En l'absence de preuves vraiment convaincantes, et face à des communiqués laconiques et exaltant plus la langue de bois que la vaillance de nos soldats et de nos forces de l'ordre, la rue tunisienne s'interroge. Le Premier ministre est en France. Le Président de la République reste dans son rôle formel… Qui garde la boutique ? Ceux qui la gardent depuis la fuite de Ben Ali : une Armée républicaine légaliste et forte de la haute compétitivité de ses hommes, comme le martyr, le colonel Tahar Ayari, bien plus, peut-être – ça se discute – de sa logistique. Des forces de l'ordre, toutes brigades confondues, imbues de patriotisme et du sens des sacrifices. Et des citoyens, des Tunisiennes et des Tunisiens capables de prendre à la gorge n'importe quel ogre terroriste. A qui profite le terrorisme ? Les Tunisiens savent qu'il existe des forces obscurantistes – internes ? externes ? – qui veulent détourner ce cheminement épique de l'histoire. A l'évidence, il ne profiterait qu'à ceux qui ne veulent pas d'une démocratie. Qu'à ceux qui ne conçoivent pas de lutte contre le terrorisme autrement que par le prétexte suprême, à savoir la dictature. Du coup, le délire cybernétique prend des proportions démesurées. Voilà qu'Ennahdha et Rached Ghannouchi – qui ont toujours dénoncé le terrorisme autant que la dictature – sont descendus en flamme. Il est vrai que nous invoquions, nous espérions, hier, jusqu'à la clôture une réaction d'Ennahdha. Mais, au fond, elle a peut-être raison : elle ne réagit pas à un délire de facebookers… Ni ne s'engage dans une position sans détenir des éléments concrets en main. Oui, le terrorisme a frappé. L'AQMI ? Possible ! Ce qui est sûr, c'est qu'Obama devrait bien comprendre que le terrorisme survivra à Ben Laden… Et que la Tunisie qui a rendu le Printemps arabe possible est, particulièrement, visée… Maintenant, si personne n'a compris que c'est bien elle la véritable force de frappe au Maghreb et au sein du monde arabe… eh bien, c'est autre chose.