir de moins en moins et paraît même agacé par les superlatifs laudateurs dont l'ont drapé les Tunisiens (dans ce jeu, nous sommes habiles), aux mois de braise et du temps des couvre-feu problématiques sur le plan technique et logistique. L'armée ne regagnera pas, de sitôt, les casernes, mais il va falloir, quand même, négocier, de concert, ce dernier virage vers la stabilité sécuritaire. Rien de bon ne se fera si les anciennes mesures frontalières ne sont pas mises de nouveau en place. On ne pourra pas, vraiment, préserver l'invulnérabilité du territoire, si les dispositifs sécuritaires classiques (1er écran, l'armée ; 2ème écran, la garde nationale ; 3ème écran, la police) battent pour ainsi dire de l'aile aux frontières libyenne et algérienne. L'armée a, certes, eu un rôle humanitaire déterminant dans la gestion des campements des réfugiés. Mais, le fait est, qu'elle compte un nombre assez relatif de soldats, presque le même nombre, sinon moins que la police, et que, par ricochet, elle a aussi besoin de soutien et de collaboration plus étroite plus volontariste de la part de la police. On attend, justement, que celle-ci - diabolisée par Farhat Rajhi et les siens – se réengage dans la sécurité du pays. Ce mois de plus, décidé par Marzouki, pourrait, d'ailleurs, se révéler être insuffisant. Insuffisant, tant que police et armée continueront de se regarder comme des chiens de faïence, alors que l'Aqmi lorgne, aujourd'hui, et plus que jamais, du côté de chez nous.