• Pour la création d'un Conseil supérieur de l'Education Plus de deux millions d'élèves poursuivent leurs études dans notre pays (1 998 286 dans l'enseignement public et 79 867 dans le privé) selon les chiffres de l'année scolaire 2010-2011. En fait, la Tunisie a investi, depuis les années cinquante, dans le capital humain en généralisant l'éducation, ce qui lui a valu une bonne réputation à l'échelle mondiale. Mais avec les réformes introduites, au fil des années, le système éducatif s'est décliné: taux d'échec et d'abandon scolaire très élevé, régression de la qualité de la formation, incohérence des études avec la formation universitaire, inadéquation des programmes pédagogiques avec les exigences du marché de l'emploi…à cela s'ajoutent d'autres problèmes qui font que nos élèves ne reçoivent plus une formation de qualité. Nul ne peut nier que l'infrastructure fait défaut dans la quasi-totalité des établissements scolaires, sans oublier les phénomènes sociaux qui touchent négativement nos futures générations, dont la violence et les comportements à risque. Des comportements aux conséquences lourdes aussi bien sur les élèves que sur cette institution. En effet, enseignants, pédagogues, parents, élèves et administrateurs se mettent d'accord sur l'importance voire l'urgence à réformer le système éducatif lequel passe par une crise qualifiée de complexe et compliquée. La conférence nationale, tenue à la fin de la semaine dernière, à la banlieue nord de la capitale autour de cette question et qui a enregistré la présence de différents acteurs et spécialistes en la matière a dévoilé entre autres, les lacunes du système éducatif. Les participants ont été unanimes sur le fait que toutes les anciennes réformes n'ont pas été accomplies efficacement. Elles ont touché la forme, les lois en vigueur sans cibler de manière approfondie l'établissement scolaire. Ce dernier ne joue plus son rôle basé sur la formation des connaissances. Il existe d'ailleurs, un grand décalage entre l'état des lieux de ces établissements et le projet initial sur lequel se base l'éducation dans notre pays. Points faibles Par ailleurs, d'autres points faibles du système éducatif ont été identifiés. Très inquiets, les pédagogues et les enseignants s'alarment par rapport à la régression du rendement ainsi que de la faiblesse du niveau des apprenants, où l'on enregistre d'ailleurs, une évolution du taux d'échec, de redoublement et de l'abandon scolaire. Outre ces problèmes, l'école tunisienne est malade à cause des politiques adoptées notamment, dans le recrutement du cadre enseignant et son encadrement. Ces politiques ont longtemps négligé la qualité d'encadrement des enseignants, d'où des répercussions directes sur la formation des futures générations. Toujours dans le même d'ordre d'idées, un grand fossé a été constaté entre les établissements scolaires dans les différentes régions lequel s'amplifie davantage et touche aussi bien les résultats que la qualité du travail. Autres insuffisances Ce n'est pas tout. Notre école souffre d'autres insuffisances à savoir : l'inefficacité et la faiblesse de l'orientation scolaire et universitaire et l'incohérence entre les différentes phases d'études (le préscolaire, l'enseignement de base, le lycée et l'université). La propagation des phénomènes de la violence en milieu scolaire et de la fausse copie, l'inefficacité du système de discipline, basé sur la punition, et la régression de l'approche préventive sont parmi les points noirs que l'on relève dans le système de l'éducation en Tunisie. D'autres lacunes sont également mises en exergue par les différents spécialistes. Il est question notamment, de recul du niveau de la formation et de la maîtrise des langues ainsi que la surcharge au niveau des horaires et des matières apprises. Très malade, l'école tunisienne nécessite plus que jamais une attention particulière. La réforme envisagée dans ce sens doit se baser sur des approches bien étudiées tout en impliquant tous les acteurs concernés, enseignants, conseillers d'orientation, inspecteurs, parents, élèves, administrateurs, conseillers pédagogiques… « Il est essentiel que la réforme soit réalisée par des compétences et des spécialistes dans le domaine indépendamment des appartenances politiques et idéologiques », exigent les enseignants. Nombreux sont ceux d'ailleurs, qui appellent à la création d'une structure nationale indépendante qui veillera à la qualité de la formation dans les écoles et sa démocratisation. Il s'agit bel et bien du Conseil supérieur de l'éducation. Mais verra-t-il le jour ? Sana FARHAT