Les représentants du Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) et de l'Instance nationale pour la réforme de l'information et de la communication (INRIC) ont boycotté les travaux de la Consultation nationale sur le cadre législatif du secteur de l'information, qui se sont ouverts hier au siège de l'ex-Chambre des conseillers. Ces deux structures qui sont les premières concernées par la consultation ont justifié la politique de la chaise vide qu'elles ont adoptée par le fait que le gouvernement a décidé d'organiser cette consultation de façon unilatérale. Dans un communiqué publié jeudi, l'INCRIC a demandé le report de consultation à laquelle elle a été invitée au début de cette semaine. «La décision unilatérale du gouvernement d'organiser cette consultation, sans concertation préalable et avant de prendre connaissance des conclusions de son rapport général, est une méconnaissance des efforts d'une instance nationale indépendante dont la mission est de contribuer à la réussite du processus démocratique », a souligné l'instance regroupant notamment des journalistes indépendants. Indiquant que l'organisation de cette consultation coïncide avec la date de la remise, aux trois présidents, du rapport général qu'elle est chargée de préparer, en vertu du décret-loi N°10-2011, l'INRIC estime que cette consultation « risque d'être infructueuse si elle se tient avant la publication du rapport général de l'Instance, qui est le fruit d'une année d'intenses activités, de visites sur le terrain, de conférences et de contacts avec des experts et des spécialistes en matière de réforme de l'information dans les pays démocratiques ». Au moment de l'ouverture de la conférence, les membres de l'instance Kamel Laâbidi, étaient reçus, au Palais de Carthage, par le président Moncef Marzouki, auquel ils ont remis leur rapport ! Retrait De son côté, le SNJT avait réclamé le report de la consultation et estimé que son ordre du jour doit être discuté au préalable entre les diverses parties concernées par la réforme des médias. Dès la séance d'ouverture de la consultation, qui a été présidée par le ministre de la Justice, Noureddine Bhiri, la directrice de la radio privée Kalima et l'opposante farouche au régime de Ben Ali , Sihem Bensedrine, s'est s'interrogé sur les raisons de l'absence des instances professionnelles concernées, notamment l'INRIC et le SNJT. «Les participants à cette consultation sur la réforme du secteur de l'information ne représentent qu'une partie de la scène médiatique tunisienne », a-t-elle noté. Mme Ben Sedrine, qui est par ailleurs présidente du Centre de Tunis pour la justice transitionnelle, a dénoncé « la participation aux travaux de certains ex-propagandistes de Ben Ali, dont Ridha Mellouli et Mohamed Hamdène, ancien directeur de l'Institut de presse et des sciences de l'Informations (IPSI) », avant de quitter la salle en salle en signe de protestation contre « une tentative de blanchir et de recycler les anciens serviteurs de Ben Ali» Pour sa part, le représentant du Syndicat pour la culture et l'information, rattaché à de l'Union générale tunisienne du travail (UGTT), s'est retiré de la réunion décidée, selon lui, «à la va-vite et unilatéralement par le gouvernement ». En réponse aux critiques de Mme Ben Sedrine, le ministre de la Justice a justifié la présence « des figures de l'ancien régime par la nécessité de faire participer toutes les parties au débat ». La consultation dont les travaux s'étaleront sur deux jours et qui se tient dans une ambiance marquée par des tensions entre le pouvoir et les professionnels des médias doit notamment apporter des amendements aux décrets -loi 115 et 116 régissant le secteur des médias. «Les décrets-lois n° 115 et 116 nécessitent des amendements avant qu'ils n'entrent en application», avait annoncé récemment Ameur Laârayedh, membre du bureau exécutif d'Ennahdha et élu à l'Assemblée nationale constituante.