De Mustapha ZOUBEIDI - La leçon viendra-t-elle des plus humbles ? La sagesse émergera-t-elle de la base ? En ces temps où le football vit en Tunisie des jours incertains, où du nord au sud, la contestation n'a pas fini de meubler le paysage et où l'actualité se déroule au rythme infernal des pulsions populaires, un éclair d'espoir est venu comme un baume, apaiser nos inquiétudes. En ces temps où les clameurs font rage, des humbles de la base ont cru devoir faire entendre leur voix. A Mahdia, Samedi dernier, des clubs amateurs de tous bords n'ayant comme référence que leur anonymat, ont tenu informellement comme un conclave pour crier--tout bas--leur droit de vivre leur présent comme ils l'entendent et construire leur avenir tel qu'ils l'espèrent. Contrairement à leurs aînés qui constituent l'élite, et quoiqu'eux-mêmes ont dû souffrir des circonstances, ils ont répondu au rituel « dégage » en honorant des vétérans au nombre de quarante et justifiant d'une longue présence au service de leur club. Ne prétendant ni à des lauriers inaccessibles ni à une notoriété dépassant leur propre terroir, il leur a été, sans doute, plus facile d'adopter ce profil de sages en refusant le désordre qu'au nom de la révolution on a voulu leur imposer. Eléments essentiels de la base, ils viennent nous rassurer sur la fiabilité de sur quoi, demain, nous allons bâtir. Le signal qu'ils viennent de lancer au sommet de la pyramide est digne d'être entendu, compris et médité en temps utile. Pourquoi, alors en ces temps incertains, ne pas croire, en effet, que la sagesse ne soit pas plus contagieuse que la violence de la réaction impulsive, que la base soit plus capable de responsabilité effective et que la voix basse des anonymes de Mahdia ne puisse recouvrir les clameurs qui nous assourdissent. Si le conclave de Mahdia ne devra produire, en fin de compte, qu'un seul effet, celui de nous convaincre que notre base est encore saine pour construire, doit nous suffire.